La semaine du Développement Durable aura lieu du 1er au 7 avril cette année, l’occasion pour nous de faire un point sur la gestion de l’environnement dans le secteur agroalimentaire.
Parmi les premières préoccupations des industriels, les dépenses d’investissement antipollution des entreprises agroalimentaires ont fait l’objet ce mois-ci d’une étude complète d’Agreste (n°257). Les conclusions de cette enquête sont nombreuses.
Tout d’abord, le total des investissements antipollution réalisés annuellement par les industries agroalimentaires de 20 salariés et plus a varié entre 127 et 185 millions d’euros entre 2005 et 2009, soit 159 millions d’euros en moyenne. Cela représente un investissement environnemental moyen par entreprise de 148 000 euros.
Agreste note également une cyclicité marquée des investissements : pour les grands établissements (plus de 200 salariés), le recul des investissements observé sur une année donnée est suivi par un mouvement de reprise l’année suivante. En revanche, les petits établissements (20 à 99 salariés) voient la période de ce cycle passer à deux ans, leur capacité de financement plus réduite impliquant nécessairement d’espacer ou d’étaler davantage ces investissements.
Autre enseignement, les petites et moyennes entreprises investissent de plus en plus fréquemment sur des systèmes antipollution, et ce aussi bien sur des investissements spécifiques entièrement dédiés à la protection de l’environnement que sur des investissements intégrés liés à l’achat d’équipements de production plus performants en matière environnementale. Même si l’investissement croît avec la taille de l’établissement, ramené au nombre de salarié, il est plus faible pour ces mêmes grands établissements (2,8 fois plus élevé pour les petites unités que pour les plus grosses, soit 1 687 euros par salarié contre 610).
Cependant, l’enquête montre que les établissements de plus de 100 salariés ont toujours un temps d’avance sur les autres : l’effort d’investissement réalisé sur une année donnée dans un domaine particulier est repris l’année suivante par les petits établissements. De même, les gros établissements appliquent plus rapidement les nouvelles normes antipollution.
Sans surprise, toutes tailles d’établissements confondues, c’est évidemment les eaux usées qui sont le premier poste d’investissement représentant de 42 à 55% du total selon les années, l’industrie agroalimentaire étant grande consommatrice d’eau (lavage des matières premières, traitement industriel, nettoyage des équipements de production). Vient ensuite la préservation de la qualité de l’air (20 à 35% des dépenses), domaine en pleine expansion lors des années de fort niveau d’investissement (2006 et 2008).
Enfin, l’enquête Agreste pointe du doigt une orientation marquée des investissements en fonction de l’activité des établissements. Bien que tous les secteurs soient concernés par la construction d’installations nécessaires au traitement des eaux usées, ce sont les industries de la viande et du poisson qui orientent majoritairement leurs efforts dans ce domaine.
D’autre part, l’industrie sucrière et celle de l’alimentation animale consacrent leurs efforts dans des installations et équipements de lutte contre les substances polluantes rejetées dans l’air et la limitation des gaz à effet de serre.
La réduction du bruit et des vibrations est une préoccupation plutôt réservée aux petits établissements, en particulier dans le travail des grains, la boulangerie-pâtisserie industrielle et l’alimentation animale.
L’industrie des boissons répartit ses investissements entre les différents domaines, avec une orientation prononcée vers la protection des sols et des eaux souterraines et de surface.
L’industrie des corps gras, des fruits et légumes, du travail des grains et de la fabrication de produits amylacés n’a pas d’orientation dominante en matière de protection de l’environnement.
Dernier enseignement de l’étude, la gestion des déchets est une préoccupation qui s’est assez fortement développée ces dernières années.
Enfin, preuve que le secteur agroalimentaire se penche de plus en plus sur les questions relatives à l’environnement, la liste des entreprises retenues pour expérimenter l’affichage environnemental, dévoilée le 8 mars dernier par Nathalie Kosciusko-Morizet, Ministre de l’Ecologie, du Développement durable, des Transports et du Logement, comptait 42% de projets soutenus par le secteur de l’agroalimentaire. Initialement prévue au 1er janvier 2011, la généralisation de l’affichage (ou étiquetage) environnemental des produits a été conditionnée à la réussite de cette expérimentation nationale d’un an dans le cadre de la loi Grenelle 2. L’enjeu de ce test grandeur nature qui concernera environ 1 000 produits est clair : afficher le « prix écologique » des produits à côté de leur prix commercial. Indicateur explicite, 42% des projets sélectionnés sont soutenus par le secteur de l’agroalimentaire.
Et ce pourcentage est révélateur d’une tendance plus profonde : les entreprises agroalimentaires s’intéressent de plus en plus à leurs résultats et à leur communication environnementale. Et la sortie en novembre dernier de la norme ISO 26 000 sur la responsabilité sociétale des organisations n’y est pas étrangère… G.T.