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Les Petites et Moyennes Entreprises (PME) ainsi que les Entreprises de Taille Intermédiaire (ETI) du secteur alimentaire en France se trouvent actuellement à la croisée de multiples défis cruciaux. Ces défis combinés soulignent la nécessité pour les entreprises du secteur agroalimentaire de mettre en place des stratégies robustes, innovantes et adaptatives pour assurer leur durabilité et leur réussite à long terme, pouvant impliquer des investissements dans la technologie, la formation du personnel, des partenariats stratégiques ou encore des initiatives de développement durable…
Dans un environnement économique dynamique et en constante évolution, ces acteurs clés de l’industrie agroalimentaire sont ainsi confrontés à des enjeux variés allant de la décarbonation des procédés industriels aux contraintes financières, en passant par les pressions du marché et les défis liés au recrutement.
La nécessité d’innover, de s’adapter aux évolutions technologiques, et de répondre aux exigences croissantes de durabilité et de qualité constitue un terrain complexe pour ces entreprises plongées dans un monde économique en perpétuelle mutation. Elles savent que l’adaptabilité et la transformation deviennent des impératifs pour assurer la compétitivité de leur entreprise.
Les nouveaux enjeux des PME et ETI françaises de l’alimentation
Se faire accompagner efficacement dans le processus de transformation est donc devenu une nécessité incontournable pour garantir un succès à long terme. L’étude exclusive réalisée par le cabinet de conseil en stratégie Roland Berger pour l’ADEPALE met en lumière les défis et enjeux cruciaux auxquels font face les PME et ETI françaises de l’alimentationn pointant les implications de ces enjeux sur la viabilité et la compétitivité de ces acteurs essentiels de l’économie française.
De l’accompagnement des entreprises, aux opportunités qui se présentent à travers les changements, et les stratégies nécessaires pour assurer la compétitivité dans un environnement commercial en constante évolution ; De la transformation digitale à l’innovation organisationnelle, cette étude apporte des éclairages pour permettre aux entreprises de prospérer dans un paysage économique dynamique et exigeant.
Ces entreprises, au nombre de 3 000 en France, jouent un rôle majeur dans l’économie nationale, représentant 57 % du chiffre d’affaires (112 milliards d’euros) et 64 % de l’emploi (286 000 salariés) de l’industrie agroalimentaire française. La souveraineté alimentaire et industrielle, ainsi que les transitions alimentaires, environnementales et sociales, sont au cœur des préoccupations actuelles, comme le souligne le lancement du programme “ETIncelles” par le gouvernement et la réflexion “Horizon Agroalimentaire 2040”.
Dans ce contexte, l’étude identifie plusieurs défis auxquels sont confrontées les PME et ETI, notamment les risques liés aux chaînes d’approvisionnement, les pressions de la grande distribution et de la restauration, les difficultés de recrutement, et les contraintes liées au changement climatique.
Concernant la décarbonation et investissements, les PME et ETI de l’industrie agroalimentaire doivent faire face à un “mur d’investissements” de 15 milliards d’euros d’ici 2050 pour la décarbonation. La modernisation de l’appareil productif et l’adaptation aux avancées technologiques représentent des défis supplémentaires. Par ailleurs, les entreprises ont des moyens financiers limités, avec un taux d’endettement supérieur à celui des grands groupes et un accès restreint au capital. Malgré des taux d’investissement plus élevés, elles peinent à s’autofinancer. Le recrutement est également devenu un défi majeur, avec 62 % des projets de recrutement qualifiés de “difficiles” en 2023. Les horaires étendus, le manque de flexibilité, le déficit d’image et la rémunération moins attractive sont autant de freins aux vocations. Les pressions du marché et l’érosion des marges font également partie des enjeux et défis. La France voit sa part dans la production européenne d’aliments transformés décliner. Les PME et ETI de l’alimentation ont du mal à préserver leurs marges, notamment en raison du déséquilibre du rapport de force avec la grande distribution. Enfin, les politiques publiques actuelles présentent des lacunes dans leur adaptation aux besoins et contraintes spécifiques des PME et ETI. Les soutiens disponibles sont parfois difficiles d’accès pour ces entreprises.
Les 10 propositions pour répondre aux défis et enjeux
Pour répondre à ces enjeux et défis, L’ADEPALE, en tant qu’association dédiée à la défense des PME et ETI françaises de l’alimentation, a élaboré 10 propositions visant à accompagner efficacement ces entreprises dans leurs transformations et à assurer leur compétitivité. Des propositions qui reflètent la nécessité d’une mobilisation collective et d’un soutien public bien calibré.
Ainsi, l’ADEPALE propose une gouvernance et un pilotage dédiés avec la création d’une instance de pilotage dédiée à l’agroalimentaire au sein de l’État. L’établissement d’une structure spécifique au sein du gouvernement permettra une coordination plus efficace des politiques visant à soutenir l’industrie agroalimentaire. La nomination d’un interlocuteur ministériel unique pour l’IAA afin d’améliorer la communication et la collaboration, la désignation d’un interlocuteur ministériel unique facilitera les échanges entre le gouvernement et les entreprises du secteur.
Et le renforcement de la représentation des PME et ETI au sein des instances de concertation avec l’intégration accrue des voix des petites et moyennes entreprises dans les décisions stratégiques garantira une meilleure prise en compte de leurs besoins spécifiques.
Seconde proposition, l’ADEPALE propose la concrétisation du fonds public/privé IAA et une finalisation de la concertation pour définir les objectifs et la gouvernance du fonds. «La définition claire des objectifs et des mécanismes de gouvernance du fonds permettra son lancement en conformité avec les besoins réels de l’industrie » souligne l’ADEPALE qui propose le lancement du fonds au 1er semestre 2024. Un calendrier précis garantit la disponibilité rapide des ressources financières nécessaires. La mise en place d’un comité de pilotage associant experts, fédérations professionnelles et pouvoirs publics avec la création d’une structure de gouvernance multipartite assurera une gestion équilibrée des fonds et favorisera la transparence.
Troisième proposition de l’ADEPALE, la création d’un fonds de soutien à la décarbonation avec la création d’un comité de suivi avec les représentants de la filière. «La mise en place d’un comité de suivi garantira une allocation efficace des ressources en fonction des besoins spécifiques de chaque segment de l’industrie», estime l’association. Concernant la répartition du fonds à 90% sous forme de subventions (opéré par BPI), 10% en financement de crédit d’ingénierie (opéré par l’ADEME) : La combinaison de subventions et de financement de crédit d’ingénierie offre une approche flexible pour soutenir les projets de décarbonation. Enfin, l’ADEPALE suggère un dépôt de dossier avec 4 vagues d’appels à projets par an et approche régionalisée. Un processus régulier et régionalisé qui encouragerait la participation continue et la prise en compte des spécificités locales.
La quatrièrement proposition porte sur l’élaboration d’une liste “French Food PME/ETI” avec la création d’un comité consultatif dédié afin de garantir une évaluation impartiale des entreprises éligibles à la liste. Un processus de sélection transparent permettra d’inclure des critères de pérennité d’entreprise, potentiel de croissance, impact sur le patrimoine, et capacité à innover : « Des critères clairs et objectifs assurent l’inclusion des entreprises les plus méritantes et novatrices ».
L’objectif est de donner accès aux entreprises sélectionnées à des financements adaptés, et programmes sur mesure d’accompagnement. Les entreprises retenues bénéficieront ainsi d’un soutien financier approprié et de programmes d’accompagnement adaptés à leurs besoins.
La cinquième proposition porte sur la modulation des subventions selon les spécificités des secteurs. Avec la poursuite des travaux pour la simplification des appels d’offres. « Simplifier les processus administratifs encouragera la participation des entreprises et facilitera l’accès aux subventions ». Une mission de préfiguration d’un dispositif devrait permettre de moduler les taux de subventionnement en fonction des capacités d’investissement des secteurs : La mise en place d’un mécanisme de modulation garantit une allocation équitable des ressources en tenant compte des disparités sectorielles.
L’ADEPALE propose la régionalisation du Plan France 2030 avec le développement d’un “fast-track” pour l’agrandissement et le développement des sites de production via l’introduction d’une voie rapide qui facilitera la croissance des entreprises en éliminant les obstacles administratifs.
Mise en place d’une Task Force “International” au sein du ministère
L’association suggère l’élargissement du mandat de la Commission interministérielle avec une commission interministérielle élargie favorisera la coordination des politiques de développement économique régional ainsi que la promotion de la nomination de commissaires au redressement productif et coordination des politiques de développement économique régional. La nomination de commissaires spécialisés devra renforcer la mise en œuvre efficace du Plan France 2030 au niveau régional.
La septième proposition porte sur l’adaptation et le développement des compétences avec l’unification et simplification des soutiens existants d’aide à l’embauche. La simplification des dispositifs actuels aura pour but de faciliter l’accès des entreprises aux incitations à l’embauche. Enfin, elle invite à la levée des freins à la mobilité des salariés avec l’élimination des obstacles à la mobilité encouragera la flexibilité du marché du travail.
L’ADEPALE suggère l’augmentation du nombre de volontariats territoriaux en entreprises, indiquant qu’un accroissement des programmes de volontariat renforcera les liens entre les entreprises et les travailleurs locaux. Enfin, afin de faciliter le recours à la main-d’œuvre étrangère, la facilitation des processus d’embauche international devrait résoudre les problèmes de recrutement.
Dans cette proposition, il est également question de la campagne de communication grand public sur les métiers des industries alimentaires avec une campagne de sensibilisation pour renforcer l’attrait des carrières dans l’industrie alimentaire. La réaffectation d’une partie de la contribution unique à la formation professionnelle est également à l’ordre du jour avec la réaffectation des ressources contribuera au financement de la formation continue des travailleurs du secteur.
Dans sa 8e proposition, l’ADEPALE propose un renforcement de la coopération entre PME/ETI, recherche scientifique et enseignement supérieur avec un soutien au lancement de plateformes de recherche et d’innovation. Selon l’association, le soutien financier aux initiatives de recherche favorisera l’innovation dans le secteur. Cette dernière propose également l’extension du Crédit Impôt Recherche (CIR) aux PME et ETI de l’IAA. L’extension du CIR devrait ainsi encourager la recherche et le développement au sein des PME et ETI. Il est également de la collaboration entre entreprises et établissements de recherche, notamment par la création de chaires de recherche partenariale avec la création de chaires de recherche qui renforcera les liens entre les entreprises et les établissements de recherche.
Le soutien à l’export et accès simplifié aux marchés extérieurs fait également partie des propositions de l’ADEPALE qui invite à une mise en place d’une Task Force “International” au sein du ministère. « La création d’une Task Force dédiée simplifiera les procédures et accélérera les démarches d’exportation » souligne l’association. Avec la mise à disposition de compétences sectorielles, la mise à disposition d’experts facilitera la compréhension des marchés internationaux et des spécificités sectorielles. Enfin, pour le renforcement des financements export, un soutien financier accru facilitera la pénétration des marchés étrangers.
L’ADEPALE souhaite encourager l’appui au développement de projets à l’international qui devrait renforcer la compétitivité des entreprises françaises à l’échelle mondiale. La dernière proposition de l’ADEPALE porte sur la facilitation des relations avec la grande distribution. L’ADEPALE propose un renforcement des missions de contrôle et de régulation par la DGCCRF. «Un renforcement des contrôles garantira le respect des règles et protégera les intérêts des PME et ETI », indique l’association qui souhaite une identification des pratiques déloyales afin de favoriser des relations plus équitables entre les producteurs et les distributeurs.
L’ADEPALE propose également la création d’une médiation spécifique afin de résoudra les litiges de manière « efficace et équitable ». Enfin, elle invite à l’élaboration d’un code de bonnes pratiques afin de favoriser des relations commerciales équilibrées et transparentes ; ainsi qu’un élargissement du champ des indicateurs de suivi des relations commerciales qui devrait permettre une évaluation approfondie des interactions entre les acteurs de la chaîne alimentaire.
(Source : Étude Roland Berger pour l’ADEPALE)