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L’innovation en Europe stimulée par les amandes

En France, 28 000 tonnes d’amandons sont consommées chaque année. 300 sont produites en France, dont seulement 100 tonnes sont composées d’amandes biologiques.

En début d’année, La Compagnie des Amandes, présidée par Arnaud Montebourg, battait un record avec un million d’euros levé en moins d’une heure sur la plateforme de financement responsable LITA.co. Il s’agissait de l’émission d’obligations non convertibles, rémunérées 8% par an et remboursées dans 6 ans, lorsque les premiers vergers d’amandes auraient atteint leur maturité. La Compagnie des Amandes a eu 1,8 M € d’intentions de souscription, et les obligations émises ont été souscrites par 312 investisseurs avec un ticket moyen de 3200€. Au mois d’août, La Compagnie des Amandes a ouvert à l’ensemble des producteurs français une nouvelle casserie d’amandes sur une surface de 7400 m².

Beaucoup d’amandes françaises cassées en Espagne

En effet, alors que la production française augmente, les vergers plantés arrivant progressivement à maturité, les casseries actuelles ne suffisent plus à couvrir les besoins et beaucoup d’amandes françaises sont cassées en Espagne. Ce nouvel outil de transformation sera opérationnel pour la récolte 2023, qui devrait dépasser les 3 000 tonnes d’amandes en coques d’après une étude de France Amande réalisée en décembre 2019. Cette casserie est conçue comme un outil collectif, au service de toute la filière et sans considération géographique puisque les tarifs intègrent la collecte de la récolte dans les vergers.

Les amandes, un ingrédient qui correspond à de nombreux besoins

Parallèlement, cette année, parmi les tendances clés qui façonneraient le développement du secteur alimentaire tout au long de l’année, Innova Market Insights expliquait : «La croissance des produits végétaux a explosé, et la transparence est devenue de plus en plus importante pour les consommateurs. Ils souhaitent non seulement savoir de quoi sont composés leurs produits, mais aussi quels bienfaits ont les ingrédients, d’où ils viennent». Selon Lu Ann Williams, Directrice de l’Innovation chez Innova Market Insights, les amandes font partie de ces tendances clés, étant un ingrédient qui peut correspondre à de nombreux besoins nutritionnels. D. Roffe-Rackind explique : «L’aspect sain des amandes leur permet de s’adapter à de nombreux choix alimentaires et d’habitude. L’amande est l’un des aliments qui fait l’objet du plus grand nombre de recherches. Il existe plus de 180 études sur le rôle qu’elle peut jouer dans la santé cardiaque, la gestion du diabète, la gestion du poids et la santé de la peau, pour n’en citer que quelques-uns, ce qui en fait un ingrédient dont les consommateurs, et donc les producteurs, peuvent être sûrs qu’il aura des bienfaits sur la santé». 

Les amandes présentes dans près de 6000 lancements en 2020

Pour la sixième année consécutive, les amandes s’imposent comme le fruit à coque le plus utilisé dans les lancements de nouveaux produits selon le rapport Global New Product Introductions 2020 d’Innova Market Insights. Ainsi, les amandes continuent de stimuler l’innovation en Europe. Elles ont l’avantage de pouvoir être utilisées dans de nombreuses catégories de produits. Ainsi, selon les dernières données de ce rapport, les amandes ont conservé leur place de leader en tant que fruit à coque le plus fréquemment utilisé dans les nouveaux produits lancés en Europe en 2020 puisqu’elles figurent dans près de 6 000 lancements, soit une augmentation de 7,5% par rapport à 2019.  «L’Europe est également en tête à l’échelle mondiale puisqu’elle détient 47,8% de la part de marché des lancements de nouveaux produits à base d’amandes dans le monde», souligne Innova Market Insights. 

Les résultats de l’étude démontrent que la polyvalence des amandes a joué un rôle déterminant dans leur popularité en Europe, les consommateurs étant à la recherche d’aliments sains et nutritifs qui correspondent à leur mode de vie. Elles sont en effet numéro un dans de nombreuses catégories de produits comme celle des en-cas, des barres, des céréales et des produits laitiers. 

Une croissance de 7% dans les produits laitiers

Pour la première fois, les produits laitiers figurent parmi les cinq plus importantes catégories dans lesquelles le nombre de produits à base d’amandes a été lancé. Les lancements de produits à base d’amandes dans cette catégorie ont en effet connu une croissance de 7% par rapport à l’année précédente. Et cela ne concerne pas uniquement l’Europe puisque le rapport révèle que les amandes sont le fruit à coque le plus fréquemment utilisé dans les produits laitiers à l’échelle mondiale. 

Le rapport indique également que l’Europe est la région du monde détenant le plus grand nombre de lancements de produits à base d’amandes dans la catégorie des confiseries, des en-cas, de la pâtisserie-boulangerie, des barres, des produits laitiers et des céréales. Parmi les dix principaux pays, six sont en Europe dont l’Allemagne, la France et le Royaume-Uni. «Nous avons traversé une année sans précédent en 2020 à cause des perturbations qu’a connues le secteur agroalimentaire en raison du Covid-19. Néanmoins, les développeurs de produits alimentaires doivent être encouragés par la polyvalence des amandes qui permettent de répondre aux attentes croissantes des clients en termes d’alimentation et permet de satisfaire leurs besoins en matière de santé et de mode de vie. Les amandes peuvent être formulées de différentes façons : farine d’amandes ou beurre d’amandes notamment. Elles peuvent ainsi être utilisées dans différentes catégories de produits, ce qui contribue à leur importante utilisation en Europe, région qui représente près de 50% des lancements de produits à base d’amandes dans le monde », témoigne Lu Ann Williams, Directrice de l’innovation chez Innova Market Insights. 

Leurs bienfaits pour la santé sont également un autre argument pour stimuler le lancement de nouveaux produits à base d’amandes, notamment en France. Les principales allégations utilisées pour les produits à base d’amandes sont «Biologique» (37,9%), suivie des mentions «Sans conservateurs ni additifs» (18,1%) et «Sans gluten» (18%), toutes deux à la deuxième place, suivies de «(Importante) source de fibres» à la troisième place (17,9%). Ce qui démontre la volonté des fabricants de continuer à répondre à la demande croissante de transparence des consommateurs, ainsi que d’aliments sains.  La popularité croissante des produits végétaux se reflète également dans les données du rapport, puisque l’aspect végan est également mis en avant dans 15,7% des nouveaux produits à base d’amandes qui sont lancés. «Nous sommes ravis de constater que les amandes demeurent un ingrédient populaire grâce à leur polyvalence et à leur apport nutritionnel, même en cette période inédite», déclare Dariela Roffe-Rackind, Directrice, Relations publiques Europe et Monde de la Collective des amandes de Californie. «Les consommateurs continuent de prioriser leur santé et sont toujours plus exigeants vis-à-vis de ce qu’ils mangent. Les fabricants utilisent les amandes de façon de plus en plus innovante pour répondre à cette demande et nous avons hâte de découvrir comment les amandes peuvent aider les développeurs de produits à trouver de nouvelles opportunités d’innovation». 

Les amandes de Californie sont des amandes entières, naturelles et de qualité. La Collective des amandes de Californie assure la promotion des amandes en adoptant une approche fondée sur la recherche de tous les aspects du marketing, de l’agriculture et de la production au nom des plus de 7 600 producteurs et transformateurs d’amandes de Californie, dont la plupart sont des exploitations familiales multigénérationnelles. Créée en 1950 et basée à Modesto, en Californie, la Collective des amandes de Californie est un organisme non lucratif qui gère l’Office Fédéral des Producteurs d’Amandes (Federal Marketing Order), sous la supervision du Ministère de l’Agriculture des États-Unis. 

L’amande biologique revient en France

“En France, 28 000 tonnes d’amandons sont consommées chaque année. 300 sont produites en France, dont seulement 100 tonnes sont composées d’amandes biologiques. Les raisons de cette difficulté à produire de l’amande biologique dans notre pays s’expliquent par la présence de l’Eurytoma amygdali, une guêpe qui pond dans les jeunes amandes», explique Ecotone, leader européen de l’alimentation bio, végétarienne, et équitable en Europe. Ecotone a pour mission de nourrir la biodiversité, à travers des marques fortes et engagées telles que Allos, Alter Eco, Bjorg, Bonneterre, Clipper, Destination, Danival, El Granero, Isola Bio, Kallø, Whole Earth et Zonnatura. En 2019, elle est la 1ère entreprise européenne alimentaire à décrocher la certification B Corp. Sa famille d’entreprises est présente dans 6 pays européens et a basé son siège près de Lyon. Ecotone emploie 1600 personnes et a réalisé en 2020 un chiffre d’affaires de 700 millions d’euros. À travers sa Fondation, l’entreprise soutient des projets de restauration et de conservation des écosystèmes. La fondation d’entreprise Ecotone soutient ainsi le projet Elzéard qui a vocation à trouver des solutions agricoles durables pour éradiquer ce fléau, et permettre enfin la renaissance de la filière. 

L’opération Elzéard est née de la rencontre entre la Fondation Ecotone, qui promeut des projets de restauration et de conservation des écosystèmes, et des acteurs engagés auprès des agriculteurs pour une production locale et de qualité. Ainsi, la Fondation Ecotone, la Communauté de communes Vallée des Baux-Alpilles, la Chambre d’Agriculture des Bouches-du-Rhône et le Groupe de Recherche en Agriculture Biologique (Grab) se sont réunis en un partenariat public-privé sur ce projet. 

L’Eurytoma amygdali, un fléau pour la filière

Le projet s’inscrit dans un contexte de fort développement de la culture de l’amandier dans le sud de la France. La conduite en agriculture biologique de l’amandier reste néanmoins un enjeu technique important, en raison des nuisances de certains ravageurs et maladies comme l’Eurytoma amygdali, une guêpe venue du Proche-Orient. Celle-ci a la particularité de pondre dans les jeunes amandes, qui deviennent le garde-manger de l’espèce, empêchant son développement et décimant jusqu’à 80% d’une récolte. Le projet consiste ainsi avant tout en une expérimentation pour trouver des solutions techniques agricoles durables à ce problème, et mettre au point des stratégies innovantes de protection du verger pour rendre possible la production d’amandes bio en France. 

Objectif : planter une autre amanderaie dès 2024 

Nommé Elzéard en référence au héros de la nouvelle L’homme qui plantait des arbres de Jean Giono, l’opération démarre en 2021 sur les terres de l’agricultrice Agnès Benoît. 710 arbres de 2 variétés différentes y ont été plantés via deux procédés. Un de type agriculture biologique traditionnelle selon toutes les techniques connues, l’autre de type « innovation » en modifiant profondément les schémas de plantation actuels et en intégrant de nouveaux leviers, notamment la pose d’un filet Alt’insectes. Ces 2 vergers pilotes AMELIE (nom provençal de l’amandier) feront l’objet à la fois d’un diagnostic agroenvironnemental pour en évaluer l’empreinte écologique, mais aussi d’une analyse globale quant à leurs performances et d’une étude nutritionnelle sur les amandes issues des variétés plantées. 

La finalité à moyen terme pour les acteurs du projet est de pouvoir, dès 2024, planter une amanderaie « 2ème génération » issus de choix variétaux innovants et de mettre les solutions trouvées en « open source » pour nourrir la recherche et partager les connaissances. Dans cette perspective, le projet s’appuie sur quatre grands axes majeurs : agronomique : activer les leviers techniques pour la production d’amandes bio en France ; environnemental : proposer un modèle systémique de culture durable et rentable pour l’amandier ; nutritionnel : démontrer la valeur ajoutée de l’amande bio française ; et territorial et social : valider la faisabilité de l’amandiculture bio en tant que prototype de l’arboriculture bio sur un territoire d’exception, vitrine de la transition agroécologique française. Pour Émilie Lowenbach, Présidente de la fondation Ecotone et directrice RSE d’Ecotone : “Protéger et promouvoir la biodiversité végétale est un des grands enjeux de ce siècle. Innovation agroécologique, alliance d’acteurs publics et privés, ancrage local, ce projet incarne parfaitement la dynamique que nous souhaitons voir naître partout en Europe. Nous sommes fière-e-s à la Fondation Ecotone de soutenir des projets qui contribuent à faire croître la biodiversité à travers l’alimentation.”  “Si l’enjeu technique est grand, nous sommes confiants sur l’implication des producteurs à nos côtés, sur l’évolution des pratiques favorables à la biodiversité, et sur la réussite de ce projet indispensable à la filière”, indique quant à lui François Warlop, agronome et expérimentateur en arboriculture au sein du Groupe de Recherche en Agriculture Biologique (GRAB). 

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