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Crise sanitaire, Transition écologique et environnementale, reconquête de parts de marché à l’export, nouvelles attentes des consommateurs, modernisation de son potentiel industriel, révolution numérique, adaptation des compétences, attractivité des métiers…, en cette période de relance de l’activité, alors que nous sommes encore face à une crise sanitaire, économique et sociale, qui a complètement bousculé les repères, le secteur de l’industrie agroalimentaire se retrouve confronté à de nombreux enjeux et doit relever de très nombreux défis conjoncturels et structurels.
L’occasion de faire un tour d’horizon des industries agroalimentaires en France, via un panorama réalisé tous les deux ans par le ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation. Avec plus de 15 000 entreprises et 460 000 emplois, le premier secteur industriel français, un des secteurs clé de notre économie, possède une grande diversité qui compte des multinationales implantées dans le monde entier, mais aussi 98% de TPE/PME. Les entreprises agroalimentaires sont le premier employeur industriel en France de la petite entreprise familiale au grand groupe mondialisé. Elles transforment en denrées alimentaires 70% des productions végétales et animales françaises issues de l’agriculture, de l’élevage ou de la pêche.
«La crise du Covid-19 a remis en exergue l’importance de ces filières et l’engagement de leurs acteurs (…). Les entreprises agroalimentaires sont un des maillons essentiels de la chaîne pour assurer un approvisionnement en produits sains, sûrs et durables répondant aux attentes des consommateurs et assurant un débouché rémunérateur aux producteurs» écrit dans l’édito de ce panorama, Julien Denormandie, Ministre de l’Agriculture et de l’Alimentation.
«En cette période de crise, le secteur de l’industrie agroalimentaire doit relever de très nombreux défis : assurer une juste répartition de la valeur afin de sécuriser ses approvisionnements, relever la transition écologique et environnementale, reconquérir des parts de marché à l’export, répondre aux nouvelles attentes des consommateurs, moderniser son potentiel industriel, intégrer la révolution numérique, adapter ses compétences, rendre attractif ses métiers» rappelle le ministre.
L’agroalimentaire, un des secteurs essentiels dans le plan France relance
L’agriculture et l’industrie agroalimentaire font partie des secteurs prioritaires dans les travaux du Pacte productif. Plusieurs mesures de France relance visent ainsi directement à redonner au secteur agroalimentaire les bases d’une croissance durable. Parmi elles, le plan de modernisation des abattoirs, le plan de structuration des filières protéines végétales, l’appel à projets «structuration des filières agricoles et agroalimentaires » ; un soutien massif aux Projets alimentaires territoriaux. Le secteur agroalimentaire bénéficie également fortement de plusieurs mesures transversales telles que les mesures en faveur de la décarbonation ; les mesures en faveur du numérique, du conseil, de la logistique etc. La quatrième génération du Programme d’investissements d’avenir (PIA4) vise à consolider les positions françaises en matière d’innovation. En parallèle, le Plan stratégique 2018-2022 pour le développement des exportations et l’internationalisation des filières agricoles, agroalimentaires, forêt-bois et des produits biosourcés, a mis en place de nouveaux outils pour un accompagnement plus efficace des entreprises à l’international.
Les conséquences de la crise du Covid-19 sur le secteur agroalimentaire
Même si les entreprises agroalimentaires françaises, et plus généralement tous les acteurs de la chaîne alimentaire, ont démontré leur capacité d’adaptation pour répondre aux besoins alimentaires, ces dernières ont, elles aussi, été durement frappées par le ralentissement global de l’économie. Selon les enquêtes de l’ANIA, plus de 70% d’entre elles ont affiché pendant la crise une baisse de chiffre d’affaires qui a été supérieure à 50% dans 22% des cas. Parmi les secteurs les plus touchés, nous retrouvons les secteurs de l’épicerie sucrée, des boissons, certaines industries de la viande et des produits laitiers. Les entreprises dont les débouchés principaux sont la restauration hors-domicile et l’export ont elles aussi été fortement impactées.
En cause, des changements dans les comportements de consommation et des enjeux d’ordre logistique (réduction des assortiments, fermeture de certains rayons). «À titre d’exemple, l’industrie laitière a été mise à mal par une réduction de la consommation de fromages (fermeture de la RHD, fermeture des rayons à la coupe, perte de débouchés à l’export) qui a, de fait, restreint les possibilités de transformation de sa production. La consommation de produits de base tels que la farine a également nécessité des ajustements dans la production» est-il précisé dans ce panorama.
Des coûts de production, en augmentation de 3 à 16%
Les coûts de production, en augmentation de 3 à 16%, ont également entaché les capacités du secteur. «La hausse des prix des matières premières, des emballages, des transports, de la maintenance et des équipements de protection des salariés sont autant de postes ayant participé à cette envolée des coûts et à la baisse de la rentabilité des IAA. Par ailleurs, il ne faut pas négliger l’impact de la crise sur les chaînes logistiques. 40% des entreprises ont déclaré rencontrer des difficultés d’approvisionnement en emballages et matières premières agricoles», expliquent les rédacteurs du Panorama des IAA.
La chaîne alimentaire française a tenu bon face à la crise
Si les difficultés ont été fortes et la rentabilité des entreprises impactée, malgré une baisse globale d’activité, la production s’est poursuivie dans la plupart des entreprises agroalimentaires. «L’absentéisme a été globalement limité et souvent compensé par la solidarité dont ont fait preuve les salariés et dirigeants d’entreprises du secteur. Une modularité a pu être retrouvée dans les stratégies d’adaptation des outils de production adoptées par certaines entreprises, qui ont su orienter leur production pour répondre à l’évolution de la demande. C’est par exemple le cas de distilleries, qui ont su mettre à profit leur savoir-faire et leur outil productif pour appro- visionner les hôpitaux en gels hydroalcooliques» souligne le rapport.
À l’échelle de la France, les changements dans les flux commerciaux internationaux se sont faits au profit de produits d’origine France. Les grandes et moyennes surfaces (GMS) ont participé à la valorisation de ces produits, suivis par les consommateurs, qui ont de ce fait consommé davantage de produits d’origine française pendant cette période. Le bio a lui aussi connu une popularité croissante avec 32% d’augmentation des ventes en grandes surfaces.
Parallèlement, le Gouvernement a pris des mesures pour assurer la pérennité des entreprises. La transformation du dispositif d’activité partielle a été cruciale dans l’adaptation des entreprises au contexte de crise sanitaire. Sur le plan économique, les délais de paiement d’échéances sociales et fiscales, les remises d’impôts directs sur examen individualisé des demandes, la mise en place du prêt garanti par l’État (PGE) et du fonds de solidarité, ou encore la facilitation du crédit interentreprises avec les dispositifs CAP et CAP + sont autant de mécanismes de protection des entreprises françaises qui se sont révélés importants face aux conséquences économiques et sociales de la crise du Covid-19.
Refonder le secteur alimentaire pour une plus grande résilience
Toujours selon l’étude : «force est de constater que si le secteur a su résister, c’est avant tout car il repose sur une chaîne et des acteurs réactifs et impliqués. À l’avenir, il faudra capitaliser sur ces forces afin de rendre le système alimentaire encore plus durable et résistant aux chocs». Par ailleurs, «les notions de résilience et de souveraineté alimentaire doivent être au cœur de la stratégie nationale à mettre en place après la crise» conseille le rapport mené par le Gouvernement. «Le développement futur du secteur agroalimentaire devra ainsi être repensé en recherchant une meilleure intégration d’ensemble des maillons de la chaîne alimentaire et la valorisation de la diversité des modèles productifs. La diversité sera elle-même aussi l’un des mots clés dans la refonte nécessaire de la chaîne alimentaire. La crise l’a rappelé : les entreprises très spécialisées sur certains débouchés sont particulièrement exposées en cas de choc».
La capacité à mobiliser les outils numériques a été, comme dans le reste de l’économie, un facteur important d’adaptation, et la vente en e-commerce, drive et livraison à domicile devrait connaître une croissance de 8% en 2020 contre moins de 6% en 2019. Par ailleurs, le rôle des territoires dans la résilience des systèmes alimentaires a été mis en exergue.
Le transport des marchandises, un enjeu crucial
La crise sanitaire a aussi mis en évidence deux enjeux cruciaux. D’une part, le transport de marchandises, dont la crise a permis de révéler aussi la grande capacité d’adaptation, mais aussi certaines améliorations à prévoir notamment sur le développement des modes de transport décarbonés. D’autre part, le caractère essentiel du capital humain. En effet, de la bonne santé et de l’engagement des salariés du secteur dépend l’ensemble de la chaîne. Avec plus de 460000 emplois équivalent temps plein, le manque de main-d’œuvre représente souvent un facteur limitant pour le développement de l’industrie agroalimentaire.
Tour d’horizon et grands enjeux du secteur
Les facteurs de production de l’entreprise (avec quoi l’entreprise produit-elle?) ; l’intégration de l’entreprise dans sa filière (comment l’entreprise se positionne-t-elle entre son amont et son aval, pour générer un maximum de valeur?) et l’environnement de l’entreprise (quels facteurs non-marchands influencent la stratégie de l’entreprise : politiques publiques, insti- tutions, questions sociétales… ?) sont ainsi devenus les grands enjeux du secteur agroalimentaire de demain souligne le rapport.
En 2019, la production en volume des industries agroalimentaires était en baisse (0,6%), prolongeant la tendance observée depuis 2011. Les fabrications de boissons sont en repli (-1,1%), tout comme les fabrications de produits alimentaires (-0,5%). «L’ensemble des filières est touché, à l’exception des produits laitiers, des aliments pour animaux et de la boulangerie-pâtisserie», souligne le panorama des IAA. De plus, en 2019, les dépenses de consommation alimentaire des ménages reculent en volume (- 1,8 %) pour la deuxième année consécutive.
Le secteur agroalimentaire français est constitué en grande majorité d’entreprises de moins de 10 salariés (79%). Les grandes entreprises de plus de 250 salariés représentent moins de 2% des entreprises du secteur, mais réalisent plus de 45% de son chiffre d’affaires. Si le nombre d’emplois dans les industries manufacturières décline, celui dans les industries agroalimentaires augmente depuis 2013. À cette disparité sectorielle s’ajoute une forte disparité régionale.
Au niveau européen, l’industrie agroalimentaire française – incluant la fabrication de boissons et le commerce de gros – se situe au deuxième rang en termes de chiffre d’affaires avec près de 370 milliards d’euros, derrière l’Allemagne avec 481 milliards d’euros et devant l’Italie avec 276 milliards d’euros. Par ailleurs, le secteur agroalimentaire est le troisième poste d’excédent commercial de notre pays avec 7,9 milliards d’euros en 2019. C’est l’un des secteurs qui contribue le plus à la puissance exportatrice française, avec la construction aéronautique et l’industrie chimique, parfumerie et cosmétique.
Quid des leaders français des industries agroalimentaires
D’après les résultats de l’enquête annuelle réalisée par le groupe RIA sur un échantillon de 127 sociétés et groupes français, le chiffre d’affaires des entreprises agroalimentaires de plus de 100 millions d’euros n’a progressé que de 0,3% en 2018 contre 3,4% l’année précédente. En haut du classement des groupes français selon leur chiffre d’affaires, on retrouve les groupes Danone, Lactalis et Pernod-Ricard, qui restent les leaders français de l’agroalimentaire, devant les groupes coopératifs Avril et Agrial. Très internationalisés, ils réalisent plus de 80% de leurs activités hors de France, et jusqu’à 94% pour Pernod-Ricard. 8 coopératives sont présentes dans le classement 2019 des 25 leaders français. S’il ne fait pas partie de ce classement pour des raisons méthodologiques, le groupe InVivo, réseau de 201 coopératives sociétaires, affiche un chiffre d’affaires de 5,2 milliards d’euros. Il s’agit du 1er groupe coopératif agricole français. Cette enquête témoigne également de la vigueur de certains marchés, comme l’alimentation issue de l’agriculture biologique, le végétal ou le snacking. En atteste la croissance de PME françaises à l’instar de Mix Buffet (8e au classement des plus fortes progressions en termes de chiffre d’affaires, avec +13,6%), Charles & Alice (11e avec +10,3 %) ou Léa Compagnie Biodiversité (13e avec +10,1 %).
Concernant les restructurations enregistrées dans l’agroalimentaire, en 2018, moins d’une dizaine de transactions dépassant les 350 millions d’euros ont été enregistrées dans le secteur. Le nombre d’opérations est reparti à la hausse en 2019, dont un certain nombre témoignent de stratégies de diversification des IAA afin de suivre les nouvelles tendances de consommation, stratégies indispensables dans un contexte global de consommation à la baisse en volume.
À ce titre, on peut citer l’acquisition des principaux actifs de La Fraîcherie par D’Aucy qui s’est ainsi positionnée sur la 4e gamme des fruits et légumes frais préparés et emballés sur place ou la prise de contrôle par Danone de Michel et Augustin. Parmi les grosses opérations emblématiques de 2019, on peut citer des rachats d’entreprises étrangères par des IAA françaises comme l’acquisition par Lactalis du brésilien Itambe et de l’italien Nuova Castelli, l’OPA de Pernod-Ricard sur l’américain Castle Brands et, du côté des coopératives, l’acquisition de l’activité malterie de Cargill par Axéréal. À signaler également, la cession du contrôle d’Herta par Nestlé à l’espagnol Casa Terradellas. Les rapproche- ments au sein de la coopération agricole se poursuivent, en témoigne la création de la coopérative Eureden issue de la fusion de Triskalia et de D’Aucy en 2019.
La diversité des productions alimentaires en France
Le secteur agroalimentaire français représente une très grande diversité de denrées alimentaires qui traduit toute la richesse des terroirs de notre pays et représente l’un des éléments clés de notre patrimoine national, mondialement reconnu.
La France, 1er producteur européen de viande bovine
La France est le 1er producteur européen de viande bovine, devant l’Allemagne, le Royaume-Uni et l’Italie, avec 19 millions de bovins, pour une production de 1,45 million de tonnes équivalents carcasse. Elle est le 3e producteur européen de viande ovine avec un cheptel de 3,8 millions de brebis allaitantes et 1,6 million de brebis laitières. La production française de viande ovine, d’environ 82000 tonnes équivalent carcasse chaque année, couvre près de la moitié de la consommation nationale. Avec près de 1,8 million de tonnes, la France est le 3e producteur européen de volailles, derrière la Pologne et le Royaume-Uni. Elle produit chaque année 1,19 million de tonnes de viande de poulet, 340000 tonnes de viande de dinde et 230 000 tonnes de viande de canard. La France est par ailleurs le 1er producteur de foie gras, assurant 70% de la production mondiale. Elle est également le 1er producteur d’œufs de l’Union européenne avec 13,6 milliards d’œufs produits. Enfin, la France est le 3e producteur européen de viande porcine, avec 2,2 millions de tonnes de viande de porc produite en 2018. La viande de boucherie domine le secteur avec un peu plus de la moitié du chiffre d’affaires de l’industrie de la viande, la volaille un cinquième et les produits à base de viande un quart.
«Toutes ces filières, essentielles pour l’alimentation, l’économie, l’emploi et l’aménagement des territoires, sont confrontées à de nombreux défis. Elles doivent s’adapter en permanence à la volatilité des marchés et aux multiples aléas climatiques et sanitaires, mais aussi à l’évolution de la consommation des viandes et des débouchés à l’exportation, et aux nouvelles attentes des consommateurs en matière de nutrition, de santé, d’environnement et de bien-être animal» précise les rédacteurs du Panorama des IAA.
La France, 2e producteur européen de lait, beurre et fromages de vache
La France est le 2e producteur européen de lait, beurre et fromages de vache, derrière l’Allemagne. Elle compte environ 3,5 millions de vaches laitières et 55000 exploitations laitières, produisant 23,7 milliards de litres de lait en 2019. Près de 75% du lait est transformé en produits de consommation (lait de consommation, fromages, produits ultra-frais, beurre conditionné,…) et 25% en ingrédients laitiers destinés aux industries agroalimentaires et à l’exportation sur les pays tiers (poudres de lait, beurre vrac,…). Près de 650 sites industriels transforment du lait de vache en produits laitiers. Quatre grands groupes (coopératives et groupes privés) collectent 62% du lait de vache, illustrant la concentration de la filière. Par ailleurs, chaque année, 850000 chèvres produisent environ 640 millions de litres en production, dont 490 sont collectés, et 1,6 million de brebis produisent environ 318 millions de litres en production, dont 300 millions sont collectés. La France est le 1er collecteur de lait de chèvre européen et le 4e collecteur européen de lait de brebis. Grâce à une production abondante et de qualité, la France compte 1 200 variétés de fromages.
Les produits de la pêche et de l’aquaculture, un potentiel à préserver
La pêche française se caractérise par une grande diversité qu’elle tire de son nombre important de façades maritimes. En 2017, la France comptait près de 200 entreprises de transformation des produits de la pêche et de l’aquaculture. Leurs principales activités sont le fumage, le salage, la saurisserie, la charcuterie-traiteur de la mer, la conserverie/soupe, et enfin la fabrication de plats cuisinés. Les Français sont les 4e plus gros consommateurs de poissons et crustacés en Europe, avec près de 34 kg par an et par habitant. «Les produits de la pêche et de l’aquaculture constituent indéniablement un potentiel à préserver et à développer» affirme le rapport.
La France, 1er producteur et exportateur européen de céréales
Le blé tendre, le maïs, l’orge et le blé dur constituent principalement les grandes productions de la filière céréalière française. La France produit un quart des céréales de l’Union européenne, soit en moyenne de 65 à 70 millions de tonnes par an, dont près de la moitié est exportée (blé et orge principalement). Elle est ainsi le 1er producteur et exportateur européen de céréales. La transformation céréalière est multiple : près de 10 millions de tonnes sont utilisées par l’industrie de l’alimentation animale ; 4,5 millions de tonnes de blé tendre sont transformées en farine ; 2,1 millions de tonnes de blé et de maïs sont consacrées à la production d’alcool et de biocarburants ; et la malterie française utilise 1,7 million de tonnes d’orge et exporte les 3⁄4 de sa production. L’industrie pour l’alimentation humaine transforme plus de 7 millions de tonnes de blé tendre et comprend, entre autres, les industries de la panification, de l’amidonnerie, de la biscuiterie ou encore de la pâtisserie industrielle. Par ailleurs, la France est le 1er producteur européen de sucre. Les utilisations se répartissent en trois grandes catégories : les utilisations alimentaires indirectes (boissons, produits laitiers, petits déjeuners,…), les utilisations non alimen- taires (levures, chimie, pharmacie, alcool) et le sucre de bouche. Enfin, la France est le 1er producteur européen de graines oléagineuses (colza, tournesol, soja et lin oléagineux) avec une production annuelle de 7 millions de tonnes d’oléagineux. Elle produit par ailleurs chaque année 1 million de tonnes de protéagineux (pois, féve- role, lupin). Malgré cela, elle reste fortement importatrice de protéines végétales, ce qui a conduit le ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation à élaborer avec les différentes filières végétales et animales une stratégie nationale sur les protéines végétales.
La France, 1er fabricant européen de légumes en conserve et 2e en légumes surgelés
La production française de fruits s’élevait en 2018 à 2,35 millions de tonnes sur plus de 143000 hectares de surfaces récoltées. La France est ainsi le 4e producteur européen de fruits en volume. Sa principale production est la pomme. Elle est également le 4e producteur européen de légumes en volume, avec une production de 5,4 millions de tonnes en 2018 sur plus de 243 000 hectares de surfaces récoltées. Les deux principales productions sont la tomate et la carotte. La filière des légumes transformés représente 537000 tonnes de légumes appertisés et 378 000 tonnes de légumes surgelés, si bien que la France est le 1er fabricant européen de légumes en conserve et le 2e de légumes surgelés. La transformation de fruits s’élève, quant à elle, à 586 000 tonnes (jus de fruits, confitures, compotes, fruits au sirop, purées, etc.). En 2020, 35% de la production nationale de légumes et 20% de la production de fruits sont destinés aux indus- tries de transformation. La France est, par ailleurs, le 3e producteur européen de pommes de terre et le 1er exportateur mondial en volume de pommes de terre fraîches. Chaque année, ce sont près de 2,3 millions de tonnes de pommes de terre qui sont transformées par les industriels français : 1,147 million de tonnes est destiné à la fabrication de produits transformés à base de pomme de terre (frites surgelées, purées en flocons, chips,…) et 1,155 million de tonnes est transformé en fécule pour des utilisations variées.
La France, 2e producteur mondial de vins
La France est le 2e producteur mondial de vins derrière l’Italie. Chaque année, 65000 exploitations produisent en moyenne 45 millions d’hectolitres de vins (atteignant 49,4 millions d’hectolitres en 2018) sur 750 000 hectares. Plus de la moitié de ces surfaces est dédiée aux appellations d’origine protégée (AOP). Un tiers des vins produit en France est exporté dans le monde, représentant ainsi le 2e poste excédentaire de la balance commerciale de la France en 2018. La France est ainsi le 3e pays exportateur mondial de vin en volume et le 1er en valeur. La production française de spiritueux repose majoritairement sur la production de Cognac avec 75 992 hectares, et d’Armagnac avec environ 2 000 hectares. Cela représente 9,8 millions d’hectolitres de vins destinés à la production de spiritueux en 2018. La France est ainsi le 2e pays européen producteur et exportateur de spiritueux derrière le Royaume-Uni. Les producteurs et les négociants de vins et spiritueux s’or- ganisent en interprofessions régionales maillant l’ensemble des bassins viticoles français : Alsace-Est, Aquitaine, Bourgogne-Beaujolais-Savoie-Jura, Champagne, Charentes-Cognac, Corse, Languedoc-Roussillon, Sud- Ouest, Val de Loire-Centre et Vallée du Rhône-Provence.
Quelles seront les tendances et prospectives du système alimentaire français ?
Selon Bruno Hérault et Julia Gassie, Centre d’études et de prospective (CEP) du ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation, il existe quatre voies d’évolution possibles si l’on souhaite déterminer les tendances et prospectives du système alimentaire.
«Aujourd’hui, «on mange comme on vit», l’alimentation étant conditionnée par divers éléments, qui façonneront à l’avenir la demande et l’offre alimentaires, et donc les stratégies commerciales, les équipements productifs, les structures logistiques, les discours publicitaires ou encore les normes de qualité » indiquent-ils. Selon ces derniers, dans les 10 à 15 prochaines années, quatre enjeux forts apparaissent apparaitront à savoir la santé, la praticité, l’authenticité et l’identité. Les consommateurs tendront donc vers une alimentation privilégiant la santé, le bien-être, la naturalité. «Les préoccupations de santé, de naturalité et d’animalité convergeront dans la poursuite de la baisse de consommation de protéines animales, associée à une moindre activité physique de la population, et portée par l’expression des mouvements végétarien, végétalien, végan et surtout flexitarien» expliquent les auteurs. Les consommateurs devraient tendre également vers une alimentation pratique, rapide et d’accompagnement, une alimentation recherchant authenticité, diversité et qualité. Notre système alimentaire devrait s’en trouver «complexifié et les nouvelles authenticités alimentaires métissées constitueront des sources d’activité et de profit». Enfin, les consommateurs devraient tendre vers une alimentation composant entre quête de sens, identité et risques. «Aujourd’hui, et plus encore demain, la méfiance envers les différentes composantes du système alimentaire prédominera. La demande de «transparence» sera toujours là, associée à une exigence croissante de redevabilité, traçabilité, contrôle et justification, installant le mangeur dans une société de défiance alimentaire», concluent-ils.
(Source : Panorama des Industries Agroalimentaires, édition 2020, du Ministère de l’Agriculture et de l’Alimentation)