Depuis 2008, la mortalité des jeunes huîtres explose : 20% avant 2008, 60% en 2009, 70 à 75% en 2010 et certains experts annoncent du 90% pour 2011. Sachant qu’il faut compter 3 années pour amener une larve à maturité, nous allons en 2010 ressentir les pertes de jeunes huîtres enregistrées deux ans auparavant. En effet, en 2008, une épidémie fulgurante avait touché les élevages d’huîtres creuses françaises Crassostrea gigas qui représentent 99% de la production nationale. Ainsi, en quelques jours, 60% des huîtres de moins d’un an étaient mortes mystérieusement. Les ostréiculteurs annoncent que pour Noël 2011, ils ne pourront commercialiser que 20% de la production habituelle. Il est donc certain que les prix vont flamber. L’IFREMER avait lancé une étude à ce propos afin d’analyser les causes de cette augmentation fulgurante de la mortalité. La piste de la modification de la température de l’eau due aux hivers doux et printemps pluvieux a rapidement été écartée. La principale cause semble virale : 90% des lots d’huîtres mortes cette année sont infectées par le virus OsHV-1µvar qui est un mutant du virus « classique » de l’herpès bivalve, le OsHV-1 connu depuis 1991 en France. Quatre autres causes ont été envisagées pour justifier les 10% restantes d’huîtres mortes non infectées par ce virus : une infection bactérienne (Vibrio splendidus et / ou Vibrio aestuarianus) ; des pertes d’ADN inexpliquées chez les huîtres triploïdes (huître à triplets de chromosomes, issus de croisement pour rendre stérile les huîtres et ainsi accélérer leur croissance) ce qui les affaiblirait ; les pratiques d’élevage intensifs qui n’offrent plus de période de jachère ni de quarantaine et qui permettent donc aux virus de se diffuser ; ou enfin, la pollution des eaux. Quoi qu’il en soit, l’IFREMER recherche des familles d’huîtres résistantes à ce mutant de l’herpès du bivalve en France ou à l’étranger afin de pouvoir continuer à satisfaire les gourmets français dans les années à venir. M.L.