Sommaire
Afin de mieux comprendre les perceptions et comportements en matière de sécurité alimentaire des Français, Mérieux NutriSciences et bioMérieux viennent de dévoiler les résultats d’une enquête menée auprès de consommateurs de quatre pays (France, États-Unis, Inde et Chine). Cette enquête qui souligne bien les différences qui existent entre la France, les États-Unis, la Chine et l’Inde en matière de perception et d’attentes s’agissant de sécurité alimentaire, apporte un éclairage supplémentaire sur les nouveaux enjeux de l’industrie agroalimentaire.
«La crise sanitaire actuelle a réactivé les inquiétudes présentes chez de nombreux citoyens à travers le monde quant à la provenance de leurs aliments. Cet enjeu de la sécurité alimentaire reste une problématique récurrente dont procèdent les habitudes de consommation et qui façonne les tendances alimentaires. Dangerosité de certains ingrédients ou opacité de certains modes de production, la sécurité alimentaire est une préoccupation grandissante pour toujours plus de consommateurs dont le regard et le degré d’exigence diffèrent selon les pays» relate l’enquête.
Premier grand constat de ce sondage international, les consommateurs français ont nettement moins confiance dans les aliments qu’ils consomment qu’en Chine, aux États-Unis ou en Inde. Ces derniers sont plus exigeants et ne se sentent pas suffisamment informés sur la composition, l’origine ou la traçabilité des produits. Alors que paradoxalement, comme le souligne l’étude, les normes sanitaires en vigueur en France figurent parmi les plus exigeantes. Ainsi, en France, seulement 69% des consommateurs affirment avoir confiance dans les aliments qu’ils consomment. Pour les consommateurs chinois, la confiance sur les aliments consommés est grande (96%), 90% en Inde à 90% et 85% aux États-Unis.
Attachement fort du consommateur à la transparence
Pour le consommateur français, il apparaît d’après l’étude menée que ce manque de confiance dans les aliments s’accompagne d’un sentiment d’être mal informé, exprimé par environ la moitié des personnes interrogées (49%).
«Ces différences s’expliquent, en partie, par des critères et des exigences très variés d’un pays à l’autre. Par exemple, les Français attachent une importance particulière à l’origine des produits qu’ils consomment et à leur traçabilité (72%). Cela avant même la composition du produit (60%). Ensuite, c’est la présence de labels certifiant le produit qui vient aiguiller le choix du consommateur (40%). Mais ce n’est pas le cas pour tous les pays : aux États-Unis, une très faible importance est accordée aux labels (25%). C’est la date limite de consommation qui assure aux américains la sécurité de leur achat (54%). Même logique en Inde, bien que ce critère soit en forte baisse (- 8pts), bientôt rattrapé par la composition du produit» souligne l’enquête menée par Merieux.
Autre fait constaté, la marque n’est que très peu révélatrice de sécurité alimentaire en France (12%) alors que la tendance est tout autre en Chine (37%), aux États-Unis (31%) et en Inde (43%). «Cette enquête est révélatrice de l’attachement fort du consommateur à la transparence. Transparence par la traçabilité. Et transparence par la composition du produit, confirmée par la présence de labels. Le consommateur veut être sûr de ce qu’il achète. Même si d’autres critères viennent en compte selon les pays, une même dynamique est présente : celle de la peur de la présence de bactéries et de produits chimiques dans les aliments. Cela illustre l’importance de la qualité microbiologique des aliments et des boissons pour les consommateurs de ces pays», précise Yasha Mitrotti, EVP Microbiologie Industrielle bioMérieux.
En effet, cette enquête montre que la présence de produits chimiques dans les aliments est, pour les Français (87%), comme pour les Américains (70%), les Chinois (90%) et les Indiens (71%), la principale cause d’inquiétude. «Désormais, l’enjeu n’est plus seulement de certifier qu’un produit ne représente pas de risque sanitaire. Il faut aussi promouvoir un produit bio, naturel, qui réponde à la demande des consommateurs en produits plus sains pour eux mais aussi plus respectueux de l’environnement. Cette enquête révèle ainsi que les Français veulent savoir l’impact des aliments sur leur santé, non plus à court terme, mais dans le temps long. Est-ce que ce que je mange est bon pour ma santé ? Est-ce que ce que je consomme n’est pas néfaste pour la planète ? : voilà leurs principales préoccupations», ajoute Nicolas Cartier, Directeur général de Mérieux NutriSciences.
Une minorité des consommateurs accepterait de payer plus cher les produits consommés
Cette enquête établit également que les Français seraient plus prompts à changer leurs habitudes de consommation. Ils seraient ainsi enclins à consentir à de plus grands efforts pour consommer de manière plus saine. Toutefois, toujours selon cette enquête, «ces changements ne se traduiraient que par de nouvelles habitudes et non par un consentement à payer la nourriture plus chère. Avec un climat économique difficile, les Français seraient peu nombreux à payer plus cher leur nourriture, même si cela est gage de meilleure qualité».
En ce qui concerne les emballages, les Français sont très majoritairement prêts à accepter des évolutions vers moins de sachet sindividuels, moins de plastique et plus de verre consigné (92%). 84% d’entre eux sont également prêts à ne plus prêter forcément attention à la taille, la forme ou la couleur des aliments pour éviter une standardisation qui se traduirait par de nombreuses pertes. Mais seulement une minorité (43%) accepterait de payer plus cher pour des aliments plus sains et plus sûrs, alors que l’enquête révèle que les indiens (65%) et les chinois (70%) n’y verraient pas d’inconvénients.
Des consommateurs plus inquiets qu’avant la pandémie
«La crise du Coronavirus a également aggravé les peurs des consommateurs, qui sont plus inquiets quant à leur sécurité alimentaire, en particulier dans les pays qui ont été l’épicentre de l’épidémie», indique l’étude. En France, 66% sont plus inquiets qu’avant la pandémie, 69% aux États-Unis alors qu’ils sont 70% en Chine et 86% en Inde. Pour apaiser ces inquiétudes, un retour vers le local et le naturel s’établit. Les Français sont 61% à dire qu’ils consomment moins de plats cuisinés et mangent plus des plats qu’ils préparent eux-mêmes (87%), des légumes et céréales (80%) et des produits locaux (80%). Cette tendance est particulièrement visible en France, même si en Inde, en Chine ou aux États-Unis, la prise de conscience est similaire. En France, elle est également soulignée par une volonté de s’approvisionner directement au producteur, au plus proche du produit (54%).
Face à cette attente de plus en plus importante des consommateurs vis-à-vis de l’authenticité, la qualité et la sécurité des produits, l’industrie agroalimentaire n’a d’autre choix que de les rassurer davantage en s’orientant entre autres vers un système de traçabilité unitaire des produits et des contrôles qualité toujours plus exigeants.
Vers la fin des aliments ultra-transformés ?
Face aux craintes et exigences des consommateurs, l’industrie agroalimentaire se dirige-t-elle vers la fin des aliments ultra-transformés (AUT), comme pourrait le laisser penser l’issue de cette étude ?
Pour, Siga, pionnière en France de l’analyse de l’ultra-transformation, il est plus que jamais important d’accompagner les industriels à mieux produire et impliquer les distributeurs à une prise en compte des enjeux des aliments ultra-transformés. Siga a ainsi développé un indice et une méthodologie scientifique d’évaluation du degré de transformation des aliments. Avec la publication de son article «The holistico-reductionist Siga classification according to the degree of food processing : an evaluation of ultra-processed foods in French supermarkets» dans la revue internationale Food & Function, signé par Sylvie Davidou, Aris Christodoulou, Anthony Fardet et Kelly Frank, la jeune startup française de la foodtech, a été reconnue par la communauté scientifique internationale, pour sa méthodologie sur l’analyse des aliments ultra-transformés.
Siga revient ainsi sur la classification «originelle» des aliments ultra-transformés, Nova, et expose la démarche qui a prévalu à la classification Siga. Pour le Dr. Anthony Fardet, précurseur sur les AUT en France, Docteur en Nutrition Humaine (HDR), membre du Comité scientifique de Siga : «Les AUT intègrent dans leur formulation l’ajout d’ingrédients et/ou additifs cosmétiques à usage principalement industriel – et ayant subi un procédé de transformation excessif – pour imiter, exacerber, masquer ou restaurer des propriétés sensorielles (arôme, texture, goût et couleur). Il peut aussi s’agir de procédés technologiques très dénaturants (pré- friture, cuisson-extrusion, soufflage…)».
Accompagner les industriels à mieux produire
L’article publié par Siga dans Food & Function explique en quoi et pourquoi la classification Siga va plus loin que Nova, outil reconnu internationalement. «Nova classe les aliments en 4 catégories et conceptualise la notion d’Aliment Ultra-transformé via une définition générique du concept. Une approche qui peut se révéler trop schématique pour être exploitée de manière opérationnelle par les industriels ou les distributeurs dans leur processus d’amélioration de l’offre alimentaire (et concrètement la transformation de leurs recettes) et l’accompagnement pour le «mieux manger» relate Siga qui apporte quant à elle une définition plus graduelle des aliments, en particulier, ultra-transformés (le groupe 4 de la classification Nova). Ainsi, un produit «ultra- transformé» d’après Nova peut ainsi être jugé comme «ultra transformé» et «équilibré», ou «gourmand» ou «à limiter» selon la classification Siga. Siga a ainsi analysé près de 25 000 aliments emballés. Sur ce nombre, plus de 2/3 étaient des produits ultra-transformés.
«Cette publication est très encourageante pour Siga. Elle symbolise la reconnaissance par la communauté scientifique à l’échelle internationale de la méthodogie Siga et vient saluer nos efforts pour une meilleure compréhension et prise en compte des aliments ultra-transformés pour mieux manger et mieux vivre», conclut Aris Christodoulou, Président et co-fondateur de Siga. Aujourd’hui, la méthodologie et l’indice Siga sont utilisés par des distributeurs précurseurs tels que Franprix ou Biocoop ou encore des industriels tels que Savencia, Marie, Michel et Augustin. En mars 2019, Siga a opéré une levée de fonds bouclée à 1 million d’euros auprès de Newfund et de bpifrance.
La blockchain au secours de la sécurité alimentaire
Traçabilité, contrôle des stocks, lutte contre le gaspillage,… le consommateur souhaite un maximum de transparence à toutes les étapes de la chaîne de production. Intervenir de plus en plus tôt dans cette chaîne de production, tel est donc l’enjeu de l’industrie agroalimentaire. Le développement de la blockchain, cette base de données numérique sécurisée et infalsifiable sur laquelle sont stockées toutes les informations transmises par ses utilisateurs, appliquée au secteur alimentaire, permet à chaque acteur de la chaine d’approvisionnement (producteurs, transformateurs et distributeurs) de renseigner les informations de traçabilité qui les concernent et ce pour chaque lot (dates, lieux, bâtiments d’élevage, circuit de distribution, traitement potentiels, etc…).
Dans son plan de transformation 2022, Carrefour commence à appliquer la technologie blockchain afin de garantir aux consommateurs une traçabilité complète des produits. «Les bénéfices de la blockchain appliquée aux filières alimentaires sont nombreux : pour les consommateurs, elle répond à un besoin de transparence de plus en plus grand ; pour les éleveurs, elle leur permet de valoriser leur production et leur savoir-faire.
Pour l’enseigne, elle permet de partager avec tous ses partenaires une base de données sécurisée et de garantir aux clients une sécurité alimentaire renforcée », expliquait Carrefour il y a deux ans, en lançant pour la première fois en France la technologie de la blockchain à une filière animale de l’enseigne : le poulet d’Auvergne Filière Qualité Carrefour. Depuis, Nestlé et Carrefour ont expérimenté la blockchain sur la purée Mousline et sur leur gamme de lait infantile Guigoz Bio 2 et 3. Chez Ingredia, «le système de blockchain révolutionnaire et infalsifiable développé par Connecting food est l’étape clé pour que le consommateur retrouve la confiance». Chez Labeyrie, les informations sur la traçabilité augmentée de deux références de saumon fumé de Norvège est accessible aux consommateurs grâce à la solution blockchain IBM Food Trust sur le Cloud IBM. Ces derniers peuvent ainsi accéder à la démarche qualité concernant les saumons qu’ils consomment. Le groupe Terres du Sud, coopérative agricole du Sud-Ouest, a également mis la technologie au service de sa filière canards et de sa marque « Delmond L’Originel », afin de garantir au consommateur une traçabilité et une qualité sans faille des produits qu’il achète. La farine « Savoir Terre », issue d’une agriculture française et durable, offre pour la première fois dans son rayon la possibilité pour les consommateurs de tracer avec précision l’origine et les étapes de fabrication de leur paquet de farine. Danone veut également jouer la transparence sur la fabrication de ses laits infantiles et la traçabilité de ses ingrédients, avec son nouveau service numérique Track & Connect. Grâce au partenariat avec Ernst&Young, EZ Lab a présenté le premier cas au monde d’exploitation viticole certifiée Blockchain, une innovation technologique capable d’assurer, par le biais d’une étiquette intelligente apposée sur la bouteille du vin (QR Code), la traçabilité de la chaîne de production et la transformation des produits agricoles, en permettant de certifier la qualité, la territorialité et l’origine de la chaîne d’approvisionnement et en garantissant ainsi la transparence et l’authenticité maximale au consommateur.
Si les exemples du déploiement de la technologie blockchain sont désormais nombreux dans l’industrie agroalimentaire, tout cela, suffira-t-il à rassurer le consommateur ? A suivre… (Sources : Siga / Merieux)