Peut-on faire confiance aux AMAP ?
Trouver des produits frais de la ferme s’avère parfois difficile, surtout en centre ville. Des consommateurs en recherche d’aliments régionaux, de qualité, dans un meilleur respect de l’environnement, voilà ce que proposent les AMAP pour contrecarrer les géants de l’agro-alimentaire.
Trouver des produits frais de la ferme s’avère parfois difficile, surtout en centre ville. Des consommateurs en recherche d’aliments régionaux, de qualité, dans un meilleur respect de l’environnement, voilà ce que proposent les AMAP pour contrecarrer les géants de l’agro-alimentaire. Réelle volonté de changement face à la standardisation des produits et à l’industrialisation croissante, les AMAP se sont emparées de l’affaire et proposent une alternative séduisante au productivisme agricole. La proximité entre producteur et consommateur, sans passer par les chaînes de distribution classique, soulève néanmoins une question, un exploitant peut-il vivre d’une AMAP grâce à sa seule clientèle ? Sont-elles une fausse bonne solution ?
Le mode actuel d’intensification de la production montre qu’il n’est pas viable sur le long terme. Les réseaux alternatifs, eux, en faveur d’un développement local, au centre duquel priment les valeurs citoyennes, apparaissent comme des voies d’évolution du système d’échange. Préférant une dynamique locale aux grands complexes agro-industriels, les AMAP visent à pallier les défaillances des principes marchands.
Leur principe est simple, petit rappel. Les Associations pour le Maintien d’une Agriculture Paysanne ou AMAP, associent agriculteurs et consommateurs, dans une démarche commune de réhabilitation de l’agriculture paysanne. Un accord est passé entre un groupe de consommateurs et un agriculteur.
Les avantages liés aux AMAP sont pour le producteur, tant d’ordre économique et budgétaire, que gestionnaire ou humain.
En cherchant à identifier les producteurs d’AMAP, il se dégage un portrait type de « petits producteurs ». Pourquoi « petits » ? La plupart de ces agriculteurs sont d’anciens citadins au parcours professionnel généralement assez loin de l’activité agricole. Anciens artisans (plombier, électricien), ils ont suivi par la suite une formation pour se spécialiser dans le maraîchage biologique. D’autres en sont venus à l’AMAP pour être autonomes financièrement (prêts octroyés plus aisément par les banques). Et tous possèdent peu de terrain (1 à 3 hectares, une serre).
La faible taille des exploitations agricoles est-elle le fait d’une installation récente ou un gage de confiance aux yeux des consommateurs ? C’est effectivement un gage de confiance. Le consommateur imagine le « petit jardin » du fermier. Une exploitation de taille industrielle n’est pas en accord (quand bien même elle produit local et bio) avec le principe même de l’AMAP. Le cultivateur qui possède 100 hectares à labourer sera moins enclin à rejoindre une AMAP. A l’inverse, un autre producteur installé sur trois hectares paraîtra plus « crédible » pour sa clientèle.
En lien direct avec ses clients, La vente directe est un moyen de valoriser ses produits bio, étant donné que les prix proposés par les industriels de l’agroalimentaire bio ont tendance à rejoindre ceux des produits traditionnels, les consommateurs sont prêts à payer un surcoût.
De plus, pour le producteur, c’est s’assurer de vendre sa production à un prix correct (prix du panier fixé avec le client) sans passer par un intermédiaire quelconque. On peut donc supposer que la suppression d’un intermédiaire permet des gains plus importants pour le producteur. La certitude de vendre toute sa production sans subir les achats impulsifs des consommateurs : le consommateur garantit une obligation financière, à travers l’achat à l’avance d’une partie de la récolte sur une période donnée, il n’y a donc pas d’invendus. Le contrat économique et moral est là pour exprimer une solidarité avec l’exploitant dans les aléas de la production (partage des risques naturels). L’agriculteur ne rembourse pas en cas de souci de production. L’AMAP est garantie de débouchés, d’une plus grande crédibilité face aux banques, synonyme de temps de vente et de déplacements optimisés mais permet aussi de se retirer de la logique de dépendance vis-à-vis des coopératives et de la grande distribution.
Au delà d’un revenu supplémentaire, l’AMAP offre au fermier l’occasion de diversifier ses productions et sources de revenus. Le contrat passé en début d’année, permet au producteur de financer sa récolte sans s’endetter.
En réalité, l’AMAP présente l’intérêt de valoriser tous les produits quel que soit leur aspect esthétique ou leur variété et en dehors de la distribution, elle n’est pas synonyme d’une charge de temps supplémentaire.
De l’autre côté de la barrière, les amapiens en tirent une satisfaction avant tout liée à des considérations morales, voire militantes, et non pas tant à des impératifs économiques (fierté de soutenir l’agriculture locale, implication associative, participer à la protection de l’environnement et sortir des systèmes de la grande distribution). Ils bénéficient entre autres de l’engagement de la part du producteur d’une transparence sur la vie de l’exploitation (origine des produits fournis, méthodes de production pratiquées, communiquer sur les problèmes rencontrés etc.), la garantie en approvisionnement de produits de haute qualité, de saison, cultivés sans produits chimiques (certification AB).
Grâce aux AMAP, les clients sont plus que des consommateurs, ce sont des consom’acteurs. Une AMAP s’apparente en quelque sorte aux principes du commerce équitable, grâce au maintien de l’activité agricole régionale et à la stabilité des revenus du paysan. Elles permettent d’apprendre la « vrai valeur » des aliments et sortir du rôle de simple consommateur. Le producteur pérennise son emploi et de jeunes agriculteurs sortent du lot par cette méthode.
Alors oui, on peut faire confiance aux AMAP. Leur faire confiance, c’est croire au travail collectif, à la relocalisation de l’économie. Croire aux AMAP c’est aussi croire en une conception différente de l’agriculture et du métier d’agriculteur et cela quel qu’en soit le prix à payer. C’est tout un réseau local qui s’articule et replace l’humain au centre de l’échange.
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