Un foyer sur deux possède au moins un animal de compagnie ! En pleine croissance depuis une dizaine d’années, le marché du petfood est aussi au cœur d’une polémique concernant la qualité et le contenu de la nutrition des animaux de compagnie.
En effet, un Manifeste publié par le collectif de professionnels de la nutrition du chien et du chat dénonce des dérives de communication dans le petfood. Ce Manifeste est soutenu par la FACCO (Fédération des fabricants d’aliments pour chiens, chats, oiseaux et autres animaux familiers), membre de la FEDIAF – Fédération Européenne des Industries d’Aliments pour animaux Familiers. La FACCO rassemble plus de 30 sociétés nationales, est fortement représentative de l’Industrie française de production et de commercialisation des aliments pour animaux familiers puisqu’elle représente 98% du volume de petfood produit en France pour un CA de +3Md€.
Parce qu’elle se veut garante des bonnes pratiques d’étiquetage de l’industrie du petfood, la FACCO appuie donc aujourd’hui le Manifeste publié par le collectif de professionnels de la nutrition du chien et du chat pour dénoncer les dérives de communication dans le petfood. «La parole est trop longtemps restée libre, en favorisant la communication d’arguments marketing mensongers autour de la nutrition des animaux de compagnie» explique la FACCO.
En ligne de mire les startups du petfood
Un collectif de professionnels de la nutrition du chien et du chat (composé d’enseignants-chercheurs en nutrition en école vétérinaire, vétérinaires nutritionnistes, ingénieures agronomes, auxiliaires spécialisées vétérinaires) s’inquiète en effet des «dérives de communication dans le petfood» et tient à rappeler les bonnes pratiques pour une communication loyale envers les consommateurs et consommatrices.
«Nous sommes formées en nutrition et nous nous inquiétons de voir fleurir les allégations mensongères chez les start-up du petfood souvent composées de jeunes sortis d’école de commerce ne détenant aucune formation en nutrition animale. Ainsi nous tenons à rétablir la vérité sur des promesses avancées par ces jeunes sociétés», explique le collectif qui demande à la DGCCRF de mener une enquête nationale sur la loyauté de l’étiquetage du petfood vendu sur internet. «Nous souhaitons une régulation plus ferme de la communication dans le petfood pour que les propriétaires d’animaux puissent choisir une alimentation pour leur animal sur la base d’informations loyales, véridiques et fondées sur les données scientifiques» explique le collectif.
Des “arguments mensongers“
Parmi les arguments mensongers relevés par le collectif, on retrouve les produits dit 100% naturels, or toujours selon ce collectif :«Il n’existe pas de croquette « 100% naturelle » car pour qu’un aliment soit nutritionnellement complet, il est nécessaire de lui ajouter des vitamines et minéraux. Ceux-ci sont des additifs et ne sont pas considérés comme « naturels » par la réglementation».
Autre argument qualifié de faux par le collectif : les croquettes de grande marque contiennent du sucre, les croquettes sans céréales sont meilleures. «Les croquettes ne contiennent pas de «sucre» mais de l’amidon nécessaire au processus d’extrusion», expliquent le collectif, «Même les croquettes «sans céréales» contiennent de l’amidon souvent issu des pois ou de la pomme de terre. L’amidon est digestible et assimilable par les chiens et les chats. Les céréales sont rarement associées à des allergies ou intolérances, une croquette «sans céréales» n’est donc pas un aliment «hypoallergénique» ou permettant de limiter les troubles digestifs. Au contraire la présence de pois ou lentilles dans les croquettes sans céréales génère souvent des gaz ou des diarrhées».
Il également question de la cuisson-extrusion «se faisant sous pression, la température de cuisson se situe le plus souvent entre 100 et 130°C, quelle que soit la marque des croquettes. Monter à 200°C endommagerait un extrudeur» souligne le collectif.
Concernant les sous produits animaux utilisés par les grandes marques, le collectif précise qu’il est «impossible de formuler un aliment pour animaux « sans sous-produit animaux ». En effet, la réglementation 1069/2019 qualifie de « sous-produit » tout produit animal à destination du petfood pour éviter son retour dans la chaine alimentaire humaine. Le filet de poulet, à partir du moment où il est destiné à un animal et non à un humain devient réglementairement un sous-produit. Qualifier son aliment de « sans sous-produit animaux » ne montre qu’une méconnaissance totale de la législation en vigueur dans le domaine».
Concernant l’utilisation de photos d’aliments pour humains tels que des filets de poulet ou de poisson et du terme viande, le Manifeste rappelle qu’elle est «interdite lorsque l’on utilise de la viande séparée mécaniquement (morceaux de viande restants sur la carcasse et séparés mécaniquement des os à l’aide de machines) ce qui est le cas pour les aliments pour animaux. L’utilisation de filets de viande ou de poisson en petfood serait une aberration économique et écologique que nous n’encourageons pas. Il est parfaitement souhaitable que les carnivores domestiques mangent les morceaux que les humains ne consomment pas ou plus pour des raisons culturelles. Les nouvelles marques sur le marché ne doivent pas tromper les propriétaires en leur laissant penser qu’ils utilisent des morceaux que les humains consomment. Les start-up utilisent les produits disponibles sur le marché du petfood comme tous les autres».
147 millions d’euros investis dans la recherche
Pour rappel, selon les données 2019 de FACCO, les ventes en France de l’industrie française de l’alimentation animale représente 1 204 748 tonnes de produits vendus dont : 300 303 tonnes d’aliments humides (chiens/chats) ; 840 902 tonnes d’aliments secs (tous animaux) et 24 629 tonnes d’aliments complémentaires. 48% de la production est exportée, soit 919 331 tonnes. Ce qui représente une balance commerciale excédentaire de 659 millions d’euros. Concernant les matières premières utilisées : 1 600 000 tonnes de produits sont issus de l’agriculture, de l’élevage et de la pêche, dont 54% proviennent de France, 88% de l’Union Européenne. 12% provient des Pays Tiers. 288 000 tonnes de sous-produits de viandes d’animaux terrestres (volaille, porc, bœuf….) et 23 000 tonnes de sous-produits de poissons (matières fraiches ou congelées) ; 1 093 000 tonnes de matières sèches (céréales, légumes et protéines animales déshydratées).
L’industrie du pet food représente également 6 500 emplois directs et plus de 14 000 emplois indirects. Enfin, concernant les investissements dans la recherche, ils représentent 147 millions d’euros investis par l’Industrie pour améliorer les produits et la technologie des usines de production.