« La courbe de vie des produits n’a eu de cesse de s’accélérer ces dernières années. A peine un produit est-il lancé, qu’il faut penser au conditionnement du suivant », explique Jean-Marc Doré, président du Geppia, le groupement des constructeurs français de machines de process et de packaging. A cela, s’ajoute une multiplication des formats, des matériaux, des modes de distribution, des séries plus petites… Résultat, les équipementiers de l’emballage doivent concevoir des machines de plus en plus flexibles.
« Nous commençons à avoir des demandes de lignes flexibles multi-produits pour pouvoir passer, sur une même ligne, des produits à longue conservation et des produits vendus en chaîne de froid. Autre demande forte : une plus grande flexibilité au niveau des matériaux d’emballage avec des lignes permettant de conditionner, à la fois des bouteilles en polyéthylène et en PET. Mais aussi des lignes multi-formats, capables notamment de remplir du quart de litre aussi bien que du litre », raconte par exemple Roland Nicolas, Dairy & Aseptic Business Development Director, chez Serac, dans le livre blanc initié par le Geppia, « Tendances packaging : comment produirez-vous demain ? ».
Emballage : la grande distribution impose plus de flexibilité
A noter que les MDD échappent à cette tendance. Les fabricants de produits de marque de distributeur préfèrent en effet les grosses machines, à cadence élevée, avec un coût de revient moindre. Les MDD proposent plus rarement des ouvertures faciles ou des emballages très élaborés. Les changements de formats sont moins fréquents, ce qui permet notamment aux industriels de faire des économies.
Pour les autres marques cependant, la valse des produits est continue. Les industriels doivent cependant se plier aux normes de la grande distribution, qui impose, prix, qualité et formats. Par ailleurs, le « just in time » est désormais monnaie courante. Les commandes se font du jour pour le lendemain, ce qui nécessite la fabrication de petites séries, sur-mesure. « La demande de flexibilité et de « just in time » de la grande distribution n’a jamais été aussi forte. Dans certains cas, elle peut impliquer de la part des industriels un surinvestissement et des surcapacités de production de l’ordre de 30 % », précise Pierre-Yves Berthe, directeur général du pôle équipement Mecapack au sein du groupe Proplast.
Quelles solutions pour plus de flexibilité ?
Face à ces nouveaux enjeux, les équipementiers réagissent. Outillages plus légers, plus compactes, réglages facilités pour les changements de formats, sont de plus en plus pris en compte. Proplast a par exemple développé un système de carrousel rotatif, qui permet de ne changer que la partie inférieure de la machine, bien plus légère. En fonction du choix de ce masque, la machine reconnaît ensuite automatiquement le format. « Résultat : grâce à ce système, nous pouvons changer un format d’outillage sur des operculeuses en 2 à 3 minutes, contre 15 à 20 minutes auparavant. Les heures de production réelles se voient ainsi considérablement augmentées », indique Pierre-Yves Berthe. Une solution préconisée pour les petites et moyennes cadences.
Chez Cermex, les réglages pendant les changements de formats ont également été améliorés, grâce à des indicateurs et des systèmes de repérage. « La généralisation des réglages est une véritable tendance qui permet aux opérateurs d’éviter toutes opérations d’interchangeabilité d’outillages à chaque nouveau format », affirme Nathalie Pereira, responsable marketing stratégique et chef de produit packing et overwrapping.
L’automatisation et la robotisation croissantes des lignes de production ont également permis d’accroître la flexibilité des machines. Cermex a par exemple adopté, sur ses fardeleuses, un système de changement de bobine de film automatique, sans arrêt de machine et sans intervention d’un opérateur. Utile pour les lignes à très hautes cadences. Quant à la robotique, elle « apporte une extrême flexibilité, grâce à la fonction possible de changement d’outillage automatique, et aussi un ajustement éventuel des points de réglages », estime Nathalie Pereira.