Assurer la transparence et la traçabilité des données de ses produits alimentaires, tels sont les nouveaux enjeux du secteur de l’industrie agroalimentaire.
Pour y répondre, la technologie blockchain se met en place dans le secteur avec pour objectifs de renforcer la sécurité alimentaire tout en répondant aux attentes du consommateur toujours plus exigeant sur le parcours et la qualité du produit alimentaire.
La blockchain est au cœur des enjeux économiques actuels et de nombreuses industries se tournent déjà vers cette technologie qui apparaît ainsi comme une technologie pouvant révolutionner la traçabilité des produits.
Qu’en est-il de cette technologie, sorte de base de données dans laquelle les informations sont enregistrées dans des blocs chaînés reliés les uns aux autres ? Quels en sont ses avantages ?
Une traçabilité tout au long de la chaîne de production
Tout d’abord, la première sécurité de la blockchain permet un verrouillage de l’information dans un bloc sans avoir à modifier toutes les autres informations qui ont été enregistrées par la suite. Ainsi, si on veut modifier une information, on doit aussi la modifier sur tous les serveurs qui hébergent l’information. En effet, les informations entrées dans la blockchain sont recopiées à l’identique sur plusieurs serveurs, chacun étant possédé par une personne différente. Grâce à cette gestion décentralisée de l’information, la blockchain fait office de «tiers de confiance» et les informations enregistrées sont comme «gravées dans le marbre».
Ainsi, la blockchain permet d’améliorer la supply chain et de retrouver la confiance du consommateur chez qui les divers scandales sanitaires et éthiques dans l’industrie agroalimentaire ont instauré un climat de défiance.
La blockchain permet ainsi de rendre possible une traçabilité inaltérable tout au long de la chaîne de production. Comment ? A chaque étape de la production, chaque acteur enregistre directement les informations et les analyses relatives sur le produit sur la blockchain.
Chaque acteur de la chaîne de production s’engage personnellement à la véracité des informations. En traitant et analysant en temps réels ces informations, la blockchain permet d’améliorer la supply chain et de réagir instantanément en cas de problème. Cette transparence sur les différentes étapes de la production permet de prouver les engagements d’un produit et de retrouver ainsi la confiance du consommateur.
La blockchain vue par les experts
Isabelle Badoc, Expert in Supply Chain, sur le site Generix, groupe expert de la supply chain collaborative et Blockchain Partner, le leader français du conseil sur les technologies blockchain, expliquent les enjeux de la blockchain notamment dans le secteur de l’agroalimentaire.
«La blockchain permet de lutter contre l’opacité des supply chains» : Isabelle Badoc, Expert in Supply Chain, sur le site Generix, groupe expert de la supply chain collaborative
«La blockchain repose sur trois principes fondamentaux. La transparence : les données échangées étant accessibles par tous, la blockchain permet de lutter contre l’opacité des supply chains. Les acteurs de la chaîne logistique peuvent en effet y inscrire chaque étape du processus de fabrication d’un produit alimentaire, depuis sa production jusqu’à son lieu de vente. Cette traçabilité assure l’identification de problèmes éventuels – contamination des produits, incident dans la chaîne du froid – et permet d’intervenir quasi-instantanément. La rapidité et la sécurisation des échanges : avec la blockchain, les informations sont échangées en seulement quelques minutes, une fois leur fiabilité validée, et sont dupliquées sur plusieurs réseaux pour en assurer la sécurité.
La collaboration entre utilisateurs : le mode de fonctionnement de la blockchain favorise la collaboration entre les différents maillons de la supply chain agroalimentaire. Les informations échangées sont en effet vérifiées par les utilisateurs du dispositif, puis elle peuvent être consultées par les producteurs, distributeurs, voire même les consommateurs des aliments(…) Avec l’implémentation d’une blockchain, tous les acteurs de la chaîne agroalimentaire (producteurs, fournisseurs, transformateurs, distributeurs, détaillants, régulateurs et consommateurs) peuvent obtenir un accès autorisé à des informations connues et fiables concernant l’origine et l’état des produits d’alimentation.
Et chacun aurait beaucoup à y gagner : Les producteurs : avec une blockchain, toute tentative de modification d’un produit pourrait être immédiatement détectée, transmise au producteur, et ainsi être évitée avant de parvenir au distributeur. La transparence de la blockchain peut également pousser certaines filières vers des pratiques plus éthiques et responsables (en pêche industrielle par exemple). Les distributeurs : si un produit non-désiré arrive par erreur dans les rayons, il pourrait être facilement identifié et retiré. Aujourd’hui il faut plusieurs jours, voire des semaines, pour remonter le long de la chaîne d’approvisionnement.
Avec la blockchain, la remontée d’information pourrait être immédiate, évitant ainsi de coûteux retraits de lots entiers quand seuls quelques produits sont incriminés. Les consommateurs : la transparence qu’offre la blockchain est un élément rassurant pour les consommateurs. Ils ont en effet l’assurance qu’une étiquette «dit vrai», et peuvent adapter leur consommation en fonction de leurs besoins spécifiques – préférence de provenance, conditions d’élevage ou de culture, etc». (Source : Generix)
«La blockchain pourrait contribuer fortement à lutter contre les fraudes et les erreurs» : Blockchain Partner, leader français du conseil sur les technologies blockchain
«Le cas de l’industrie agroalimentaire est aujourd’hui le plus probant pour illustrer les impacts de la blockchain sur la supply chain.
Le coût de la fraude dans la supply chain alimentaire s’élèverait jusqu’à 40 milliards de dollars par an (étude Pwc, 2016). En 2013, le scandale de fraude à la viande de cheval a mis à nouveau en lumière les carences du système de traçabilité alimentaire dans toute l’Europe. Les affaires de ce type sont récurrentes dans l’industrie agroalimentaire (affaire du lait frelaté chinois en 2008, etc.) et témoignent toutes d’un manque de transparence des chaînes logistiques du secteur.
La blockchain, en tant que registre distribué, transparent et incorruptible, peut justement aider à lutter contre l’opacité de ces supply chains, et à aboutir à des diagnostics bien plus rapides sur les sources de contamination. Le vice-président de la sécurité alimentaire de Walmart affirme même que cette technologie pourrait représenter « le Graal » de la supply chain. (…) Les chaînes logistiques reposent encore aujourd’hui très souvent sur des documents papiers qui sont sources d’inefficience et favorisent la fraude. A l’avenir, elles sont appelées à devenir de plus en plus numérisées. La blockchain peut constituer, demain, l’infrastructure dominante des chaînes logistiques numériques.
Un enjeu clef résidera dans le lien entre monde physique et monde virtuel. C’est pourquoi l’association des technologies blockchain et de l’Internet des Objets (IoT) via des capteurs sensoriels est particulièrement cruciale, si ce n’est indispensable, pour tirer pleinement partie des atouts de la blockchain – qui n’est rien d’autre qu’un registre – pour la supply chain.
De façon générale, la blockchain est pertinente en supply chain dans les situations où différents acteurs n’ayant pas les mêmes intérêts, ou ne se faisant pas forcément confiance a priori, doivent collaborer ensemble. Elle permet de responsabiliser ces acteurs vis-à-vis des inscriptions qu’ils effectuent dans le registre.
La blockchain ne résoudra pas l’ensemble des défis de fraude et de traçabilité, mais permettra, grâce à sa transparence et son intégrité, de contribuer fortement à lutter contre les fraudes et les erreurs (…).
Au-delà de ces aspects, la blockchain peut permettre à l’avenir à une entreprise de faire de sa supply chain un véritable argument marketing, si cette supply chain est rendue transparente et fiable par la technologie. Une marque qui utiliserait la blockchain pourrait voir s’améliorer significativement la confiance des consommateurs envers l’authenticité de ses produits. Pensons ainsi au Made in France, aux produits locaux, ou aux produits respectant d’autres normes spécifiques (bio, etc.) ». (Source : Blockchain Partner).