Eleveur bovin, un métier à réinventer !
En Novembre 2010, les éleveurs ont commencé à tirer la sonnette d’alarme en bloquant 10 des 26 abattoirs de Bigard-Socopa (40% du marché français de l’abattage et 70% du steak haché). Ils réclamaient une hausse de prix de 60 cts / kg mais n’ont obtenu que 2 à 5 cts.
En Novembre 2010, les éleveurs ont commencé à tirer la sonnette d’alarme en bloquant 10 des 26 abattoirs de Bigard-Socopa (40% du marché français de l’abattage et 70% du steak haché). Ils réclamaient une hausse de prix de 60 cts / kg mais n’ont obtenu que 2 à 5 cts. Il est donc prévisible d’entendre parler de la crise de la filière bovine dans le cadre du Salon International de l’Agriculture qui se déroulera du 19 au 27 février à Paris. Car, oui, il s’agit bien d’une crise ! Les producteurs se plaignent de la stagnation des prix à la production depuis plus d’une décennie alors que parallèlement les consommateurs trouvent la « viande rouge » de plus en plus chère et s’en détournent. L’augmentation des prix à la production est causée par l’envolée du prix d’achat des intrants. Ainsi, en 2008, leur prix moyen pour la production de viande bovine a crû fortement, principalement sous l’effet de l’augmentation du prix des aliments, liée à celle des céréales. Il a ensuite diminué en 2009 sans revenir au niveau antérieur et a entamé une nouvelle hausse en 2010. A titre d’exemple, en six mois, le maïs grain est passé de 152 à 207 € la tonne et les tourteaux soja-céréales de 199 à 260 € la tonne. Ainsi, certains éleveurs, malgré les aides européennes qui constituent 50% de leur revenu, parviennent péniblement à atteindre 10 000 € de bénéfice net par an, soit 800 € / mois !
Le gouvernement est conscient de cette crise et compte bien prendre des mesures pour l’enrayer. En décembre dernier, le Ministère de l’Agriculture a publié son rapport Préliminaire, « Prix et marges dans la filière viande bovine », réalisé par L’Observatoire de la formation des Prix et des Marges des produits alimentaires. Cette première étape, qui devra être par la suite approfondie, met en évidence 3 points majeurs :
- la difficulté de l’étude de cette filière de désassemblage pour laquelle l’industrie et la distribution sont intimement liées,
- le prix d’achat à l’éleveur ne lui permet pas de couvrir ses charges,
- l’augmentation des prix à la consommation est due à la fois à la consommation de produits plus élaborés et au transfert de l’augmentation des charges de l’industrie et des distributeurs (contraintes environnementales et sanitaires plus fortes) vers le consommateur final.
Par conséquent, au sein de la filière, les éleveurs sont les seuls acteurs à ne pas avoir pu répercuter dans leur prix de vente l’augmentation de leurs coûts de production ! C’est donc naturellement sous la huée de 400 éleveurs, que le ministre Bruno LeMaire a été accueilli le 03 février dernier, au palais des expositions d’Autun. Il y a « promis » une hausse prochaine des prix en grande surface au profit des producteurs. Cependant, cette promesse ne permet pas d’assurer que les profits de l’aval de la filière soient équitablement répartis avec les producteurs. Les éleveurs et le Ministère ont imaginé une solution pour pérenniser l’activité agricole : l’établissement de contrats de commercialisation pluri-annuels, mais l’aval de la filière s’y oppose. Ainsi, deux autres solutions sont envisagées par les éleveurs : l’organisation et le développement de « circuits courts » mais aussi, à l’instar des allemands, la création de groupements d’intérêts économiques à l’export car il est bien connu que l’ « union fait la force ». M.L. de PBCSoft.
Vous souhaitez en savoir plus : la synthèse de l’étude du Ministère est disponible ici.
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