Marché de l’œuf : Une demande en plein essor !
L’œuf n’a jamais été aussi prisé par les Français ! En 2023, la consommation moyenne par habitant a atteint 224 œufs, un record inégalé depuis vingt ans. Cet engouement s’explique par ses qualités nutritionnelles, son accessibilité économique et sa polyvalence en cuisine. Source de protéines animales à bas prix, l’œuf s’impose comme un incontournable dans l’assiette des Français, traversant …

L’œuf n’a jamais été aussi prisé par les Français ! En 2023, la consommation moyenne par habitant a atteint 224 œufs, un record inégalé depuis vingt ans. Cet engouement s’explique par ses qualités nutritionnelles, son accessibilité économique et sa polyvalence en cuisine. Source de protéines animales à bas prix, l’œuf s’impose comme un incontournable dans l’assiette des Français, traversant toutes les générations et toutes les habitudes alimentaires.
En outre, la place croissante des régimes alimentaires flexitariens et végétariens a renforcé la demande pour des alternatives riches en protéines. L’œuf, reconnu pour sa valeur nutritionnelle et son apport en acides aminés essentiels, est devenu un substitut de choix aux viandes et poissons. Il est aussi de plus en plus intégré dans des préparations culinaires innovantes, allant des plats traditionnels aux recettes gastronomiques végétariennes.
L’origine française, un critère de sélection essentiel
Le souci de la provenance est un facteur déterminant dans les achats. En effet, 89 % des consommateurs considèrent l’origine nationale comme un critère majeur. Le logo « Œufs de France » joue un rôle décisif, influençant positivement 75 % des acheteurs d’œufs frais et 76 % de ceux qui achètent des produits transformés contenant des œufs. Cette certification garantit une traçabilité et une qualité reconnues, renforçant la confiance des consommateurs et bénéficiant aux producteurs et distributeurs.
Cette exigence de transparence et de traçabilité reflète également une tendance sociétale plus large : le retour vers des produits locaux, perçus comme plus sains et écologiquement responsables. La production nationale limite l’empreinte carbone liée au transport et soutient l’économie locale, ce qui répond aux attentes des consommateurs soucieux de leur impact environnemental.
Une croissance soutenue des ventes
Malgré un contexte économique tendu, les ventes en magasin ont augmenté de 3 % en 2023 par rapport à l’année précédente. L’essor est particulièrement marqué pour les œufs de poules élevées au sol (+22,4 %) et en plein air (+13,2 %, hors Label Rouge). Cette dynamique s’accélère encore en 2024 avec une progression de +4,4 % sur les huit premiers mois de l’année, notamment grâce aux œufs d’élevages au sol (+9,3 %) et en plein air (+7,7 %).
Derrière ces chiffres, plusieurs facteurs entrent en jeu. La prise de conscience des consommateurs sur le bien-être animal a poussé la demande vers des œufs issus de systèmes alternatifs aux cages. De plus, l’augmentation de la consommation de préparations industrielles contenant des œufs (plats préparés, pâtisseries, sauces) a contribué à cette croissance.
Des prix en baisse pour soutenir la consommation
Face à la hausse de la demande, la filière a réussi à répercuter une partie de la baisse des coûts de production sur les prix de vente. Entre janvier et août 2024, le prix moyen des œufs de poules élevées au sol a diminué de 2 %, tandis que ceux des œufs de plein air ont baissé de 1,8 %. Ce repositionnement tarifaire a renforcé leur accessibilité et consolidé leur statut d’aliment « anti-crise ».
Dans un contexte où le pouvoir d’achat est une préoccupation majeure, les œufs apparaissent comme un produit refuge. Aujourd’hui, 71 % des Français considèrent les œufs comme un produit essentiel en période de difficulté économique, et 87 % les perçoivent comme une alternative abordable aux autres sources de protéines animales.
Une production nationale sous pression
Avec 14,9 milliards d’œufs produits en 2023 (+4 % par rapport à 2022), la France redevient le premier producteur d’Europe devant l’Espagne et l’Allemagne. Toutefois, cette production peine à suivre la demande croissante. Le taux d’auto-approvisionnement, bien qu’en hausse à 99,1 %, reste insuffisant pour garantir une autosuffisance durable et maintenir des exportations fluides.
Des exportations en hausse, mais sous pression
En 2023, le déficit commercial s’est réduit à -24 000 tonnes et -55 millions d’euros, contre -49 000 tonnes et -91,7 millions d’euros en 2022. Les exportations d’ovoproduits ont bondi de 30 % en 2024, principalement vers le Royaume-Uni et l’Italie. Néanmoins, la concurrence des importations, notamment des œufs ukrainiens, inquiète. Ces produits, issus de systèmes de production aux coûts inférieurs et aux normes plus souples, pourraient fragiliser la production nationale. En effet, une production française d’œufs insuffisante constitue une porte ouverte aux importations, ne respectant ni les mêmes normes environnementales et sociales, ni la même réglementation sur le bien-être animal appliquées par les œufs en France.
Malgré le mécanisme d’urgence déclenché par l’UE appliquant des droits de douane depuis juin sur les importations ukrainiennes, force est de constater leur développement. La France pourrait ainsi rapidement devenir la destination privilégiée d’œufs ukrainiens. Si les professionnels des Œufs de France sont solidaires des Ukrainiens, ils ne peuvent cependant pas accepter la concurrence d’œufs à bas coût, non soumis aux mêmes contraintes que leurs produits et demandent le contrôle systématique par les autorités sanitaires françaises des œufs importés à l’identique des contrôles effectués sur les œufs français. Les œufs et ovoproduits ukrainiens arrivent en effet massivement sur le territoire de l’Union européenne. En 2023, les quantités importées par l’Union européenne ont progressé de +108 % vs 2022, pour atteindre près de 50 000 tonnes (équivalent œuf coquille – teoc) sur l’année. De janvier à début septembre 2024, les importations européennes en provenance d’Ukraine ont déjà progressé de +35 % par rapport à la même période l’an passé.
Restauration et entreprises agroalimentaires : Plus de la moitié des ovoproduits issus de poules élevées en systèmes alternatifs

Sur le marché des entreprises agroalimentaires et de la Restauration Hors Domicile, la production d’ovoproduits à base d’œufs de poules élevées en cages aménagées est devenue minoritaire en 2022, représentant 47 % des ovoproduits. À l’instar de 2022, les ovoproduits restent fabriqués à 53 % à partir d’œufs issus d’élevages alternatifs (47 % en 2021 ; 36 % en 2019). Ils sont majoritairement achetés par l’industrie, à 78 %, devant la restauration qui en consomme 22 %.
Les ovoproduits de « première transformation » sont simplement issus du cassage des œufs. On retrouve donc le blanc, le jaune et l’entier sous forme liquide, congelée ou en poudre. Ces ingrédients sont majoritairement utilisés par les entreprises agroalimentaires ; Les ovoproduits de « seconde transformation » sont soit des œufs cuits, des ovoproduits formulés et/ou cuisinés. Dans ce cas, ils sont utilisés directement par les cuisiniers de la restauration. La fabrication des ovoproduits suit des processus stricts, garantissant une qualité optimale à ces produits naturels. Pour se transformer en ovoproduits, les œufs coquilles passent par différentes étapes. Ils sont cassés, clarifiés, filtrés, homogénéisés, pasteurisés et refroidis.
Vers une production plus responsable
L’empreinte écologique de la production avicole est une question clé pour l’avenir du secteur. La gestion des effluents, la consommation d’eau et les émissions de gaz à effet de serre nécessitent des améliorations continues. Les éleveurs investissent dans des systèmes plus performants, notamment en matière d’alimentation des volailles et de gestion des déchets.
Un axe de recherche majeur concerne l’alimentation des volailles. L’utilisation d’insectes comme source de protéines, le développement d’aliments à base de légumineuses locales ou encore l’optimisation des rations pour limiter le gaspillage sont autant d’initiatives en cours. L’objectif est d’assurer une alimentation plus durable et respectueuse des ressources.
Les attentes des consommateurs et les évolutions réglementaires poussent la filière vers une plus grande responsabilité. La certification « Œufs de France » garantit déjà une traçabilité exemplaire, mais les acteurs du secteur travaillent aussi sur des engagements environnementaux renforcés, comme la réduction de l’usage d’antibiotiques et l’amélioration des conditions d’élevage.
300 nouveaux poulaillers d’ici 2030 : un enjeu stratégique
Face à cette situation, la filière avicole française a décidé de mettre en place un plan stratégique pour atteindre une autosuffisance totale. Ce projet inclut la construction de 300 nouveaux poulaillers d’ici 2030, un investissement estimé à 300 millions d’euros.
Le Plan 2030 de la filière française des œufs constitue une réponse structurée aux défis actuels et futurs. En conjuguant souveraineté alimentaire, durabilité, cohésion et innovation, les professionnels du secteur ambitionnent de renforcer leur position sur le marché tout en garantissant des pratiques responsables et adaptées aux attentes des consommateurs.
Une transition vers des systèmes alternatifs
Dans un souci de bien-être animal, la filière ambitionne d’atteindre 90 % de poules élevées en systèmes alternatifs à la cage d’ici 2030. En 2023, 73 % des poules étaient déjà élevées ainsi, contre 67 % en 2021 et 53 % en 2019.
Parmi les mesures clés, on retrouve la simplification des démarches administratives et protéger les éleveurs face aux pressions extérieures, la valorisation des métiers de la filière par des actions de sensibilisation et d’information ; le maintien des activités des couvoirs et la protection des sites stratégiques, l’amélioration de la répartition géographique des infrastructures de la filière et le renforcement de la traçabilité et garantir l’origine française des œufs avec le label “Œufs de France”.
L’engagement environnemental et sociétal de la filière se traduit par plusieurs initiatives dont 90 % des poules pondeuses élevées dans des systèmes alternatifs (sol, plein air, bio) d’ici 2030, l’extension de l’usage de l’application “EBENE” pour évaluer et améliorer le bien-être animal ; la poursuite de l’ovosexage pour éviter l’élimination des poussins mâles ; la décarbonation du secteur via l’optimisation de l’alimentation animale et le développement des énergies renouvelables ; l’intégration de la biodiversité avec la plantation de haies et d’arbres sur les parcours extérieurs ; et la mise en place de systèmes de surveillance sanitaire et promotion de la vaccination contre les salmonelles.
Renforcement des liens entre acteurs de la filière
Le Plan 2030 met un accent particulier sur la coopération et la communication entre les différents acteurs de la filière avec notamment l’inclusion de nouveaux membres au sein du CNPO (Restauration Hors Domicile, entreprises agroalimentaires, etc.) , un dialogue renforcé avec les ONG et associations de consommateurs et la promotion des atouts nutritionnels et économiques de l’œuf, la source de protéines animales la plus accessible.
Pour assurer sa pérennité, la filière mise sur l’innovation avec la modernisation des infrastructures et l’adoption de nouvelles technologies, la recherche et le développement pour optimiser la production et la transformation des œufs ainsi que la diversification des débouchés, notamment dans la diététique et la nutrition sportive.
Un secteur en mutation
Parce que le marché de l’œuf évolue rapidement sous l’effet de la demande des consommateurs et des exigences réglementaires, la modernisation des infrastructures, l’innovation en matière de production et la diversification des produits transforment le paysage avicole français. Grâce à une stratégie ambitieuse et des engagements concrets, la filière avicole française se donne les moyens de garantir une production durable et de qualité. L’investissement massif et la construction de nouveaux poulaillers témoignent d’une volonté forte d’assurer la souveraineté alimentaire et la pérennité du secteur. À l’avenir, les défis liés à l’environnement, à la compétitivité et à la consommation responsable seront déterminants pour le développement de cette industrie essentielle à l’alimentation des Français.
(Source : CNPO, ITAVI, SNIPO, Kantar Worldpanel pour FranceAgrimer)