Si la crise financière actuelle a de nombreuses conséquences dramatiques, une crise peut être létale.
Les medias commentent depuis 3 ans les difficultés de certains Etats souverains qui sont confrontés au surendettement et aux conséquences désastreuses qu’il entraine pour leur population. Néanmoins, sauf erreur de ma part, même déclaré en faillite, aucun Etat n’a jamais disparu pour une telle raison.
Les medias commentent depuis 3 ans les difficultés de certains Etats souverains qui sont confrontés au surendettement et aux conséquences désastreuses qu’il entraine pour leur population. Néanmoins, sauf erreur de ma part, même déclaré en faillite, aucun Etat n’a jamais disparu pour une telle raison.
Par contre, une crise peut être fatale pour une entreprise et conduire à sa liquidation pure et simple. Les tribunaux de commerce décident d’ailleurs fréquemment des liquidations judiciaires, y compris d’entreprises agroalimentaires (par exemple de Flodor, ancien leader français des chips, de la Charcuterie des Flandres). Ils nomment alors un liquidateur judiciaire qui a pour mission de transformer tous les actifs en argent à répartir entre les créanciers…
Les risques de crise grave pour une entreprise sont nombreux et variés. La gravité de leur impact potentiel tient évidemment à l’état de santé général de celle-ci lorsque survient l’événement générateur de la crise et/ou s’il implique l’un de ses éléments stratégiques de son modèle économique. On peut citer, sans que cette liste soit exclusive :
- la destruction accidentelle ou malveillante d’une partie importante de l’outil physique de production ou du système d’information
- la perte d’un client qui représente un part importante des débouchés et entraine une réduction brutale du chiffre d’affaires
- la couverture insuffisante d’un risque accidentel majeur devenu réalité
- un accident industriel dans le voisinage qui impacte l’environnement sans que le responsable ait la capacité d’en assumer les conséquences
- la prise de contrôle d’un important partenaire par un groupe concurrent qui lui interdit de prendre toute initiative pour se défendre
- l’acquisition d’une minorité de blocage par des investisseurs afin de contester la légitimité des gestionnaires, prélude à de graves conflits internes
- la monopolisation des sources d’approvisionnement de matières premières stratégiques, réquisition publique ou embargo politique, autant de situations qui aliènent la liberté de choix des fournisseurs et limitent la capacité de négociation
- la flambée des prix internationaux des matières premières sans pouvoir les répercuter à l’aval de la chaine de valeur
- le gel sur une longue durée des capacités d’approvisionnement et/ou de livraison du fait d’une grève de transporteurs
- l’apparition d’un concurrent qui maîtrise une nouvelle technique beaucoup plus performante et/ou qui met en œuvre une stratégie de conquête du marché très agressive avec des moyens importants
- la prise de risques inconsidérés par des cadres qui outrepassent leurs mandats et qui sont incapables d’en assumer les conséquences
- l’affectation excessive des ressources financières propres sur des produits très spéculatifs
- la perte de confiance des créanciers
- des comportements délictueux de cadres dirigeants et détournement des ressources financières
- une croissante incontrôlée qui assèche la trésorerie et met l’entreprise en cessation de paiement
- la diffusion anonyme massive de fausses rumeurs
- une campagne agressive de militants qui accusent l’entreprise et ses partenaires de comportements contraires aux règles éthiques et/ou étant dommageables pour l’environnement dans le but de nuire à sa notoriété
- des actions malveillantes telles que la communication d’informations stratégiques à des concurrents, sabotage, piratage…
- le débauchage de cadres et techniciens salariés détenteurs d’un savoir-faire stratégique
Les risques spécifiques aux entreprises agroalimentaires
En plus de ces risques communs à tous les secteurs, les entreprises agroalimentaires encourent des risques spécifiques qui sont liés à la nature périssable de leurs matières premières, ainsi qu’au lien psychologiquement sensible entre la qualité des produits commercialisés et la santé des consommateurs. La sensibilité de ceux-ci est d’ailleurs telle que la réglementation nationale et les normes internationales définissent ce qui est admissible ou non.
Au cours des derniers mois, des entreprises ont été confrontées dans le monde aux graves conséquences d’une découverte dans les matières premières ou les produits commercialisés d’éléments nocifs :
- Clostridium botulinum
- Campylobacter
- listeria E.Coli
- mycotoxines
- Salmonella
- Staphylocoques
Mais aussi de
- métaux (limaille de fer, mercure)
- résidus massifs de pesticides
- additifs de substitution toxiques (mélanine, clenbuterol, DEHP, DINP…)
- PCB et dioxine
- Résines plastiques
- Bris de verre
- Peinture d’emballage diffusée dans le contenu
- Produits non autorisés malgré une allégation religieuse de licité
- Césium radioactif
- Résidus médicamenteux (antibiotiques, vitamines)
- Résidus de solvants (propane 2)
- Plantes médicinales toxiques
- Urée et nitrates en excès
- Antigel toxique
Nombre d’entreprises concernées ont été liquidées en quelques mois après la publication de la découverte de ces éléments, les distributeurs les écartant très rapidement de leur liste de fournisseurs.
Par ailleurs, un épisode de crise sanitaire chez un producteur peut inquiéter les clients des confrères qui exercent une activité comparable et impacter leur chiffre d’affaires. Ceci a ainsi conduit le groupe Lactalis à abandonner la référence au lait cru pour certains fromages à trop grand risque « listeria ».
Une autre des spécificités de l’alimentation est l’existence d’interdits religieux et/ou traditionnels aux yeux de certains consommateurs. Ces interdits entrainent des exigences drastiques de traçabilité le long de la chaîne alimentaire. Le risque pour l’entreprise est alors de perdre définitivement les clients adeptes de la religion concernée pour toute sa gamme de produits.
La responsabilité des cadres étant d’anticiper sur les risques et leurs conséquences, la Commission Internationale des Industries Agricoles et Alimentaires leur rappelle l’importance de se former sur ces thématiques.
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