Le plan de bataille d’Agro’Novae Industrie pour traverser la crise énergétique
Crise énergétique et hausse des prix, tel est le défi posé aux industriels responsables. A savoir : comment maintenir une production de qualité sans répercuter intégralement la hausse des coûts sur le consommateur final ? Comment moins dépendre des fluctuations de la conjoncture pour mieux piloter son activité ? Pour Yves Faure, dirigeant fondateur d’Agro’Novae, manufacture fabriquant des confitures et …
Crise énergétique et hausse des prix, tel est le défi posé aux industriels responsables. A savoir : comment maintenir une production de qualité sans répercuter intégralement la hausse des coûts sur le consommateur final ? Comment moins dépendre des fluctuations de la conjoncture pour mieux piloter son activité ? Pour Yves Faure, dirigeant fondateur d’Agro’Novae, manufacture fabriquant des confitures et compotes Bio sous la marque « Les Comtes de Provence », la feuille de route est lancée !
Contrebalancer la hausse des prix et les effets de la crise énergétique
La PME industrielle de 40 collaborateurs dans les Alpes de Haute Provence, s’engage depuis plus de 3 décennies à offrir un produit de qualité, bio, commercialisé en Grande Distribution à un prix accessible au grand public.
Face à la nouvelle équation de ces derniers mois amenée par la crise énergétique et l’inflation, son dirigeant n’a pas hésité à mettre toutes les variables dans la balance pour garder une valeur inchangée : celle du prix final.
Le prévisionnel signalait à partir de janvier 2023 une véritable urgence économique, laissant supposer une multiplication par 10 des coûts liés aux dépenses d’électricité et de gaz. En effet les contrats de l’entreprise avec son fournisseur Engie se finissaient au 31 décembre 2022. De quoi faire basculer une PME-PMI solide si aucune mesure n’avait été prise. Pour faire face, le dirigeant a décidé de s’attaquer à sa consommation d’énergies et de réduire l’impact de son activité sur l’environnement. Conscient de ces enjeux dès 2021, il a mis en œuvre un ensemble de mesures en 2022 et poursuit sa stratégie sur 2023. Ce plan de bataille doit permettre à Agro’Novae de conserver le niveau de qualité de sa production, sans répercuter intégralement la hausse des coûts sur les consommateurs, déjà victimes de l’inflation actuelle sur de très nombreux postes de consommation dont les produits alimentaires.
Une consommation de gaz réduite
Yves Faure et son équipe s’orientent tout d’abord vers une optimisation des process industriels de leur entreprise. Ils innovent au sein de leur atelier de production en installant des échangeurs thermiques. Ce procédé permet de récupérer la chaleur fatale, celle que l’on perd normalement à différents endroits de la chaîne de production (au niveau des groupes froids des chambres de conservation des fruits, des moteurs, des compresseurs ou encore des chaudières gaz produisant la vapeur nécessaire à la cuisson) pour la réutiliser utilement sur les points consommateurs de calories (eaux de nettoyage ou circuit de préchauffage des chaudières par exemple), dans une boucle fermée.
Les temps de travail sur la production réorganisés
Depuis cet automne également, le choix a été fait de réorganiser le planning hebdomadaire des équipes de production. L’enjeu : réduire la consommation énergétique de gaz induite par la mise en route des équipements industriels, formant des pics à chaque redémarrage : et gagner ainsi en efficience sur une journée de travail. La semaine de 4 jours a donc été instaurée auprès des salariés. « Cette nouvelle organisation permet de consacrer une journée par semaine à la maintenance des machines et des bâtiments de l’entreprise et d’en améliorer ainsi la productivité et la fiabilité. Indispensable dans une entreprise de production industrielle qui doit livrer ses clients de la Grande Distribution à J+5 tout au long de l’année », explique le gérant.
L’auto-consommation électrique pour réduire sa dépendance énergétique
Fin 2022, Yves Faure a aussi fait le choix d’installer des panneaux photovoltaïques producteurs d’électricité sur le toit de son unité industrielle située près de Manosque. Grâce au soleil de Provence, Agro’Novae couvre désormais environ 20% de ses besoins en autoproduction, diminuant ainsi sa dépendance aux fluctuations tarifaires et aux possibles ruptures de fourniture d’énergie. Une première tranche qui sera suivie en 2023 par une deuxième, avec à la clé un objectif de 40 à 50% d’autoproduction, grâce à la couverture d’un tiers de la toiture de l’entreprise (soit environ 1800 m2). Agro’Novae ayant une politique de Responsabilité Sociétale et Environnementale structurée et certifiée PME+, pour ces travaux elle a mandaté une entreprise de proximité (Sebalyo Solar- 04) dans une logique de dynamisation du tissu économique local et de partage de la valeur ajoutée créée.
Implication de l’ensemble du personnel
L’ensemble de ces investissements a été accompagné d’une stratégie managériale responsable. Le personnel est pleinement impliqué et accompagné dans l’application de nouvelles mesures d’économie : le chauffage des bureaux est régulé sur 19°, la zone de production n’est plus chauffée mais l’entreprise a investi dans des tenues adaptées pour les salariés, les portes sont scrupuleusement refermées etc. ! En temps réel, les économies réalisées sur les factures de gaz et d’électricité sont communiquées sur les panneaux d’affichage, les écrans de production, lors de réunions ou d’échanges informels. La stratégie déployée est déjà payante : depuis le début de l’année, l’entreprise peut se féliciter d’une réduction de 34% sur la consommation de gaz et de 25% sur l’électricité, les mois d’hiver étant ceux de plus forte consommation énergétique.
Les inquiétudes demeurent quant aux aides de l’Etat
Mais des inquiétudes demeurent, notamment relatives aux aides de l’Etat qui tardent à se mettre en place ou ne répondent pas toujours à la réalité du « terrain ». Si l’amortisseur électricité est calculé directement sur les factures et représente 25% du seul coût de l’électricité, le retard à la mise en œuvre du guichet unique concernant le gaz a de grosses conséquences sur la trésorerie de l’entreprise : cette dernière doit en effet régler les factures à son fournisseur au prix du marché du mois écoulé, sans savoir si elle sera éligible aux aides annoncées par le gouvernement, et si oui, à hauteur de combien. Yves Faure déplore ces difficultés qui viennent encore compliquer le pilotage de sa PME industrielle, dans des temps marqués par une instabilité sur de nombreux postes et notamment l’approvisionnement et les prix des matières premières… et le coût exorbitant du transport.
Même pour une PME ayant une politique RSE structurée, membre de la French Fab et aidée par BPI France et ses banques, un équilibre doit être trouvé entre les nécessaires investissements en matière de transition écologique et les investissements industriels impératifs qui doivent être menés sur l’outil de production. Encore une équation à plusieurs inconnues que les industriels français doivent résoudre et que le gouvernement doit intégrer dans sa volonté de soutenir le secteur. L’entreprise a obtenu en 2014 le prestigieux label d’Entreprise du Patrimoine Vivant (EPV) décerné par l’Etat entreprise du patrimoine vivant en reconnaissance d’un savoir-faire d’excellence français.
Agro’Novae Industrie démontre ainsi à nouveau que la conscience environnementale et sociétale n’est pas réservée aux grands groupes, et que chaque PME-PMI peut trouver le moyen de contribuer au respect de l’environnement et du consommateur. Un exemple inspirant.
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