L’agroalimentaire au service du redressement productif.
Agro-media.fr vous propose de découvrir l’interview croisée donnée par les deux ministres de l’Agriculture et de l’Agroalimentaire en fin de semaine dernière, à l'occasion du lancement du SIAL.
Agro-media.fr vous propose de découvrir l’interview croisée donnée par les deux ministres de l’Agriculture et de l’Agroalimentaire en fin de semaine dernière, à l’occasion du lancement du SIAL.
Décentralisation, Banque publique d’investissement, conquête des marchés à l’international… Stéphane Le Foll, ministre de l’agriculture, de l’agroalimentaire et de la forêt et Guillaume Garot, ministre délégué en charge de l’agroalimentaire, présentent les grands axes de leur action.
C’est votre premier Sial. Quel regard portez-vous sur l’agroalimentaire ?
Stéphane Le Foll : L’agroalimentaire est l’un des atouts majeurs de notre pays. La France s’appuie sur ce secteur pour rééquilibrer notre balance commerciale, beaucoup trop déficitaire aujourd’hui. C’est un secteur économique à gros potentiel, avec plus de 400 000 emplois, 150 milliards d’euros de chiffre d’affaires et une balance commerciale globalement excédentaire. Peu de secteurs peuvent se targuer d’un tel résultat ! Nous devons cependant continuer à le développer, car nous avons des forces — l’image de la France, la qualité des produits — mais aussi des faiblesses, notamment dues à la taille encore trop petite de beaucoup d’entreprises. Lors du lancement des rencontres régionales de l’agroalimentaire, nous avons senti une vraie attente de la part des acteurs de l’agroalimentaire pour construire, ensemble, une stratégie d’avenir. Ces rencontres, qui déboucheront au printemps sur un plan stratégique, sont la première déclinaison du pacte État-Région voulu par le président de la République. L’appui des régions est essentiel pour soutenir les TPE et PME, car pour être réactif et efficace il faut être au plus près du terrain. Nous intervenons à la fois sur une dimension stratégique nationale et sur une application décentralisée.
Guillaume Garot : C’est aussi cette coopération qui prévaut dans la mise en œuvre de la future Banque publique d’investissement (BPI). Au-delà de cette approche territoriale, nous avons défendu la prise en compte de la dimension « filière » dans les missions de la BPI : le soutien aux filières stratégiques pour la France, notamment la filière agroalimentaire, doit être au cœur de la doctrine d’intervention de la BPI. Dotée de 40 milliards d’euros, la BPI dont seront actionnaires l’État et la Caisse des dépôts (CDC) devrait regrouper Oseo, le Fonds stratégique d’investissement, CDC entreprise, et être articulée avec les fonds des régions, avec une place importante donnée aux régions dans la gouvernance nationale et locale.
Quelle stratégie internationale pour les PME françaises ?
Guillaume Garot : Nous avons d’évidentes marges de progression. Notre balance commerciale agroalimentaire est certes positive, mais cela n’est dû qu’à quelques secteurs très porteurs : les vins, les spiritueux, le lait et les céréales. Nous sommes en grande fragilité sur d’autres. Je pense en particulier au porc et à la volaille —nous importons 40 % du poulet que nous consommons. Il faut déterminer une véritable stratégie de conquête à l’international, à la fois par zone, par filière et par produit. L’idée est d’accompagner les entreprises dans la durée, avec un parcours personnalisé, depuis leur territoire jusqu’au magasin dans la zone considérée. Pour cela, nous allons nommer dans chaque région un référent agroalimentaire qui sera chargé d’accompagner les petites entreprises notamment dans leur stratégie d’export. Nous devons aussi adopter une stratégie de la demande. Nous avons tendance, en France, à considérer que nous avons de bons produits, et que nous pouvons donc les exporter. Mais ces produits sont-ils adaptés aux goûts, aux traditions, aux cultures culinaires des zones où nous souhaitons être présents ? Pas nécessairement ! Une stratégie d’exportation ne se construit pas seulement vis-à-vis de l’offre, mais aussi en fonction de la demande, en adaptant les produits aux attentes des marchés, comme cela a été fait sur le foie gras au Japon. D’ailleurs, au fil du temps, les Japonais ont fini par revenir à un foie gras plus proche des goûts français.
L’agroalimentaire français en chiffres :
- 13 500 entreprises, 97 % de PME et TPE
- 415 000 emplois
- 41 milliards d’euros de chiffre d’affaires à l’export (57 milliards en incluant les produits agricoles)
- 14 % du total des exportations françaises, soit le double des exportations automobiles et 30 % de plus que les ventes d’avions.
Près de 10 000 emplois ne sont pas pourvus dans les industries agroalimentaires. Comment favoriser le recrutement ?
Stéphane Le Foll : Il y a des besoins énormes. Mais les métiers de l’agroalimentaire sont trop souvent subis, au sens où ils n’ont pas toujours été choisis par ceux qui les exercent. De nombreux dispositifs ont été mis en œuvre au fil des ans pour renforcer l’attractivité, nous allons les évaluer et mettre en place un plan avec l’enseignement agricole, en lien avec les régions. Insister sur la qualité des produits, sur le sens de la mission agroalimentaire, qui est de nourrir les hommes, me semble être de nature à redonner de la fierté et de la dignité à ces métiers. Il faut certainement que les professionnels fassent évoluer les conditions de travail dans certains cas. Mais le plus important est de revaloriser le travail manuel, ça me tient beaucoup à cœur.
Comment recréer un lien de confiance entre les consommateurs et les industriels ?
Guillaume Garot : C’est l’une des questions abordées lors des rencontres régionales de l’agroalimentaire. Les produits français sont considérés dans le monde entier comme des produits sûrs. Nous avons la chance de bénéficier d’un dispositif de sécurité sanitaire très performant, les Français peuvent être rassurés sur ce qu’ils mangent. Nous avons des processus de surveillance, de contrôle et de traçabilité de très haut niveau. Un retour d’expérience est fait à l’issue de chaque crise, ce qui permet de nous renforcer sans cesse. Les services de contrôle sanitaire sont sous assurance qualité ce qui implique un processus d’amélioration continue. Le travail n’est jamais terminé, nous poursuivons cette exigence de qualité alimentaire pour tous, synonyme pour nous de justice sociale. Je considère que la qualité, ce n’est pas seulement le bio. L’un des défis de l’agroalimentaire pour les années à venir est d’assurer, pour tous, une assiette pleine, une assiette saine.
Source : agro-media.fr avec alimentation.gouv.fr
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