Nanomatériaux : Mise en application par l’Anses sur le cas particulier du dioxyde de titane E171
L’Anses vient de publier le troisième volet de son expertise sur les nanomatériaux dans l’alimentation, à savoir une mise en application de la méthodologie « nanospécifique » élaborée par l’Anses sur le cas particulier du dioxyde de titane E171. En 2020, l’Anses a publié un premier avis sur les recommandations relatives à la réalisation d’une étude détaillée de la filière agroalimentaire. …
L’Anses vient de publier le troisième volet de son expertise sur les nanomatériaux dans l’alimentation, à savoir une mise en application de la méthodologie « nanospécifique » élaborée par l’Anses sur le cas particulier du dioxyde de titane E171.
En 2020, l’Anses a publié un premier avis sur les recommandations relatives à la réalisation d’une étude détaillée de la filière agroalimentaire. Dans un second avis publié en 2021, L’Anses a proposé une méthodologie d’évaluation des risques dite « nanospécifique », qu’elle vient de tester sur l’additif alimentaire E171, ou dioxyde de titane (TiO2), qui est le nanomatériau le plus étudié. Son usage dans l’alimentation est interdit en Europe depuis août 2022.
Cette application concrète de la méthodologie montre à la fois son bien-fondé et l’ampleur des données manquantes pour mener à bien une évaluation des risques adaptée aux nanomatériaux dans l’alimentation.
Les méthodologies conventionnelles ne sont pas toujours pertinentes pour évaluer les risques potentiels pour la santé des consommateurs des nanomatériaux utilisés dans l’alimentation. L’Anses a donc proposé en 2021 une méthodologie d’évaluation des risques dite « nanospécifique », qu’elle vient de tester sur l’additif alimentaire E171, ou dioxyde de titane (TiO2).
Une approche « nanospécifique » indispensable
Les nanomatériaux sont utilisés dans de nombreux produits alimentaires afin d’améliorer leur aspect, leur appétence ou encore pour faciliter l’absorption de certains nutriments. De par leurs caractéristiques (taille, morphologie, etc.), les nanomatériaux peuvent se diffuser dans l’organisme et s’accumuler dans certains organes sous forme de particules nanométriques. C’est la raison pour laquelle une approche « nanospécifique » est nécessaire pour évaluer les risques sanitaires potentiels associés à leur ingestion. En 2021, l’Anses a ainsi publié un guide scientifique pour évaluer spécifiquement le risque sanitaire relatif à la fraction nanométrique des nanomatériaux dans les produits destinés à l’alimentation.
Les nanomatériaux utilisés comme additifs alimentaires étaient précédemment évalués selon des méthodologies standards, mais celles-ci ne prenaient pas en compte les particularités de l’échelle nanométrique. En effet, si elles ne sont pas dissoutes dans le système digestif, les nanoparticules présentent des propriétés et des comportements dans l’organisme différents de ceux observés avec des substances conventionnelles. L’approche nanospécifique proposée par l’Anses permet d’intégrer ces particularités pour une évaluation plus adaptée.
Premier test d’application sur l’additif alimentaire E171
La méthodologie établie en 2021 vient d’être testée sur l’additif alimentaire E171 ou dioxyde de titane (TIO2), nanomatériau pour lequel les données sont les plus nombreuses. Ce test confirme la pertinence de la méthodologie de l’Anses et le besoin d’une approche nanospécifique. Il a permis de calculer des niveaux d’exposition pour différentes populations et d’identifier plusieurs effets potentiels sur la santé.
Cette application à un nanomatériau précis a également montré le chemin restant à parcourir pour disposer de toutes les données toxicologiques nécessaires afin d’évaluer correctement un nanomatériau. Il n’a en effet pas été possible de mener à terme l’évaluation des risques de l’additif E171 en l’absence de certaines donnés. «Les experts ont identifié l’ensemble des données qui devront être produites sur ce nanomatériau, elles concernent la toxicité générale, la génotoxicité, la cancérogénicité, la neurotoxicité ou encore la toxicité pour la reproduction et le développement», explique Bruno Teste, coordinateur de l’expertise et chargé de projets scientifiques au sein de l’unité d’évaluation des risques liés aux aliments de l’Anses.
Du fait de ce constat, l’Anses réitère sa recommandation de limiter l’exposition des travailleurs et des consommateurs aux nanomatériaux tant que leur innocuité n’a pu être démontrée, et d’éviter de même la dispersion de ces particules dans l’environnement. Pour cela, l’Agence recommande de favoriser les produits dépourvus de nanomatériaux et équivalents en termes de fonction, d’efficacité et de coût.
L’Agence va travailler avec ses homologues, notamment l’Autorité européenne de sécurité des aliments (Efsa), pour faire progresser les méthodologies d’évaluation du risque et harmoniser les protocoles de tests relatifs à la caractérisation physico-chimique et à la toxicologie des nanomatériaux. L’Efsa avait publié en 2018 un guide relatif à l’évaluation des dossiers portant sur des applications de type additifs alimentaires, pesticides ou matériaux au contact des denrées alimentaires en nanosciences ou nanotechnologies. Si les méthodologies élaborées par l’Efsa et l’Anses reposent sur des concepts et des méthodologies d’évaluation du risque globalement proches, l’approche de l’Anses propose des déclinaisons spécifiques, en lien avec les définitions règlementaires des nanomatériaux, les mesures de la taille des particules, les propriétés de dissolution et l’identification du danger.
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