Industrie agroalimentaire: les grands défis à poursuivre en 2020
Le secteur agroalimentaire représente le quatrième secteur de l’industrie manufacturière du point de vue des émissions de gaz à effet de serre. Selon une étude de l’Insee, environ un quart des entreprises agroalimentaires de plus de 20 salariés estiment que leur activité a un impact jugé « fort » ou « très fort » sur l’environnement. A l’inverse, près …
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Le secteur agroalimentaire représente le quatrième secteur de l’industrie manufacturière du point de vue des émissions de gaz à effet de serre. Selon une étude de l’Insee, environ un quart des entreprises agroalimentaires de plus de 20 salariés estiment que leur activité a un impact jugé « fort » ou « très fort » sur l’environnement.
A l’inverse, près de 14% d’entre elles pensent que l’impact de leur activité est nul ou très faible. Les entreprises agroalimentaires estiment que les impacts concernent en premier lieu l’eau (ressource et pollution), la production de déchets et la pollution des sols. En dehors du respect du cadre législatif et réglementaire, près de la moitié des entreprises mettent en place des démarches volontaires en lien avec leur démarche RSE.
Pour le secteur agroalimentaire celles-ci concernent le plus fréquemment le processus de production, et peuvent se traduire par une gestion économe des ressources (matières premières ou eau) et une amélioration de l’efficacité énergétique ou de la préservation de la biodiversité. Une large palette de produits ou d’énergies biosourcés est déjà disponible sur les marchés, ou en développement.
Produire encore plus d’énergies renouvelables
Les entreprises agroalimentaires transforment des ressources agricoles en produits ou ingrédients alimentaires. Afin de maximiser la valorisation de toutes les fractions de matière, la production alimentaire peut être couplée à une production de bioénergies. Le débouché énergétique permet également de diversifier les usages des ressources agricoles, sécurisant ainsi les filières.
La production de produits alimentaires tels que le sucre, les produits amidonniers ou encore les huiles végétales alimentaires peut permettre en parallèle la production de biocarburants.
Des distilleries peuvent en effet être implantées à proximité de sucreries ou d’amidonne- ries.
Elles transforment les résidus de ces industries agroalimentaires (mélasse et amidon résiduel) ainsi qu’une partie de la production sucrière ou céréalière en bioéthanol, qui sera ensuite incorporée dans l’essence. En 2017, la production française de bioéthanol est de 10,1 Mhl. Les sucriers et les amidonniers (Cristal Union, Tereos, Roquette) en sont les principaux producteurs en France.
Par ailleurs, une partie des huiles végétales extraites des oléagineux (colza, tournesol) est estérifiée pour produire du biogazole, qui sera ensuite incorporé dans le gazole.
La filière Saipol d’Avril est le premier producteur français de biogazole. Du biogazole peut également être issu d’huiles de cuisson usagées ou de graisses animales. Certaines parties d’animaux propres à la consommation ne sont en effet pas valorisées dans l’alimentation humaine pour des raisons commerciales (morceaux non demandées par les clients ou anciennes denrées alimentaires). Elles peuvent alors être valorisées pour l’alimentation animale ou en cosmétologie, pharmacie, agronomie ou énergie. Ces matières sont appelées sous-produits animaux de catégorie 3. Une partie de ces sous-produits animaux de catégorie 3 est transformée en graisses qui sont alors valorisées en énergie, en particulier en biogazole.
Pour une transition vers l’économie circulaire
Afin d’accompagner la transition vers l’économie circulaire, la France a publié le 23 avril 2018, une feuille de route économie circulaire qui comporte une cinquantaine de mesures phares pour atteindre les objectifs suivants : réduire de 30% la consommation de ressources par rapport au PIB d’ici 2030 par rapport à 2010 ;
réduire de 50% la quantité de déchets non dangereux mis en décharge en 2025 par rapport à 2010 ;
tendre vers 100% de plastiques recyclés en 2025 ;
réduire les émissions de gaz à effet de serre en économisant 8 millions de tonnes de CO2 supplémentaire au recyclage du plastique ;
créer jusqu’à 3000 emplois supplémentaires.
La feuille de route économie circulaire fait évoluer la filière REP pour permettre de sécuriser les investissements des filières industrielles du recyclage et donne plus de liberté aux producteurs pour l’exercice de leur responsabilité dans le cadre des filières REP. Elle prévoit aussi une refonte du pacte de confiance des filières REP afin de redonner plus de marges de manœuvre aux éco-organismes ainsi qu’aux producteurs tout en renforçant les moyens de contrôle de l’État et les sanctions.
Enfin le champ de la filière REP «emballages» devrait s’étendre aux emballages professionnels.
La responsabilité élargie des producteurs (REP)
Il existe une quinzaine de filières REP en France dont la REP emballages ménagers qui implique fortement les IAA. Selon le principe de la responsabilité élargie des producteurs (REP), « la gestion des déchets d’emballages ménagers qui proviennent de produits commercialisés dans des emballages, en vue de leur consommation ou utilisation par les ménages doit être assurée par les producteurs, importateurs, ou toute personne responsable de la première mise sur le marché ou metteurs sur le marché (MSM) ».
La promotion de l’éco-conception et l’incorporation de matériaux recyclés
L’éco-modulation est mobilisée pour en faire un outil incitatif pour l’utilisation d’emballages éco-conçus avec une incitation forte à davantage d’innovation et d’écoconception. Les industriels devront davantage incorporer des matières premières issues du recy- clage en particulier le plastique tout en garantissant la qualité sanitaire notamment pour le plastique utilisé en contact alimentaire.
Les critères d’éco-modulation sont d’ores et déjà intégrés dans le cahier des charges d’agrément des éco-organismes pour la période 2018-2022. Les industries agroalimentaires misent sur l’éco-conception qui est un outil essentiel de l’économie circulaire.
Elle préfigure le cycle de vie complet d’un produit et permet de diminuer les quantités de matière et d’énergie utilisées lors de la production et de l’utilisation du produit, d’allonger sa durée de vie, de faciliter sa réparation, son reconditionnement et son recyclage.
Les emballages alimentaires sont de plus en plus constitués de matériaux, recyclables, recyclés, bio sourcés, avec des performances remarquables à chaque étape de la chaîne de valeur.
Danone et Nestlé Waters se sont associés à la start-up américaine Origin Materials pour créer l’Alliance NaturALL Bottle. Son objectif : lancer à grande échelle une bouteille en PET 100% bio-sourcée dont les matériaux d’origine ne sont pas en concurrence avec l’alimentation humaine. Il s’agit, en l’occurrence, de PET issu de fibres cellulosiques de diverses origines, comme les cartons usagés ou la sciure de bois, voire, à terme, les pailles de riz.
Le soutien de l’économie circulaire
Pour soutenir la transition vers l’économie circulaire, la feuille de route prévoit plusieurs stratégies de soutien. Des financements spécifiques à l’innovation seront mobilisés dans le cadre du fonds déchets de l’ADEME qui sera transformé en un « fonds économie circulaire ».
De plus, un « pass économie circulaire» sera créé pour stimuler l’investissement et permettre d’apporter une reconnaissance aux projets industriels structurants ou concourants à la montée en gamme de l’industrie française du recyclage. Les projets portant sur la structuration d’une offre de collecte et de valorisation des bio-déchets seront encouragés.
Enfin, un guichet unique régional sera mis en place pour accompagner les acteurs locaux dans leurs projets, en commençant par une expérimentation dans quelques régions sous l’égide de l’ADEME.
Par ailleurs, il est prévu d’accompagner 2 000 entreprises d’ici 2020, via le dispositif de l’Ademe «TPE & PME gagnantes sur tous les coups» pour réduire et optimiser les flux énergie, matières – déchets et eau tout en réalisant des économies récurrentes.
Lutter contre l’érosion de la biodiversité et le changement climatique
Les industries agroalimentaires ont un rôle majeur à jouer dans la lutte contre le changement climatique et l’érosion de la biodiversité : le choix des matières premières en lien avec leur mode de production et leur impact sur l’environnement, les étapes de transformation, le choix des emballages et des modes de transport… Tous ces éléments sont des leviers pour œuvrer pour le maintien de la biodiversité et lutter contre le réchauffement climatique.
La démarche agro-écologique
Le projet agro-écologique pour la France a été lancé en 2012 par le ministre de l’Agriculture. Il s’est traduit en 2014 par un plan d’actions. Il vise à engager la majorité des exploitations agricoles françaises dans la transition agro-écologique. Dès les premiers séminaires « Produisons autrement », le volet filières avait été mis en avant.
En effet la transition agro-écologique des exploitations nécessite des changements dans les assolements, l’introduction de nouvelles cultures, de nouvelles variétés plus adap- tées au contexte de l’exploitation… Par conséquent, il est nécessaire de développer de nouvelles valorisations de l’aval. La transition agro-écologique s’appuie donc sur des innovations de l’amont agricole (réorientation de la génétique, nouvelles machines…) mais bien évidemment aussi sur l’aval qui peut, soit répondre aux nouvelles productions mises en place par les agriculteurs en développant de nouveaux produits ou de nouveaux process, soit relayer ou anticiper la demande des consommateurs et solliciter des changements de pratiques chez les agriculteurs, ses fournisseurs.
Vers une consommation durable
La promotion d’une alimentation durable est réalisée à l’échelle nationale notamment par la lutte contre le gaspillage, mais aussi par le soutien à des projets locaux ciblés : les projets alimentaires territoriaux (PAT). Les PAT ont pour ambition de promouvoir une alimentation relocalisée, tenant compte aussi bien des attentes des citoyens que des enjeux environnementaux et socio-économiques. Ils permettent d’initier des projets de territoires centrés sur l’alimentation dans toutes ses dimensions, selon une démarche de développement durable qui prend en compte et s’adapte aux enjeux locaux. Sur la base du volontariat, les PAT visent à rassembler les acteurs locaux de l’alimentation au sens large – producteurs, transformateurs, distributeurs, collectivités territoriales et consommateurs – autour d’un projet commun pour le développe- ment de l’agriculture et l’amélioration de la qualité de l’alimentation.
Les projets alimentaires territoriaux peuvent mobiliser des fonds publics et privés. Ils peuvent également générer leurs propres ressources. Les appels à projets du PNA, les crédits des collectivités, du Fonds européen agricole pour le développement rural (FEADER) (en particulier LEADER – Liaison entre action de développement de l’économie rurale) ou du Fonds européen de développement régional (FEDER) sont des sources de financement possibles.
Une industrie agroalimentaire connectée
S’il est devenu un lieu commun de dire que les technologies numériques vont révolutionner l’ensemble de l’économie et de la société, le secteur agroalimentaire présente des spécificités qui rendent l’enjeu d’appropriation de ces technologies encore plus fort que dans d’autres secteurs.
Plus que pour les autres biens, l’information sur les conditions de fabrication et la confiance dans cette information sont des attributs essentiels des produits alimentaires. Les préoccupations environnementales et sanitaires sont particulièrement marquées pour ces produits, et sont souvent dans l’esprit du consommateur intrinsèquement mêlées aux questions de qualité sanitaire et gustative, même s’il s’agit dans les faits de notions fort différentes.
Les questions sociales prennent d’autres formes que pour d’autres biens industriels, mais l’intérêt des consommateurs pour les conditions de vie des agriculteurs, qui est une des motivations initiales des Etats Généraux de l’Alimentation, s’avère croissant. Le caractère souvent rapidement périssable des denrées alimentaires accentue l’importance de la confiance et de l’information du consommateur. Ces caractéristiques expliquent pourquoi très tôt des signes distinctifs de qualité, garantis par les pouvoirs publics et certifiés par des organismes indépendants, ont fait leur apparition. A toutes ces questions, le numérique apporte des réponses radicalement nouvelles.
Vers une information parfaite pour le consommateur ?
Les nouvelles technologies de codage, capteurs, et traitement des données permettent de garantir un niveau extrêmement élevé de traçabilité. Un simple QR code sur un emballage permet de diffuser autant d’information que souhaité sur le contenu et l’origine du produit, tandis que les techniques de blockchain garantissent un partage parfait des données tout au long de la chaîne de fabrication et de distribution.
D’autres technologies en cours de développement, mixant numérique et biotechnologies, permettront de connaître précisément les conditions de fabrication et de transport, en particulier le respect de la chaîne du froid. Sous réserve que le déploiement de ces technologies soit convenablement organisé et régulé, le vieux rêve d’une information totalement transparente et accessible, semblerait donc en passe de se réaliser, et donc les entreprises qui seront les premières à se doter de ces technologies disposeront d’un avantage compétitif évident.
Des initiatives en ce sens foisonnent et montrent bien l’intérêt stratégique que représente la capacité à offrir aux consommateurs des informations détaillées et fiables.
Mais il faudrait bien se garder d’une vision trop angélique de cette masse d’information potentiellement disponible pour les consommateurs.
D’une part la puissance des technologies de partage d’information ne garantit pas à elle seule l’intérêt, ni d’ailleurs la véracité, des informations partagées. D’autre part, en vertu de l’adage « trop d’information tue l’information », il n’en sera que plus difficile pour le consommateur de s’y retrouver pour fonder ses choix sur les données pertinentes au regard de ses besoins.
En conséquence, ces données, même parfaitement transparentes, pourront faire l’objet de manipulations dans leur interprétation (par exemple fondées sur la construction d’indicateurs synthétiques dont les fondements sont eux-mêmes arbitraires ou incompréhensibles pour le consommateur car fondés sur des capacités de traitements de big data qui ne lui sont pas accessibles).
La transparence de l’information peut créer une nouvelle dissymétrie basée non plus sur la connaissance de l’information mais sur la capacité à l’analyser. Aussi, il n’en sera que plus nécessaire que les consommateurs soient convenablement formés et informés sur l’usage de ces nouvelles potentialités.
Ces nouveaux moyens de traçabilité permettront en tous cas l’apparition d’un pouvoir de différenciation des produits inédit, et les entreprises qui sauront s’en saisir efficacement bénéficieront de nouveaux moyens de valoriser leurs spécificités auprès des consommateurs les plus à même d’être intéressés par leurs caractéristiques. Car les outils numériques ne font pas que transmettre de l’information, ils permettent également une mise en relation instantanée des acteurs économiques.
Une industrie agroalimentaire qui optimise ses chaînes de production et de distribution
Comme dans les autres secteurs industriels, le numérique va permettre de nouveaux gains de productivité en matière d’organisation des chaînes de production, depuis le producteur primaire jusqu’au consommateur final.
Un des aspects le plus évident est l’optimisation des chaînes logistiques via des algorithmes performants, qui permettent d’amplifier la division du travail et de diminuer les pertes liées aux ruptures de charge.
En parallèle, les développements de la robotique accélèrent et fiabilisent les opérations de manutention. Ces évolutions occasionneront probablement dans certains cas un renforcement de la division du travail (externalisation de certaines fonctions) et l’accroissement de la mondialisation, favorisant l’arrivée de nouveaux entrants, à l’image d’Amazon, dont la volonté est d’investir le marché de l’alimentation, voire les perspectives de livraisons à domicile par drones…
Ces perspectives peuvent inquiéter, tant par leur impact en termes de suppressions d’emplois peu qualifiés que de concurrence par de nouveaux acteurs. Elles peuvent être aussi à l’inverse vues comme des opportunités pour les entreprises agroalimentaires de se concentrer sur leur cœur de métier : la transformation d’une matière d’origine vivante aux caractéristiques uniques et liées à la terre qui les a produites.
À l’inverse de cette vision de renforcement de la spécialisation et de l’industrialisation, les nouvelles technologies peuvent en parallèle permettre le développement de circuits alimentaires de proximité, en favorisant une mise en relation fine et fiable de l’offre et de la demande.
Ce modèle connaîtra-t-il un essor grâce aux potentialités du numérique ou restera-t-il une approche marginale ? La réponse dépendra de l’intérêt porté à la proximité dans l’approvisionnement, mais aussi de la capacité des collectivités territoriales à organiser l’aménagement de l’espace pour le rendre efficace. Grâce au pilotage fin des procédés de production, la transformation des produits ne devrait pas être en reste de ce mouvement, et l’aspect « territorial » pourrait même être un facteur de résilience fort face aux incertitudes des marchés internationaux.
Les technologies numériques peuvent aussi favoriser le développement de procédés vertueux aujourd’hui encore trop loin de la rentabilité, par exemple le développement d’emballages biosourcés (nécessitant l’usage d’une biomasse hétérogène et dispersé) ou le retour à la terre de digestats issus du traitement de coproduits (dont l’innocuité doit être garantie)…
Dans tous les cas, elles favoriseront l’apparition de nouveaux acteurs et obligeront les industries actuelles à s’y adapter – si possible en en faisant des alliés.
Vers une évolution profonde des rapports économiques
L’entrée de nouveaux acteurs, non issus des filières agroalimentaires, tels que certains pure players des nouvelles technologies, peut être vue comme une menace ou comme une opportunité. En remettant en question certaines positions établies, elle peut permettre de développer des stratégies commerciales originales. L’apport principal des technologies numériques est d’impliquer davantage le consommateur en valorisant ses choix individuels.
Si le consommateur est réellement en capacité de faire un choix conscient et informé grâce à ces nouveaux outils, ces derniers constitueront bien plus des opportunités que des menaces pour valoriser la diversité des productions nationales.
Pour autant, un risque est que l’élargissement phénoménal des possibilités de choix permis par le numérique crée des dynamiques d’instabilité et d’incertitude à toutes les échelles. Leur déploiement devra donc avoir pour pendant la capacité des acteurs à se coordonner…
Autrement dit, les technologies numériques, loin de neutraliser le facteur humain, le rendent encore plus stratégique. Ce sont les filières qui auront su nouer des relations de collaboration et de confiance qui en tireront le plus de profit.
La transformation numérique porte en elle, on le voit, de nombreuses incertitudes. Comme toute évolution technologique majeure, ses impacts peuvent relever du meilleur comme du pire. Au final, l’impact des technologies numériques sera celui que la société décidera.
Elles peuvent renforcer la standardisation et l’homogénéité des produits, tout comme elles peuvent favoriser la diversité et la prise en compte effective d’attributs sociaux et environnementaux. Elles peuvent déstabiliser l’ensemble des acteurs agroalimentaires, tout comme elles peuvent faire apparaître de nouvelles voies de création de valeur et d’emplois.
Inéluctable, la révolution numérique doit être une occasion pour le secteur agroalimentaire français de faire valoir ses principaux atouts : sa diversité et sa créativité. Elle permettra de renforcer la résilience des systèmes de production et favorisant la coexistence d’une diversité de modèles (territorialisé/internationalisé, standardisé/ individualisé…).
Pour que ces opportunités se matérialisent, il est important que les entreprises agroalimentaires, notamment les PME, s’approprient sans attendre ces technologies et y préparent leurs personnels, et que la puissance publique poursuive ses incitations en matière d’innovation en faveur de ces domaines d’application.
L’emploi et la formation : des enjeux majeurs pour la filière
Malgré un taux de chômage qui reste élevé au niveau national (9,2% au sens du BIT pour le quatrième trimestre 2017), beaucoup d’entreprises agroalimentaires connaissent des difficultés de recrutement. De nombreux métiers sont en tension de manière récurrente, tels que : pilote industries agroalimentaires, opérateur de machine de fabrication industries agroalimentaires, employé en terminal de cuisson etc.
Si cela s’explique pour certains métiers par des difficultés et une pénibilité réelle, avec une prévalence parfois importante des troubles musculo-squelettiques, des horaires décalés, du travail dans le froid ou l’humidité, cette situation est loin d’être la règle.
Certains emplois salariés, notamment les métiers transversaux tels que conducteur d’engins ou agent de maintenance, peuvent aussi être en tension en raison de la concurrence avec d’autres secteurs industriels plus attractifs.
Dans ce contexte, les actions visant à améliorer l’attractivité du secteur, en premier lieu par une meilleure connaissance des métiers, prennent une importance particulière.
Une industrie agroalimentaire soucieuse de la qualité sanitaire et nutritionnelle des produits alimentaires
Face aux nombreuses crises qui ont touché la filière agroalimentaire («Vache folle», dioxine, …), l’Union européenne a achevé l’harmonisation d’une réglementation dite «Paquet hygiène», pour assurer la sécurité sanitaire de l’alimentation humaine et animale. Il s’agit d’obtenir un niveau élevé de protection du consommateur tout en tenant compte des enjeux économiques (libre circulation des produits au sein de l’Union européenne) et culturels.
Cette réglementation est d’application obligatoire depuis janvier 2006 dans tous les États membres et les pays tiers qui souhaitent exporter vers l’Union européenne. De plus, s’agissant des méthodes de production, la réglementation européenne fixe un cadre tant pour la production des végétaux (interdiction de la culture des OGM, produits phytosanitaires, etc.) que pour la protection des animaux durant leur élevage et leur abattage.
L’ensemble du dispositif contribue à assurer un niveau élevé de protection du consommateur tout en prenant en compte le patrimoine gastronomique et les produits traditionnels européens. Tous les exploitants du secteur alimentaire sont concernés dans l’objectif de maîtriser chacun des maillons de la chaîne alimentaire, « de la fourche à la fourchette » ou « de l’étable à la table ».
Dans le domaine de la sécurité sanitaire des aliments, 54 000 inspections des établissements ont été réalisées en 2017 par les agents du ministère de l’Agriculture. Ces inspections ont généré 26 600 suites dont 780 procès verbaux, 19 000 avertissements, 5 800 mises en demeure et 670 fermetures partielles ou totales. A l’importation, 42 200 produits d’origine animale et denrées en contenant ont été contrôlés en 2017.
Répondre à des enjeux de santé publique
Les États généraux de l’alimentation ont confirmé l’importance d’une politique de l’alimentation pour assurer la souveraineté alimentaire de la France, promouvoir des choix alimentaires favorables à la santé et respectueux de l’environnement et réduire les inégalités d’accès à une alimentation de qualité et durable.
L’amélioration de l’offre alimentaire et l’information du consommateur se trouvent au cœur des enjeux d’une alimentation promotrice de santé, enjeux qui mobilisent le secteur agroalimentaire depuis plusieurs années.
Environ 80% des dépenses alimentaires des ménages concernent des produits alimentaires transformés et les IAA françaises transforment 70% de la production agricole française. Elles jouent donc un rôle majeur dans l’amélioration de la qualité des denrées alimentaires de grande consommation.
Les accords collectifs visent à faire évoluer favorablement la composition nutritionnelle de l’offre alimentaire et la durabilité des modes de production, de transformation et de distribution.
Mieux informer le consommateur : l’étiquetage nutritionnel simplifié
L’étiquetage nutritionnel constitue un outil complémentaire, en particulier auprès des publics les plus sensibles, aux actions mises en œuvre dans le cadre du Programme national pour l’alimentation (PNA) et du Programme national nutrition santé (PNNS).
En permettant une meilleure information du consommateur, il participe à l’évolution des pratiques de consommation et contribue à l’amélioration de l’offre de produits transformés dans le sens d’une alimentation favorable à la santé.
Le Nutri-Score est le système choisi par la France après une concertation avec des représentants des industriels, des distributeurs, des consommateurs, des autorités sanitaires et des scientifiques. Il fournit au consommateur, sur la face visible des emballages alimentaires, une information lisible et facilement compréhensible sur la qualité nutritionnelle globale des produits.
Il permet ainsi de comparer les produits en un coup d’œil et d’orienter ses choix vers des aliments de meilleure qualité nutritionnelle. Trois mois après avoir été rendu officiel par le Gouvernement le 31 octobre 2017, 33 entreprises de la grande distribution (par exemple, Leclerc, Auchan, Inter- marché et Casino) et de l’agro-alimentaire (par exemple, Danone, Bonduelle, McCain et Fleury Michon) s’étaient déjà engagées en faveur du Nutri-score.
Vers de nouvelles mesures
Le Plan national de santé publique adopté par le conseil interministériel de la santé le 26 mars 2017 et la feuille de route des États généraux de l’alimentation du 21 décembre 2017, prévoient de poursuivre les actions en faveur de l’amélioration de l’offre alimentaire et de l’information du consommateur : encourager les démarches d’engagement volontaire de la part des acteurs économiques (qualité nutritionnelle des produits, travail sur les portions et formats …).
Dans ce cadre, le PNSP fixe l’objectif de réduire de 20% la consommation de sel de la population ; mieux informer les consommateurs sur la qualité nutritionnelle des aliments, en promouvant l’utilisation du Nutri-score, et par l’adaptation de cet étiquetage aux produits transformés vendus en vrac non préemballés, ainsi qu’en restauration collective et commerciale.
(Sources : Panorama des Industries Agroalimentaires / Minstère de l’Agriculure et de l’Alimentation)