Quel avenir pour l’emballage plastique alimentaire ?
Alors que le Conseil constitutionnel vient d’approuver l’amendement du député François-Michel Lambert, mettant fin au plus tard au 1er janvier 2020 à la mise à disposition du plastique (gobelets, pailles, couverts, boîtes, saladiers…) saufs les compostables ou en matières biosourcées, quel est l’avenir de l’emballage plastique dans l’agroalimentaire ? Comment va-t-il se réinventer ? Une production en augmentation en …
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Alors que le Conseil constitutionnel vient d’approuver l’amendement du député François-Michel Lambert, mettant fin au plus tard au 1er janvier 2020 à la mise à disposition du plastique (gobelets, pailles, couverts, boîtes, saladiers…) saufs les compostables ou en matières biosourcées, quel est l’avenir de l’emballage plastique dans l’agroalimentaire ? Comment va-t-il se réinventer ?
Une production en augmentation en 2017
D’après l’étude économique annuelle menée par Asterès pour Elipso, l’association professionnelle représentant les fabricants d’emballages plastiques et d’emballages souples en France, le secteur français de l’emballage plastique (rigide et souple) maintient sa croissance, «conséquence d’une innovation dynamique».
Ainsi en 2017, le chiffre d’affaires total du secteur est estimé à 8,1 milliards d’euros. La production d’emballages plastiques a augmenté de 5% pour l’année 2017. En comparaison, la production des industries manufacturières tous secteurs confondus n’a progressé que de 3,7% en 2017.
En 2018, dans un contexte macroéconomique mondial instable (+ 3,1% en prévision 2018) et un climat d’affaires national fragile (+1,3% en prévision 2018), les premières tendances confirment un ralentissement de l’industrie française de l’emballage plastique (rigide et souple).
Le chiffre d’affaires réalisé entre janvier et juin 2018 a augmenté de 1,3% sur un an d’après l’indice de chiffre d’affaires mesuré par l’INSEE.
La valeur des ventes s’essouffle au premier semestre 2018. La conjoncture des secteurs clients (cosmétique, savons et produits d’entretien, pharmacie, chimie, transport et entreposage) s’améliore et tire la croissance de l’activité, à l’exception des Industries agroalimentaires. Le secteur agroalimentaire est primordial pour l’industrie de l’emballage plastique car il représente près de 68% du secteur d’activité.
Développer une économie circulaire des emballages plastiques
Selon l’étude d’Elipso dont près de 60% des adhérents ont répondu à l’enquête (ils représentent plus d’1,2 million de tonnes d’emballages plastiques produits, soit plus de la moitié des emballages plastiques mis sur le marché français), le prix, la sécurité alimentaire et la performance technique sont les 3 critères d’achat prioritaires pour les secteurs clients.
98% des répondants de l’enquête vont ainsi intensifier leurs actions en faveur d’une économie plus circulaire des emballages plastiques avec des efforts de R&D pour accroitre l’utilisation de matières recyclées et/ou matières biosourcées ;
le développement d’activités ou de partenariats pour développer un recyclage de qualité. Trois sources de matières premières sont utilisées pour fabriquer les 2,2 millions de tonnes d’emballages plastiques mises sur le marché français chaque année :
86% de ces matières premières sont vierges ;
12% sont d’origine recyclée ;
2% sont d’origine biosourcée.
L’utilisation de matières biosourcées devrait doubler d’ici 2019
Ces prochaines années, l’utilisation de matières premières recyclées ou biosourcées devrait ainsi s’intensifier. D’ici 2025, grâce aux engagements volontaires d’incorporation présentés en juillet 2018, 188000 tonnes de matières recyclées supplémentaires seront incorporées dans les emballages.
L’enquête démontre que dès 2019, 100 000 tonnes de plastiques recyclés supplémentaires seront incorporées dans les emballages faisant passer en moyenne le taux d’incorporation de 12% à 16%.
Par ailleurs, l’utilisation de matières biosourcées devrait doubler d’ici 2019.
La demande d’incorporation de matières recyclées est forte, mais la possibilité d’utiliser des matières recyclées rencontre certains freins qu’il va falloir lever.
De nombreux fabricants d’emballages investissent et internalisent des activités de recyclage. Une partie des adhérents d’Elipso ont déjà une activité de régénération/recyclage mécanique de déchets post-consommateur.
nouvelles interdictions de produits en plastique adoptées dans le cadre de la loi egalim
Toutefois, la filière plastique dénonce les interdictions qui visent à nouveau des produits plastiques à l’horizon 2020, et la réduction de l’usage des contenants en plastique dans les cantines d’ici à 2025. «Ces amendements aux contours flous auront des conséquences économiques lourdes sur de multiples secteurs et peuvent donc affecter l’économie dans son ensemble» s’insurge la filière plastique qui dénonce des mesures prises sans concertation, sans dialogue et sans aucune étude d’impact.
Réduction des emballages plastiques : Des efforts insuffisants selon une étude TIPA
Selon une étude de TIPA, entreprise israélienne qui développe et fabrique des solutions d’emballages flexibles et 100% compostables, les ambitions affichées par le gouvernement français et les mesures prises par les marques et les distributeurs ne répondent pas aux attentes des consommateurs, conscients et inquiets de l’impact des déchets plastiques sur l’environnement et la santé.
Ainsi, 83% des consommateurs s’accordent sur le fait que l’industrie ne fait pas assez pour lutter contre le phénomène. Selon le rapport, 62% se déclarent par ailleurs prêts à dépenser davantage pour un produit si celui-ci est conditionné dans un emballage sans plastique. Le rapport met en lumière que les ambitions annoncées récemment par Edouard Philippe dans sa feuille de route de l’économie circulaire, visant à un recyclage de 100% des plastiques d’ici 2025 sont largement soutenues (à 83%) mais 66,8% des consommateurs estiment qu’il faudrait aller plus loin (66,8%) dans les politiques d’élimination des déchets plastiques.
Les données recueillies montrent que le problème et l’impact des déchets plastiques non-recyclés ou non-recyclables sont aujourd’hui perçus par la quasi-totalité des répondants (96,1%), confirmant la prise de conscience individuelle et collective des citoyens.
En termes de responsabilité, toute la chaîne de valeur est pour eux concernée : 74,6% estiment directement avoir un rôle – total ou partiel – à jouer dans la lutte pour moins de déchets plastiques ;
35,2% pensent que la responsabilité incombe à l’industrie / aux détaillants ;
32% sont convaincus que le gouvernement est l’acteur qui devrait faire le plus d’efforts ;
25,9% considèrent que c’est aux commerçants de réduire le nombre d’emballages présents sur
leur lieu de vente.
89,3% des consommateurs interrogés se déclarent inquiets (voire très inquiets, pour 50,8% d’entre eux) de l’impact plus global des emballages plastiques.
Les conséquences néfastes directes du plastique sur la vie marine (85%) et sur terre (73%) arrivent en tête des sujets de préoccupation, suivi de l’impact sur la santé humaine (60%) et animale (53%) par l’ingestion de molécules de plastique entrées dans la chaîne alimentaire.
Enfin, l’aspect purement inesthétique de ces déchets est cité par plus de la moitié des personnes interrogées (51%).
Un sujet d’inquiétude supplémentaire pour les consommateurs qui sont également attentifs à l’accès à une alimentation plus saine (47,6%), la lutte contre la fraude alimentaire (40,7%), la lutte contre les OGM (40,2%), la provenance locale (38%) et de saison (34,1%) des produits, leur durabilité (36,8%) et le commerce équitable (31,4%). Des craintes qui les poussent à faire davantage attention aux produits qu’ils achètent et surtout à être plus exigeants vis-à-vis des marques.
Les consommateurs ouverts à de nouvelles solutions d’emballage
Lorsqu’interrogés sur les actes concrets qu’ils seraient prêts à réaliser, les consommateurs s’engagent. 79% des répondants se disent prêts, voire tout à fait prêts, à pouvoir considérer et traiter les emballages comme des déchets organiques dans le cas d’emballages compostables (à composter dans son jardin ou dans un centre de collecte dédié) ; 75,5% déclarent souhaiter pouvoir rapporter ses emballages plastiques à usage unique après utilisation dans des espaces de dépôt dédiés ; 72,7% aimeraient être en mesure de pouvoir passer au sans emballage/à l’achat « en vrac » lors de leurs achats. Concernant la solution des emballages compostables, 79% des personnes interrogées estiment qu’ils sont sous-utilisés par les marques, 29% que ce type d’emballage devrait à terme totalement remplacer les emballages plastique et 23,3% qu’une marque se donne plus de chance d’attirer l’attention des consommateurs en y ayant recours.
Près de 83% des consommateurs se déclarent prêts à favoriser une marque proposant des emballages compostables par rapport à une marque comparable n’en proposant pas, parmi lesquels 41% déclarent que cet argument serait décisif dans l’acte d’achat.
L’emballage compostable, reste malgré tout une solution encore peu connue du grand public : 26,3% des sondés ne connaissaient pas cette solution avant de participer à l’enquête.
Les marques et l’industrie du commerce de détail doivent faire plus, au risque de perdre leur clientèle
83% des consommateurs interrogés sont d’accords avec le fait que l’industrie du retail ne fait pas assez d’efforts pour combattre le problème des déchets plastiques ; seulement 4% des sondés estiment ces efforts en partie ou totalement suffisants.
Lors de leur fabrication, et avant même leur dimension purement fonctionnelle, l’impact environnemental des emballages devrait être davantage pris en compte par les distributeurs et les marques (21,8%) voire être la priorité numéro 1 des marques, pour près de la moitié des répondants (49,2%).
Au-delà de ces attentes, les consommateurs seraient prêts à changer leurs propres habitudes : 61,7% d’entre eux sont ouverts à l’idée de payer un produit un peu plus cher s’il est emballé dans un emballage sans plastique et plus durable, par exemple compostable. 26% d’entre eux déclarent déjà favoriser les marques allant dans ce sens. Les consommateurs ne sont par ailleurs pas tendres à l’égard des distributeurs et notamment des supermarchés.
L’enquête révèle que pour 95% des consommateurs, il serait temps pour les marques et supermarchés de remplacer les emballages non ou difficilement recyclables par des solutions plus écologiques. Et si 18,6% d’entre eux pensent qu’ils n’en ont pas les moyens, le reste estime que cela est en leur pouvoir (55,7%), qu’ils devraient proposer des alternatives sans emballages (9,9%), ou des emballages sans plastique (9,5%).
Des ambitions gouvernementales qui manquent de réalisme et ne vont pas assez loin
La France se positionne avant-dernière au classement des meilleurs recycleurs européens de Plastics Europe, et son marché de l’emballage représente 23 milliards d’euros sur les 100 milliards du marché européen. Pour tenter de faire mieux, le gouvernement a notamment annoncé la publication en mai 2018 de la feuille de route pour une économie circulaire. L’une des mesures phares présente dans ce document, serait de pouvoir recycler 100% des plastiques en France d’ici 2025.
Interrogé sur cet
objectif, 36,6% du panel se dit d’accord, ou tout à fait d’accord à 46,7%, mais seul un quart (24%) des consommateurs se déclarent convaincus quant au réalisme et à la faisabilité de cette mesure et 35,4% pensent cet objectif atteignable, mais pas d’ici 2025.
Ainsi, 86,8% des consommateurs sont d’accord avec le fait d’étendre l’interdiction des produits plastiques à usage unique, à l’image de l’interdiction des couverts en plastique à partir de 2020 en France. Et seuls 7,9% se déclarent contre l’extension de ce type de mesure.
«Les emballages plastiques présentent de nombreux avantages, y compris en matière d’environnement»
«Le plastique est un matériau d’emballage à la fois léger, souple et résistant, avec d’excellentes propriétés en matière de conservation, de préservation, et d’hygiène, mais aussi en termes d’impact environnemental», indique quant à elle dans un communiqué de presse l’Association nationale des Industries Agroalimentaires, l’ANIA. «Sa fabrication consomme peu d’énergie, et son faible poids diminue l’empreinte carbone de son transport.
Le plastique est un matériau recyclable et recyclé.
Au-delà de ces propriétés, le plastique a l’avantage de pouvoir être recyclé et réutilisé – soit comme nouvel emballage, soit pour d’autres usages tels que la production de fibres et de tissus.
Les résines de plastique les plus utilisées sont recyclables à 100%. C’est le cas du PET utilisé pour les bouteilles».
Depuis plus de 20 ans, d’importants investissements sont faits par les entreprises de la chaîne afin de développer de nouvelles technologies. Ces progrès permettent d’améliorer la recyclabilité des plastiques et d’identifier de nouveaux usages. Objectif : donner une seconde vie au plastique.
«Nous devons tout mettre en œuvre pour faire en sorte qu’aucun emballage plastique ne se trouve là où il ne devrait pas être, c’est-à-dire en dehors des circuits de collecte et de recyclage.
Chaque maillon de la chaîne est concerné : pouvoirs publics, entreprises, industriels, consommateurs, ONG», affirme l’ANIA. Selon l’association, les entreprises du secteur alimentaire sont conscientes de leur responsabilité en matière de réduction des déchets et s’engagent depuis de nombreuses années pour minimiser les impacts de leurs emballages sur l’environnement, tout en assurant la sécurité et la préservation de leurs produits. Cela passe entre autres par un effort combiné sur le développement de nouveaux matériaux d’emballages, la réduction et d’allègement des emballages (éco-conception), l’impact environnemental de la production des emballages, l’amélioration du dispositif de collecte pour les français, l’amélioration constante des solutions de recyclage, l’incorporation de matériaux plastiques recyclés dans les emballages».
Accroître jusqu’à 100%, l’utilisation des polymères de source durable et recyclable d’ici 2028
Le leader de l’industrie mondiale des films et emballages plastique, Klöckner Pentaplast, l’a bien compris, en lançant une initiative concernant le plastique qui vise à minimiser les déchets, optimiser le recyclage et progresser vers l’utilisation unique de produits de source durable et recyclable d’ici 2028. La société s’engage ainsi à accroître, si possible, jusqu’à 100%, l’utilisation des polymères de source durable et recyclable d’ici 2028.
“Nous avons de grandes idées pour savoir comment réduire les déchets, garantir que le plastique usagé puisse être reconnu comme nouveau matériau précieux et trouver des solutions au changement climatique, tout en continuant à protéger les produits et à éviter le gaspillage alimentaire grâce à nos emballages,” a déclaré le PDG de Klöckner Pentaplast, Daniel Dayan.
“Nous reconnaissons depuis longtemps les défis en termes de cycle de vie des plastiques et estimons qu’une mutation totale est nécessaire dans la manière dont le plastique est géré par notre industrie, par les consommateurs et par la société en général,” a-t-il ajouté.
L’initiative positive concernant le plastique de Klöckner Pentaplast se concentre sur quatre domaines clés d’engagement et d’action. Dans l’innovation, Klöckner Pentaplast s’engage à faire plus avec moins et à conserver la planète en réduisant le point de ses emballages et en utilisant jusqu’à 100% de contenu recyclé, dans la mesure du possible. D’ici 2028, Klöckner Pentaplast n’utilisera que des matériaux réellement recyclables ou de source durable, et simplifiera son mélange polymères-matériaux afin de faciliter le recyclage.
Pour souligner les bénéfices du plastique pendant et après son utilisation, Klöckner Pentaplast s’engage auprès des consommateurs et des communautés pour faire connaître le comportement responsable en matière d’élimination des déchets plastiques et leur valeur en tant que ressource. Enfin, pour contribuer à refermer la boucle dans le domaine du plastique, Klöckner Pentaplast mène des pourparlers et des initiatives dans le but de transformer les infrastructures de collecte et de recyclage du plastique dans le monde entier.
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