Responsabilité sociétale, quels enjeux pour les IAA ?
Le Développement Durable, voilà un terme actuellement à la mode. Et de plus en plus on entend associer à ces mots l’expression « responsabilité sociétale ». Qu’est-ce que c’est ?
Le Développement Durable, voilà un terme actuellement à la mode. Et de plus en plus on entend associer à ces mots l’expression « responsabilité sociétale ». Qu’est-ce que c’est ? C’est précisément « la responsabilité d’une organisation vis-à-vis des impacts de ses décisions et activités sur la société et sur l’environnement » d’après l’ISO 26 000, norme de « Lignes directrices relatives à la responsabilité sociétale ». Plus concrètement, la responsabilité sociétale d’une entreprise (ce que l’on appelle également « RSE »), c’est l’ensemble des actions menées par une entreprise pour contribuer au développement durable. Et, ne vous y trompez pas, l’environnement n’est pas la seule préoccupation du développement durable. Sont également inclus les enjeux économiques et sociaux liés à l’activité de l’entreprise. Alors nous nous posons la question, quels sont les véritables enjeux pour les entreprises de l’agroalimentaire ?
1. Un poids économique prépondérant
Si on s’intéresse au secteur agroalimentaire et aux problématiques soulevées par la RSE, le premier constat est le poids économique du secteur. En France, l’agroalimentaire est le premier secteur industriel avec 11 000 entreprises. C’est également le troisième secteur en termes d’emplois. Il assure à lui seul 70% des débouchés de l’agriculture.
Son poids économique lui procure ainsi une dimension très structurante sur les activités agricoles. Les revenus des agriculteurs sont ainsi conditionnés en partie par les besoins des industries agroalimentaires qui recherchent des matières premières à bas prix, ce qui indirectement peut favoriser le développement d’une agriculture intensive, très dépendante sur le plan technologique des fournisseurs d’intrants agricoles.
Mais l’industrie agroalimentaire est elle-même tributaire d’un autre acteur toujours plus puissant : la grande distribution. L’essor des Marques de Distributeurs (MDD) va même jusqu’à redéfinir la répartition du pouvoir entre ces deux acteurs.
Conséquence de cette pression, un écart grandissant entre le prix des matières premières pour les industries de transformation et leur coût réel pour la société dans son ensemble. En effet, pour maintenir des prix toujours plus bas, on assiste à une externalisation des coûts : subventions pour l’agriculture, coût de la dépollution des eaux, coûts des conséquences sanitaires liées aux substances chimiques des produits phytosanitaires, etc. Ainsi, intégrer l’ensemble de ces externalités au prix de vente des produits « classiques » ferait certainement passer leur tarif d’achat au dessus de celui des produits bio.
Autre problématique économique, le transport. Avec la faiblesse des coûts de transport, le lien territorial entre le lieu de production, celui de transformation et le consommateur final tend également à s’atténuer. Ce qui fragilise l’équilibre entre zones urbaines et rurales.
2. L’agroalimentaire au cœur d’un enjeu sociétal : la nutrition
Avec l’accroissement des problèmes liés à l’obésité, l’industrie agroalimentaire est de plus en plus interpellée, voir montrée du doigt, à propos de sa responsabilité dans l’équilibre alimentaire du consommateur. En France, on estime que 10% de la population sera obèse en 2015, et 45% en surpoids. Ce problème concerne déjà 19% des enfants.
Et cette augmentation de l’obésité a des conséquences sanitaires et sociales multiples : facteur de risque aggravant pour de nombreuses maladies (diabète, hypertension, etc.). Le département américain de la santé a même révélé dans une étude que l’obésité pourrait entraîner à moyen terme une réduction de l’espérance de vie aux Etats-Unis de 5 ans en moyenne.
Les premières répercussions réglementaires sont mutliples. La première d’entre elle est l’encadrement de plus en plus strict des spots publicitaires vantant les mérites des produits gras, salés, sucrés ou très caloriques avec l’obligation depuis le 1er mars 2007 d’y faire figurer un message de prévention.
Les plus grandes entreprises du secteur agroalimentaire sont parfois même directement exposées, médiatiquement et juridiquement. Ainsi, on assiste à une multiplication des procès, surtout aux Etats-Unis à l’encontre des grands groupes. Cela, également en France, se traduit par une augmentation des primes d’assurance pour les IAA.
Mais ces évolutions ouvrent également de nouvelles opportunités stratégiques et marketing, avec des promesses de santé comme argument de vente.
Enfin, les obligations sur l’étiquetage nutritionnel sont également plus strictes. Certaines entreprises agroalimentaires travaillent d’ores et déjà à l’amélioration de leurs gammes de produits et de leurs messages publicitaires, surtout à l’égard des enfants.
3. Le risque carbone pour les IAA
En France, l’agriculture, et donc les produits transformés par les IAA, sont responsables de 25 à 30% des émissions de gaz à effet de serre. Face à cet enjeu, certains industriels commencent à mesurer leur empreinte CO2 et s’intéressent à leurs consommations d’énergie ainsi qu’aux emballages de leurs produits.
Et ce « risque carbone » est de plus en plus pris en compte par les investisseurs. En effet, l’augmentation du prix du pétrole, la raréfaction des ressources et les opportunités offertes par les technologies « propres » sont autant d’enjeux dont les entreprises agroalimentaires doivent tenir compte.
En conclusion, le développement durable doit être vu par les entreprises agroalimentaires comme une opportunité d’innover tant dans les pratiques que dans les produits proposés aux consommateurs. C’est également, contrairement aux idées reçues, l’occasion de cibler de nombreuses sources d’économies (performance énergétique), de préparer certaines évolutions réglementaires incontournables (suppression du R22, allégations nutritionnelles), de motiver les salariés et de soigner l’image de l’entreprise auprès des consommateurs.G.T.