Des signes de reprise dans la filière viande ?
Après trois années de baisse consécutives, la production de viandes et de produits à base de viande a enfin connu une légère hausse en 2015, en gagnant 0,4 %, par rapport à 2014. Le secteur de la viande et des produits à base de viande pourrait donc enfin être sur la voie de la reprise. Cette amélioration est due à …
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Après trois années de baisse consécutives, la production de viandes et de produits à base de viande a enfin connu une légère hausse en 2015, en gagnant 0,4 %, par rapport à 2014.
Le secteur de la viande et des produits à base de viande pourrait donc enfin être sur la voie de la reprise. Cette amélioration est due à la hausse de la production de viande de boucherie et de viande de volaille. La fabrication de produits à base de viandes a par contre reculé. La baisse de la production entamée en 2012 s’est accélérée en 2015 (- 2,6 %), en particulier au 1er semestre, pour atteindre le plus bas niveau jamais observé depuis 2003.
Un regain sur la filière viande
En 2015, les prix à la production des viandes et produits à base de viandes ont reculé pour la deuxième année consécutive, en lien avec le recul des prix à la production des animaux. En conséquence, le chiffre d’affaires des viandes et produits à base de viandes est resté relativement stable (- 0,1 %), malgré la hausse de la production. Du côté du commerce extérieur, les échanges ont de nouveau ralenti en 2015 en valeur. Toutefois, les importations s’étant plus contractées que les exportations (respectivement – 4 % et – 0,5 %), le déficit commercial s’est réduit (- 17 %). Plus spécifiquement, les importations de viandes bovines ont reculé de 4,6 % à la suite de la hausse de la production nationale, et celles de viandes de porc de 13 % en raison de disponibilités importantes sur le marché national. À l’inverse, les exportations de viandes bovines et de volailles, en particulier de poulets vers les pays tiers, se sont accrues (respectivement + 2,3 % et + 5 % sur un an).
Du côté des bonnes nouvelles, la production de viandes bovines s’est de nouveau redressée (+ 1 % sur un an), en lien avec la hausse des abattages pour la deuxième année consécutive. Après trois années de baisse, la production de viandes de volailles a renoué avec la croissance en 2015 (+ 1,4 %), essentiellement celle de poulets. La production de viandes ovines, est, quant à elle, restée relativement stable (+ 0,3 %), la hausse du poids d’abattage des agneaux ayant permis de compenser la baisse des abattages en têtes liée à la diminution du cheptel reproducteur entre 2013 et 2014.
Une production de viande porcine en hausse
La production de viandes porcines s’est également accrue de 1 %, prolongeant la hausse amorcée en 2014 après plusieurs années de repli entre 2010 et 2013. Cette augmentation provient de l’alourdissement du poids moyen des carcasses, la production porcine en têtes étant demeurée stable. Les marchés du porc ont subi une forte baisse des prix, en France comme dans le reste de l’Union européenne, notamment en fin d’année. La forte progression de la production européenne en 2015 (environ + 4 %) a accru la concurrence sur le marché intra-communautaire, malgré les gains sur les marchés des pays tiers. La France perd ainsi des parts de marché à l’exportation vers l’UE et la croissance de ses exportations de viande porcine vers les pays-tiers, notamment la Chine, ne suffit pas à empêcher un recul de 6 % de ses exportations en 2015, toutes destinations confondues.
En plus, en 2015, les ménages français ont acheté un peu moins de viande fraîche et préparations de porc. Dans ce contexte d’offre abondante, de consommation atone et de difficultés à l’exportation, les prix à la production sont orientés à la baisse et se situent nettement en-dessous du prix qui permettrait de compenser l’évolution du coût de l’aliment pour porcins, malgré le léger repli de ce dernier.
Des investissements dans le secteur de la viande
« A court terme, on voit la fin de la crise porcine en Europe, et une reprise significative des prix des blés français », affirme cependant, optimiste, le président-fondateur du cabinet de gestion en risque de prix Offre et demande agricole (ODA), Renaud de Kerpoisson.
D’ailleurs, signe positif, la filiale du groupe Avril (Sofiprotéol), l’entreprise d’abattage de porcs Abera à Saint-Brice-en-Coglès (Ille-et-Vilaine) est en train d’accélérer ses recrutements. Elle a besoin de 60 salariés à très court terme alors qu’elle pensait initialement augmenter son effectif sur une période de trois années. Ce nouveau personnel va approvisionner en viandes la nouvelle co-entreprise L’atelier des viandes de France, fondée à Vire (Calvados) par Avril et l’entreprise allemande Tönnies. Les deux partenaires viennent d’investir 5 millions d’euros dans cet atelier de découpe et de préparation de viande de porc, entièrement dédié à la valorisation des productions porcines françaises. Les produits s’inscriront dans la démarche de qualité filière « 5F » portée par Avril, laquelle garantit l’utilisation de porcs nés, élevés, abattus, découpés et élaborés en France.
De même, des débouchés apparaissent pour les producteurs de viande bio. Selon une enquête réalisée par la Commission Bio d’Interbev, l’Interprofession du Bétail et des Viandes et l’IFOP en mars 2016 auprès de 1 000 personnes, 70 % des Français consomment de la viande bio. Un chiffre en hausse. Le prix et le manque de disponibilité de ces produits sont en revanche un frein à l’achat.
Viande : un secteur peu innovant
Le secteur fait par contre toujours les frais d’un manque d’innovation. Les résultats d’une enquête sur l’innovation dans les entreprises agroalimentaires publiés en janvier dernier par l’Insee montrent que les industries des viandes sont les industries agroalimentaires qui innovent le moins.
Selon cette enquête, l’industrie de la viande (50 %) et celle de l’alimentation animale (52 %) ont une activité d’innovation restreinte, notamment sur le marketing. Dans le détails, 33 % des entreprises du secteur de la viande et des produits à base de viande investissent dans des innovation technologique et 41 % le font pour des innovations non technologiques.
Concernant les entreprises engagées dans des innovation technologiques, elles investissent à 19 % des des produits (12 % de ces derniers sont nouveaux pour le marché) et à 22 % dans des procédés. Pour ce qui est des innovations non technologiques, il s’agit de nouveautés dans l’organisation pour 26 % des sociétés et dans le marketing pour les 27 % restant. Globalement, les entreprises du secteur consacrent 0,6 % de leur chiffre d’affaires aux dépenses d’innovation, ce qui est inférieur à la moyenne du secteur agroalimentaire qui est de 1,1 %.