Améliorer la facture énergétique et environnementale, l’enjeu clé de l’industrie agroalimentaire
L’amélioration de la performance énergétique et environnementale est un sujet qui ne date pas d’aujourd’hui et qui préoccupe depuis quelques années déjà les industriels français. «L’enjeu énergétique devient essentiel dans un contexte d’évolutions majeures du marché alimentaire. Que ce soit sous l’angle de la réglementation, de l’environnement ou de la compétitivité, les acteurs de la filière alimentaire ont pris …
L’amélioration de la performance énergétique et environnementale est un sujet qui ne date pas d’aujourd’hui et qui préoccupe depuis quelques années déjà les industriels français.
«L’enjeu énergétique devient essentiel dans un contexte d’évolutions majeures du marché alimentaire. Que ce soit sous l’angle de la réglementation, de l’environnement ou de la compétitivité, les acteurs de la filière alimentaire ont pris conscience de l’importance du déploiement d’une meilleure maitrise énergétique et ont à disposition de nombreux dispositifs. Cette richesse de services d’accompagnement est malheureusement mal connue des opérationnels et n’est pas exploitée pleinement par des entreprises pour lancer de véritables actions concrètes. La première étape du déploiement des bonnes pratiques énergétiques dans la filière passe donc par une visibilité et une compréhension accrues des objectifs envisageables, des actions potentielles et des services d’accompagnement existants» expliquait il y a six ans déjà dans l’édito du Guide «Filière alimentaire : Agri pour la performance énergétique des entreprises», Hubert Garaud, Président du Groupe de travail Défi Vert Agriculteur à Lusanger Président de la coopérative Terrena.
Ce guide, édité par le Gouvernement, visait à apporter un appui opérationnel en précisant ce que couvre l’efficacité énergétique, la méthodologie des différentes actions successives à mettre en place dans une dynamique d’amélioration des consommations, les dispositifs existants ainsi que la liste des acteurs à connaître au niveau national et régional.
En 2019, GreenFlex, convaincu que les entreprises doivent contribuer positivement à la mutation du monde en se transformant, favorisait l’accélération de la transition et la réduction de la facture environnementale et sociétale en accompagnant les industriels de la stratégie à l’action vers un avenir plus performant. A cet effet, une enquête a été lancée par l’entreprise à cette époque auprès des industriels des secteurs de l’agroalimentaire et de la chimie, afin de dresser un panorama de la performance énergétique et environnementale des industries pour fournir une vision d’ensemble du niveau de ces entreprises et des recommandations opérationnelles pour piloter leurs consommations énergétiques et améliorer leur empreinte environnementale.
«Parmi les principaux enseignements de l’enquête, on constate que la maturité environnementale et énergétique dépend de nombreux facteurs (…) Toutes les entreprises interrogées sont engagées dans la transition à des différents degrés d’investissement. Près de la moitié des entreprises interrogées n’ont pas encore mis en place de plan d’actions. Ponctuelles ou régulières, ces actions permettent d’accroître rapidement la performance des industries» commentait à l’époque GreenFlex. «Le secteur de la Chimie, 1er secteur industriel consommateur d’énergie en France et le secteur de l’agroalimentaire, 3ème secteur industriel consommateur d’énergie en France représentaient en 2017 plus de 43% de la consommation énergétique industrielle, soit 15,6 Mtep. Ces secteurs ont sensiblement le même niveau de maturité environnementale et énergétique.
«Si toutes les entreprises réalisent des actions ponctuelles ou régulières d’amélioration de leur performance, peu d’entre elles intègrent une stratégie développement durable complète» analysait à l’époque GreenFlex. Il apparaît dans cette enquête que les grandes entreprises (+ de 5 000 salariés) sont plus avancées dans leur démarche de maîtrise énergétique et environnementale. Soumises à de plus nombreuses réglementations que les PME et ETI (audit énergétique, bilan d’émissions de GES, etc.), les grandes entreprises déploient ainsi plus de moyens. Les entreprises certifiées et labellisées sont aussi plus structurées et plus matures. Autre constat dressé par GreenFlex: les entreprises qui ont connaissance ou utilisent des solutions de financement de la transition présentent un niveau de maturité énergétique et environnementale plus élevé.
A l’époque, toujours d’après l’enquête GreenFlex, concernant le diagnostic eau, 57% des entreprises avaient réalisé un diagnostic de consommation d’eau et 75% d’entre elles avaient engagé des actions correctrices. Concernant le diagnostic énergie, 75% des entreprises avaient déjà réalisé un audit énergétique et 80% amorcé des actions d’efficacité énergétiques. Si plus les entreprises combinent des solutions de financement, plus elles sont en mesure d’investir dans des projets d’économies d’énergie, ces solutions étaient encore méconnues des entreprises interrogées à l’époque.
Allier l’industrie 4.0 à la performance énergétique
Big Data, blockchain, automates, réalité virtuelle… Les portes de l’industrie du futur ont été franchies. Après la robotisation des processus industriels, l’interconnexion de tous ces moyens de production est en marche. Un système qui permet de répondre à une demande variée en pilotant au plus juste, les ressources dont l’entreprise dispose. A l’époque, très peu d’entreprises avaient défini une stratégie qui leur permettrait de basculer dans l’ère de l’industrie 4.0, soulignait GreenFlex : «Pour les industries interrogées, ce n’est pas une priorité».
Aujourd’hui, moderniser ses outils de productions, numériser ses systèmes, automatiser ses process sont des actions que la majorité des industriels tentent de mettre en place. Enfin, l’autre objectif ciblé dans cette démarche de performance énergétique est la boucle énergétique locale qui est une organisation d’acteurs compris dans un périmètre défini, dans une logique d’économie circulaire. L’objectif étantde valoriser les potentielles sources d’énergies, de décentraliser les moyens de production d’énergie, et de répondre à tout ou partie du besoin du périmètre en reconnectant les énergies aux territoires.
Une réduction globale d’environ 1,3 million de tonnes de CO2eq par an des émissions de l’industrie française
Dans le cadre de France Relance, l’état mobilise 1,2 milliard pour soutenir et accompagner la réduction des émissions de gaz à effet de serre dans le secteur industriel en renforcement des dispositifs existants.
La réussite de l’ambition climatique et environnementale et de la compétitivité de l’économie française du Gouvernement, sont au cœur de « France Relance » présenté en septembre 2020. Dans ce cadre, le Gouvernement s’est engagé pour la décarbonation de l’industrie et a mobilisé 1,2 milliard d’euros pour accompagner l’ industrie et améliorer ainsi son impact climatique et sa compétitivité. Des appels sont lancés aux entreprises pour y répondre. Dans ce dispositif de soutien à la décarbonation de l’industrie, 15 nouveaux projets lauréats du dispositif « Efficacité énergétique et décarbonation des procédés » représentent un investissement total de 108 millions d’euros à l’échelle nationale. Ils bénéficieront d’une aide de 28 millions d’euros. Ils permettront de réduire les émissions industrielles de gaz à effet de serre de 17% en moyenne sur ces sites, ce qui représente au total plus de 68 600 tonnes de CO2eq par an. Les 14 nouveaux projets lauréats du dispositif «Chaleur Biomasse» représentent 42 millions d’euros d’investissements industriels à l’échelle nationale. Ils bénéficieront d’une aide à l’investissement de 15 millions d’euros ainsi que d’une aide au fonctionnement de 52 millions d’euros1.
La concrétisation de ces projets permettra une réduction des émissions industrielles de gaz à effet de serre de plus de 137 000 tonnes de CO2eq par an. Au total, et en incluant les 70 précédents projets annoncés entre décembre 2020 et avril 2021, France relance soutient d’ores et déjà 99 projets représentant 982 millions d’euros d’investissements dans la décarbonation de l’industrie française au travers d’un soutien public s’élevant à 482 millions d’euros (incluant les financements du Fonds Chaleur).
La concrétisation de ces 99 projets grâce au plan de relance permettra une réduction globale d’environ 1,3 million de tonnes de CO2eq par an des émissions de l’industrie française. Une dernière relève pour les appels à projets «Efficacité énergétique et décarbonation des procédés», «Chaleur CSR», et «Chaleur biomasse» aura lieu le 14 octobre 2021.