L’alimentation des enfants de moins de trois ans passée au crible
Arsenic, plomb, nickel, mycotoxines, acrylamide, aluminium… dans sa dernière étude portant sur l’alimentation infantile, 16 substances sont montrées du doigt par l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire alimentation, environnement, travail), en raison de dépassements fréquents des valeurs toxicologies de référence. Pour l’heure, l’Agence préconise de réduire l’exposition alimentaire chez les enfants de moins de 3 ans. Peu de données …
Arsenic, plomb, nickel, mycotoxines, acrylamide, aluminium… dans sa dernière étude portant sur l’alimentation infantile, 16 substances sont montrées du doigt par l’Anses (Agence nationale de sécurité sanitaire alimentation, environnement, travail), en raison de dépassements fréquents des valeurs toxicologies de référence. Pour l’heure, l’Agence préconise de réduire l’exposition alimentaire chez les enfants de moins de 3 ans.
Peu de données pour l’alimentation infantile
Les Etudes de l’Alimentation Totale (EAT) de l’Anses ont pour objectif de surveiller l’exposition des populations aux substances présentes dans les aliments.
Pour sa troisième étude, l’Anses a dédié ses recherches à l’alimentation des enfants de moins de trois ans, une population plus sensible et qui consomme des aliments spécifiques pour lesquels peu de données sont disponibles.
Elle a ainsi passé au crible le régime alimentaire des enfants dans lequel près de 670 substances ont été analysées et le risque caractérisé pour 400 d’entre elles. Au plan international, il s’agit de la première étude d’une telle ampleur focalisée sur les moins de trois ans.
16 substances à surveiller de très près
L’étude de l’alimentation totale infantile montre que la diversification alimentaire entraîne des expositions à certains contaminants supérieures à celles engendrées par la consommation de préparations infantiles.
En quittant le régime strictement lacté, les enfants sont en effet plus exposés et à plus de substances. L’Agence préconise donc, à ce jour, de suivre les recommandations émises dans le cadre du Programme national nutrition santé, et de commencer la diversification alimentaire à partir de 6 mois de façon optimale et dans tous les cas, jamais avant 4 mois révolus.
Les résultats de l’EAT Infantile confirment par ailleurs, le bon niveau de maîtrise des risques sanitaires associés à la présence potentielle de contaminants chimiques dans les aliments. En effet, pour 90% des substances évaluées, le risque peut être écarté. Toutefois, pour 9 substances, la situation appelle une vigilance particulière. Il s’agit de substances pour lesquelles un nombre non négligeable d’enfants présente une exposition supérieure aux valeurs toxicologiques de référence (arsenic inorganique, plomb, nickel, PCDD/F, PCB, mycotoxines T-2 & HT-2, acrylamide, déoxynivalénol et ses dérivés et furane).
Des insuffisances et des excès d’apport pour le zinc et le calcium
Pour 7 autres substances, notamment l’aluminium, le cobalt, le strontium, le méthylmercure, le sélénium, le cadmium et la génistéine chez les consommateurs de soja, le risque ne peut être écarté. L’exposition à certaines de ces 16 substances avait déjà été jugée préoccupante lors de travaux antérieurs de l’Agence. Par ailleurs, 12 minéraux d’intérêt nutritionnel ont été analysés dans le cadre de l’EATi. Les résultats montrent que la couverture des besoins nutritionnels est globalement satisfaisante.
Toutefois on observe des insuffisances d’apport pour le zinc, le calcium et le fer ou des excès d’apport pour le zinc et le calcium en fonction de l’âge de l’enfant. Les risques sanitaires potentiels liés à ces excès d’apports nécessitent des études complémentaires. Face à ces constats, l’Anses rappelle l’importance de mieux comprendre l’origine de la présence de ces substances chimiques dans l’alimentation.
Concernant les 16 substances à surveiller, notamment les 9 pour lesquelles la situation a été jugée préoccupante, la mise en place de mesures visant à limiter les niveaux d’exposition s’avère nécessaire estime l’Anses.
la diversification alimentaire qu’à partir de 6 mois
Par ailleurs, l’Agence rappelle la nécessité de suivre les recommandations du Programme national nutrition santé (PNNS) et de ne commencer la diversification alimentaire qu’à partir de 6 mois. Après 6 mois, l’Agence rappelle la recommandation générale de diversité du régime alimentaire et des sources d’approvisionnement. L’étude a également mis en évidence la consommation de lait courant par plusieurs enfants âgés de moins d’un an. L’Agence rappelle que seuls le lait maternel ou les préparations infantiles permettent de couvrir les besoins du nourrisson. En outre, le lait courant, quelle que soit l’espèce animale productrice, n’est pas adapté aux besoins nutritionnels des enfants de moins d’un an.
Une étude sur les nanomatériaux présents dans l’alimentation
Les données de contamination et d’exposition obtenues dans le cadre de cette étude permettront d’améliorer la connaissance des expositions et d’alimenter des travaux en cours, notamment sur la question des mélanges de substances et de l’exposition agrégée. L’étude CONTA-LAIT, menée en partenariat avec l’Assistance Publique – Hôpitaux de de Paris, viendra compléter les résultats de l’EATi en matière de contaminants dans le lait maternel, et permettra une évaluation des bénéfices et des risques associés à l’allaitement maternel en France. Par ailleurs, l’Anses souligne la nécessité d’étudier le risque lié aux préparations à l’état nano- particulaire.
Sur cette problématique, l’Agence engagera prochainement un travail d’évaluation des risques concernant les nanomatériaux présents dans l’alimentation, chez l’enfant comme chez l’adulte. La question des effets de type « perturbateurs endocriniens » des substances chimiques est également un défi majeur dans l’évaluation de risques liés à l’alimentation.
Enfin, l’Agence souligne l’intérêt stratégique des études de l’alimentation totale, qui permettent une photographie des expositions alimentaires aux substances chimiques présentes dans les aliments (et aux nouvelles substances de préoccupation émergente) et donc apportent une indication pertinente en termes de santé publique sur les niveaux d’exposition des consommateurs.