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Marché du sucre : Cristal Union et Tereos prêts à relever les nouveaux défis dans un monde sucrier en pleine mutation

«La fin du système des quotas sucriers et des prix garantis par le régime sucre européen a changé la donne économique», a expliqué Olivier de Bohan, Président du Conseil d’administration du Groupe sucrier lors de sa dernière AG, évoquant une situation «déprimée» du marché mondial du sucre et les défis qui attendent l’ensemble de la filière dans les années …

Marché du sucre : Cristal Union et Tereos prêts à relever les nouveaux défis dans un monde sucrier en pleine mutation
«La fin du système des quotas sucriers et des prix garantis par le régime sucre européen a changé la donne économique», explique Olivier de Bohan, Président du CA de Cristal Union évoquant une situation «déprimée» du marché mondial du sucre”.

«La fin du système des quotas sucriers et des prix garantis par le régime sucre européen a changé la donne économique», a expliqué Olivier de Bohan, Président du Conseil d’administration du Groupe sucrier lors de sa dernière AG, évoquant une situation «déprimée» du marché mondial du sucre et les défis qui attendent l’ensemble de la filière dans les années à venir.
«Avec la nouvelle PAC, l’Europe rebat les cartes à tous les niveaux pour aller vers une gestion des risques de marché» estime ce dernier. «Le monde magique, plus confortable et prévisible dans lequel évoluait le monde betteravier, a disparu» analyse le PDG qui explique que «ce changement de paradigme est intervenu au moment même où le marché mondial connaît une forte dégradation des prix, directement liée à des niveaux de productions aussi surprenants qu’inattendus en Inde et en Thaïlande, générant ainsi un nouvel excédent de volumes venant aggraver des stocks déjà pléthoriques. (…) Ces forts déséquilibres augmentent la pression sur le marché du sucre roux dont les tendances à la baisse risquent de s’accentuer dans les mois à venir, le sucre blanc ne faisant que suivre la tendance».
A ce contexte de marché dégradé, Cristal Union évoque «l’incohérence des politiques publiques conduites aux niveaux européens et français : la remise en cause de l’utilisation des produits phytosanitaires sans alternatives connues à ce jour, la conclusion d’accords commerciaux de grande ampleur mettant à mal les producteurs européens, et la défense difficilement compréhensible de la filière huile de palme au détriment des filières locales de biocarburants ; c’est la pérennité économique du secteur sucrier dans son ensemble qui est menacée».
Face à ce constat dressé par le groupe Cristal Union, celui-ci a décidé d’optimiser ses dispositifs agricoles, industriels, commerciaux et financiers, avec une vision à long terme. Le Conseil d’administration du Groupe a ainsi pris à l’unanimité la décision de supprimer le prix minimum de la betterave dès la campagne 2018.

Des records de production battus en usines

Concernant les performances de Cristal Union sur les plans agricole et industriel, celles-ci «ont été largement à la hauteur des attentes» affirme le groupe qui a enregistré une augmentation des surfaces agricoles de plus de 20% et des rendements proches des records à 15 tonnes de sucre/hectare en moyenne, ce qui constitue la meilleure performance française. La durée des compagnes s’est allongée de près de 30 jours, pour une durée moyenne groupe de 125 jours, ce qui a notamment permis une meilleure absorption des coûts fixes. Les usines de Cristal Union ont également battu des records de production, avec une cadence moyenne de 135 000 tonnes de betteraves transformées quotidiennement, soit une production totale de 17 millions de tonnes. «Ces cadences records sont le fruit des efforts réalisés par le Groupe depuis 2010 dans le cadre de son plan ambitieux « Cap 2017 », pour moderniser les outils de production et notamment réduire la consommation globale d’énergie (-10%), d’eau (-50%) et les émissions de CO2 (-25%)».
Sur le plan financier, le Groupe a enregistré un chiffre d’affaires de 2 milliards d’euros sur un exercice de 12 mois (versus 2,5 milliards d’euros pour la précédente campagne qui courrait sur un exercice exceptionnel de 16 mois). L’excédent brut d’exploitation est ressorti à 164 millions d’euros et le résultat net part du Groupe s’élève à 49 millions d’euros après versement des compléments de prix aux coopérateurs. Le ratio dette nette sur fonds propres est de 0,5x, ce qui permet à Cristal Union d’afficher une très bonne santé financière, en dépit d’un contexte de marchés tourmenté.
Les performances du Groupe sur cette campagne ont également permis à Cristal Union d’assurer aux coopérateurs un niveau de rémunération des betteraves contractées avec les Coopérateurs de 28,3 €/t, pulpes et intérêts aux parts inclus, représentant un retour financier global proche de 50 millions d’euros.

Un milliard d’euros investis depuis 2010

Cristal Union entend faire face à une situation mondiale de plus en plus tendue et concurrentielle. Sur le plan industriel, le Groupe a investi plus d’1 milliard d’euros depuis 2010 pour porter ses sites de production au meilleur niveau technologique, pour augmenter les qualifications des équipes, dynamiser son management de la performance et passer au tout numérique. 2018 verra aboutir certains chantiers importants comme le projet de chaufferie de Sainte Emilie, l’extension du silo à sucres de Corbeilles ou encore la création d’un réseau d’irrigation à Fontaine-le-Dun. La transition énergétique du Groupe vers le « tout gaz » est achevée et celle vers la biomasse est largement avancée.

1500 hectares cultivés en bio en 2019

Sur le plan agricole, la recherche agronomique représente de vraies perspectives avec l’augmentation des rendements qu’elle promet, et notamment les nouvelles perspectives ouvertes par le programme de recherche Aker.
Cristal Union est également à l’origine du lancement d’une filière Betteraves Bio en France. 145 hectares de betteraves seront ainsi conduits en mode Bio en 2018, avec un objectif de 1 500 hectares cultivés en Bio en 2019. Cristal Union a mené à bien plusieurs projets visant à mieux contrôler les bio-agresseurs et plus particulièrement la cercosporiose, et à améliorer la productivité agronomique. Ces travaux portent notamment sur la mise en place de modèles et l’intégration du «Big data».
Le Groupe a d’autre part lancé une diversification de ses activités en se lançant dans la production de luzerne avec plus de 6000 hectares récoltés pour la déshydratation en 2017, dont 30% cultivés en Bio. Ce développement renforce le pôle alimentation animale du groupe. S’agissant de la pulpe, le Groupe souhaite accélérer la valorisation sous forme surpressée, tout en s’engageant dans une politique de développement de la filière méthanisation dont la contribution environnementale est évidente.
Sur le plan commercial, Cristal Union a poursuivi son développement en Europe et hors Europe. CristalCo, la filiale commerciale du Groupe, s’est notamment étendue en République Tchèque, en Roumanie, en Bulgarie et dans d’autres régions déficitaires de l’Union européenne, tandis que plus de 300 000 tonnes de sucre ont été commercialisées au-delà des frontières du vieux continent.
Au total, 2 millions de tonnes de sucre ont été commercialisées en et hors Europe en 2017. De plus, avec son silo portuaire de Dunkerque et ses savoir-faire, Cristal Union dispose des moyens logistiques pour s’affirmer comme un acteur majeur de la reconquête du marché mondial par l’Europe sucrière.

Dans un marché du sucre libéré, Tereos devient le 2e groupe mondial

Tereos, de son côté, affiche des résultats résilients dans un même contexte de marché marqué par des cours du sucre proches des plus bas de la décennie sur le marché mondial et ayant atteint leur plus bas niveau en Europe, suite à la libéralisation du marché. Dans cet environnement en profonde mutation, les résultats du Groupe bénéficient cependant d’une très bonne performance opérationnelle, de ses positions internationales et du programme de transformation qu’il a engagé.
Avec une production de sucre record de 5,3 Mt de sucre, Tereos est devenu cette année le deuxième groupe sucrier mondial. «Cette performance est le fruit du fonctionnement à pleine capacité de ses outils industriels en Europe, et à une excellente campagne au Brésil. Les activités amidonnières du Groupe ont, par ailleurs, enregistré une croissance de production de 11%, tirée par les ventes de protéines végétales, les développements en Asie et la croissance des activités féculières françaises » explique Tereos.

Une croissance de 3% sur un an et de 19% sur deux ans

Malgré une chute drastique des prix, les gains de part de marchés réalisés en Europe et au Brésil, le développement des activités à l’export, ainsi que sa politique de couverture sur les marchés à terme ont permis au Groupe de réaliser le chiffre d’affaires le plus élevé de son histoire à près de 5 milliards d’euros, soit une croissance de 3% sur un an et de 19% sur deux ans. Arrivé à son terme, le plan de performance 2015/18 du Groupe a délivré 140 millions d’euros de gains, soit 40 millions d’euros de plus que l’objectif initial de 100 millions d’euros.
Au cours des 10 dernières années, le chiffre d’affaires du Groupe a progressé de 39% et l’EBITDA de 66%, traduisant une performance opérationnelle en progrès constant. Les activités internationales et amidonnières représentent cette année près de 75% de l’EBITDA du Groupe. Les activités « Sucre International », dont celles du Brésil, contribuent pour plus de 50% à l’EBITDA du Groupe.
Le résultat net avant distribution du résultat (compléments de prix) est positif à 24 millions d’euros. Après la décision du Conseil de surveillance de verser aux coopérateurs, pour la dernière campagne de quotas en France (2016/17), des compléments de prix de betteraves de 42 millions d’euros, qui sont comptabilisés en charge, le résultat net publié est de -18 millions d’euros.
La distribution de résultats aux associés-coopérateurs, compléments de prix et dividendes compris, s’élève, en 2017/18, à 63 millions d’euros, en hausse de 37 millions d’euros. La rémunération finale des betteraves 2017 ressort en conséquence à 28,4 euros par tonne, soit 14% de plus que le prix minimal de 25 euros convenu avant la fin des quotas.
Le cash-flow opérationnel, à près de 500 millions d’euros, est en hausse de plus de 100 millions d’euros par rapport à l’exercice précédent. La dette nette est en réduction de 75 millions d’euros (à 2 350 millions d’euros) et le ratio dette nette/EBITDA est stable à 4,0x.

S’adapter aux nouveaux enjeux nutritionnels

Au cours de l’exercice, Tereos a poursuivi la mise en œuvre de sa stratégie visant à réduire son exposition à la cyclicité de ses marchés, à renforcer sa compétitivité et à tirer parti des mutations profondes en cours dans ses marchés : émergence de nouvelles zones de consommation et décroissance sur certains marchés matures, nouvelles attentes nutritionnelles des consommateurs, montée des attentes sociétales.
Pour Alexis Duval, Président du Directoire de Tereos : «Pour garder un temps d’avance et faire la différence dans un contexte concurrentiel accru, nous devons poursuivre la mise en œuvre du projet de transformation de l’entreprise pour relever trois défis majeurs. Tout d’abord celui de la compétitivité dans un marché devenu mondial, défi que nous entendons relever avec notre programme Ambitions 2022. Nous devons également continuer à chercher à limiter l’impact de la volatilité des prix inhérente à nos activités en poursuivant notre diversification, notre internationalisation et en développant la valeur ajoutée de nos produits et services. Enfin, nous devons continuer à nous adapter aux nouveaux enjeux nutritionnels en développant notre offre de produits et nos capacités de formulation pour proposer à nos clients des solutions innovantes répondant aux nouvelles attentes des consommateurs».

ParLa rédaction

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